Le 11 avril 2019, après plus de quatre mois de manifestations violemment réprimées, le régime du dictateur soudanais Omar el-Béchir tombe sous la pression du peuple. Au milieu de la violence émerge la silhouette d'une jeune femme que la menace des balles ne saura faire taire : Alaa Salah. Dans Le chant de la révolte, co-écrit avec le journaliste Martin Roux, elle raconte cet épisode décisif dans l'histoire de son pays. Rencontre avec celle qui, à tout juste 25 ans, est devenue le symbole de la révolution soudanaise.
Depuis la chute du régime d’Omar el-Béchir le 11 avril 2019, comment se passe la transition ?
A. S. : Cette période transitoire ne répond pas forcément à nos aspirations, mais cela reste une transition. Nous savons qu’il reste beaucoup d’obstacles, des défis économiques, sociaux et en matière de santé également. Notre pays a vécu dans la corruption pendant trente ans, nous en voyons toujours aujourd'hui les résultats. Les choses ne peuvent pas changer du jour au lendemain. Notre façon de revendiquer nos droits a changé, et la façon dont elle est reçue aussi. Pendant la révolution, nous utilisions les manifestations, les cortèges, les sit-in qui étaient sévèrement réprimés. Aujourd’hui, avec ce gouvernement de transition, il y a toujours des sit-in, mais ils ne sont plus réprimés.
Quel est votre état d’esprit aujourd’hui ?
A. S. : Au début, nous avions beaucoup d’espoir, beaucoup d’optimisme, c’est ce qui nous a permis de mener cette révolution. Mais il y a eu des moments très difficiles. Le premier jour du grand sit-in à al Qiayadah, [à Khartoum le 6 avril 2019,[…]