
ÉDITO
« Oui c’est vrai je lui ai tiré dans le dos, eh oui, j’ai fait ça. J’ai pété les plombs et voilà. Je m’étais un peu reposée et lorsque je me suis relevée j’ai pris mon fusil, j’ai mis les cartouches, j’ai tiré et j’ai appelé le 18. Je ne vois pas ce qu’il y a à dire de plus. » (extrait du rapport psychiatrique de Jacqueline Sauvage, coupable du meurtre de son mari en 2012).
Il y a eu pourtant beaucoup à dire, autour de ce crime. Comme il y a eu souvent beaucoup à dire à propos de la criminalité féminine, qui fascine autant qu’elle fait horreur.
Malheureusement, les discours, constats et analyses qu’elle a inspirés ont été le plus souvent les reflets d’un aveuglement de la société envers cette « monstruosité ». Les femmes qui tuent sont forcément sous influence, d’un homme ou d’un désordre psychiatrique. Ou de l’éternel féminin, qui, comme on sait, en fait malgré elles des créatures jalouses, avides et perverses. Paradoxal, puisque ce même éternel féminin les pousse, dit-on, à donner la vie et non la mort, à soigner et non à faire souffrir. Mais la société patriarcale n’est pas à une contradiction près.
Depuis peu, grâce au rayonnement de la pensée féministe, ces stéréotypes commencent à être remis en question et on considère avec davantage de recul la violence des femmes. Non pour la valoriser, mais bien pour la comprendre.
La réalité pourrait être que cette violence n’a pas de spécificité à proprement parler, seul le néonaticide semblant être un crime uniquement féminin.
Les femmes sont comme les hommes : elles tuent pour se défendre, se venger, par convictions politiques, parfois par intérêt, rarement par plaisir (mais ça existe) et parfois sous l’emprise d’une maladie mentale. Reste encore à élucider les causes de ces violences. Et c’est là, sans doute, que des spécificités liées au genre, et à la condition des femmes, apparaissent…
Causette
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