Causette s'associe au site The Conversation, qui regroupe des articles de chercheur·euses de différentes universités et permet à des médias de republier les textes. Nous vous proposons aujourd'hui celui de l'historien Éric Sergent qui s'est intéressé à la place des cimetières dans notre société.
Eric Sergent, doctorant en histoire de l'art des XIXe-XXe siècles à l'Université Lumière Lyon 2
S’il est évidemment le lieu où l’on inhume les morts, le cimetière est aussi un espace fort ambigu, que chacun investit de significations diverses, sans parvenir toujours à les formuler clairement. En témoignent les mots d’Edmond Texier qui, dans son Tableau de Paris, décrit l’impression qui étreint le visiteur pénétrant dans un grand cimetière urbain, le cimetière du Père-Lachaise en l’occurrence :
« Quand on a franchi ses portes funèbres, où sont inscrites des paroles d’espérance, la disposition de tristesse, de dévotion et de recueillement sévère que l’on apportait cède à une impression première plutôt agréable qu’attristante. »
Lieu de tristesse et de douleur, mais également d’édification et d’apprentissage, parc de promenade en ville et musée d’art à ciel ouvert, il n’est pas aisé de définir ce qu’est vraiment un cimetière, au XIXe siècle comme de nos jours.
Une ville dans la ville

Les cimetières, tels qu’ils existent aujourd’hui, sont de création récente. Un décret impérial du 23 prairial an XII (12 juin 1804) fixe de nouvelles règles d’inhumation qui s’appliquent toujours, et créent les cimetières contemporains. Ce texte, complété par[…]