Le maire de Béziers, Robert Ménard, a indiqué, mardi, avoir instauré un couvre-feu pour les moins de 13 ans, une mesure déjà prise par le gouvernement dans une ville des Antilles françaises pour lutter contre la délinquance des mineur·es.
Robert Ménard, maire de Béziers et ex-proche de Marine Le Pen, a signé un arrêté stipulant que “tout mineur âgé de moins de 13 ans ne pourra, sans être accompagné d’une personne majeure, circuler de 23 heures à 6 heures sur la voie publique” dans trois “quartiers prioritaires”, à savoir le centre historique et deux quartiers pauvres. “En cas d’urgence ou de danger immédiat pour lui ou pour autrui”, ces jeunes pourront être “reconduits à [leur] domicile ou au commissariat” par la police municipale ou nationale, prévoit l’arrêté du maire.
Ce dernier justifie sa décision par le “nombre croissant de jeunes mineurs livrés à eux-mêmes en pleine nuit”, ainsi que par une aggravation du nombre des “violences urbaines”. Interrogé par l’AFP, Robert Ménard n’a pas cité de chiffres précis, mais affirme que la délinquance des moins de 13 ans constitue un “angle mort” des statistiques faute de suites judiciaires. Syndicats et associations de gauche ont prévu de manifester dans la journée “contre les idées d’extrême droite” dans cette ville.
Selon l’étude “Insécurité et délinquance en 2023 : une première photographie”, publiée début 2024 par le ministère de l’Intérieur, les moins de 13 ans ont représenté 2 % des mis·es en cause dans les atteintes aux personnes (contre 36 % pour les 30 à 44 ans) et 1 % des mis·es en cause pour vols violents (contre 44 % pour les 18 à 29 ans). En 2018, le Conseil d’État avait annulé un arrêté similaire pris en 2014 par Robert Ménard pointant l’absence “d’éléments précis de nature à étayer l’existence de risques particuliers relatifs aux mineurs de moins de 13 ans”.
“Sursaut d’autorité”
Un couvre-feu concernant les mineur·es de moins de 18 ans vient par ailleurs d’entrer en vigueur lundi soir à Pointe-à-Pitre, à la Guadeloupe. La mesure, qui vise à contrer une délinquance juvénile en hausse, a été prise cette fois sur décision du ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Le maire écologiste de Pointe-à-Pitre, Harry Durimel, qui avait qualifié sa ville de “coupe-gorge” fin mars, a salué la mesure. Selon lui, le taux de mineur·es dans la commission des délits est passé de 12 à 38 %, dans un département ultramarin en proie à une forte criminalité, selon la préfecture.
Un “sursaut d’autorité” envers les mineur·es a été érigé en priorité par le Premier ministre Gabriel Attal, la semaine dernière, à l’occasion de ses cent premiers jours à la tête du gouvernement. Après plusieurs affaires d’agressions violentes mettant en cause des jeunes et ayant eu un fort retentissement dans l’opinion, Gabriel Attal a dénoncé “l’addiction à la violence” d’une partie de la jeunesse. “Il y a deux fois plus d’adolescents impliqués pour coups et blessures, quatre fois plus pour trafic de drogue et sept fois plus dans les vols avec armes que dans la population générale”, a énuméré le Premier ministre, en annonçant des mesures concernant en particulier l’école.