Depuis des mois, des jeunes Anglaises qui sortent faire la fête sont filmées à leur insu puis jetées en pâture sur TikTok et sur YouTube. Un phénomène tel que la police de Manchester s’est emparée du problème.
On les voit rire, marcher dans la rue en tenue de soirée, aller en club entre copines, être assises sur un trottoir, tomber ou simplement attendre un taxi. Depuis des mois, sur TikTok, des dizaines de vidéos publiées sous les hashtags #ManchesterNightLife ou #LiverpoolNightLife montrent des jeunes femmes britanniques sorties faire la fête. Des jeunes femmes filmées à leur insu, parfois en état d’ébriété et/ou en situation de vulnérabilité, qui se retrouvent jetées en pâture sur les réseaux sociaux. Car sous ces vidéos, qui cumulent des millions de vues, s’accumulent des centaines de commentaires moqueurs, sexualisants et dégradants. En un mot : misogynes.
“Ces demoiselles sont, disons… bien nourries”, ironise ainsi un internaute. “Il faut les voir sans maquillage, ça peut faire une énorme différence”, commente un autre. “Pourquoi s’habillent-elles comme ça ? Elles doivent avoir froid”, “Une bande de traînées”, “On dirait le quartier rouge”, “Voilà pourquoi elles devraient choisir l’ours”… Des propos comme ceux-ci se comptent par centaines. “Ce qui m’a le plus choquée, c’est quand j’ai parcouru les commentaires. C’est vraiment abject, les gens sont horribles avec ces filles qui veulent juste sortir un soir pour s’amuser avec leurs amies”, témoigne, écœurée, Katie Crowe dans une interview au Gardian. Étudiante en arts de 22 ans, elle a découvert, au lendemain d’un anniversaire qu’elle a fêté dans le centre de Manchester, qu’elle et ses amies avaient été filmées à leur insu. “Nous n’avions pas la moindre idée que quelqu’un nous filmait”, raconte la jeune femme, qui dénonce “une violation” de son image et confie se sentir désormais “moins en sécurité”.
“Beaucoup sont de très jeunes femmes”
Même sentiment chez Meg, 23 ans, qui s’est aussi retrouvée au cœur d’une de ces vidéos volées. À la BBC, elle raconte avoir proposé à deux jeunes inconnues si elle pouvait marcher avec elles, car ces dernières venaient d’être harcelées par un groupe d’hommes dans une rue de Manchester. Après le harcèlement de rue, est venu, quelques heures plus tard, le cyberharcèlement, après qu’une vidéo volée des trois jeunes femmes attendant un taxi pour rentrer chez elles a été postée sur les réseaux sociaux. “Ce n’est pas agréable du tout, pas seulement pour moi, mais aussi pour les autres femmes. Beaucoup d’entre elles sont de très, très jeunes filles, peut-être même des mineures qui ne savent pas qu’elles sont filmées”, déplore-t-elle, d’autant que certaines vidéos montrent des femmes “tomber” et “laisser apparaître leurs sous-vêtements”.
Face à l’ampleur du phénomène, la police du Grand Manchester a assuré “travailler activement pour retrouver les auteurs de ces vidéos”, rapporte la BBC. À Manchester, l’inspecteur en chef Stephen Wiggins appelle “toute personne ayant été filmée” à se manifester auprès de la police, afin que celle-ci puisse intervenir sur le lieu de l’incident et interpeller les auteurs des faits. Quant à TikTok et YouTube, ils ont annoncé avoir supprimé nombre de vidéos et de comptes publiant ces vidéos volées.“La misogynie est interdite sur TikTok. Tout contenu qui enfreint ces directives sera supprimé”, a prévenu un porte-parole de TikTok. En attendant, nombreuses sont celles à être encore à portée de clic.