En refusant de reconnaître le caractère terroriste du Hamas et de l’attaque du 7 octobre, le leader de la France Insoumise risque-t-il de faire imploser son parti et la Nupes ? On fait le point avec Denis Sieffert, ancien directeur de la rédaction de Politis, auteur de Gauche : les questions qui fâchent et d’Israël-Palestine, une passion française.
Causette : Comment analysez-vous le fait qu’une partie de La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon en tête, persiste à refuser de qualifier officiellement le Hamas d’“organisation terroriste” ? Pourquoi camper sur cette position qui, d’une part, isole LFI et, d’autre part, nourrit les divisions au sein même des Insoumis ?
Denis Sieffert : Il y a un premier élément, un peu irrationnel, qui est la tendance de Mélenchon à vouloir s’opposer. C’est celui qui dit non qui est clivant. Il en a fait une stratégie politique générale. Et quand tout le monde dit qu’il y a un acte terroriste, il dit le contraire. Mais il y a une autre raison, peut-être plus profonde et plus intéressante à analyser. Je crois que Mélenchon et ses proches amis ont craint, en acceptant de caractériser le Hamas et son action du 7 octobre comme terroristes, de jeter le discrédit sur la cause palestinienne. Je pense qu’il y a eu un amalgame – ce qui est très paradoxal – entre les deux. Moi, je n’ai aucune crainte à dire que c’est un acte terroriste et que c’est un mouvement qui pratique le terrorisme. Mais ça ne m’empêche pas de dire, aussitôt après, que ce qui se passe à[…]