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© Metropolitan Film Export

Cannes 2024 : Demi Moore à contre-​emploi dans un film d'horreur féministe

À la réa­li­sa­tion d'un pre­mier film d'horreur sur le viol (Revenge, en 2018), Coralie Fargeat porte cette fois, avec The Substance, son regard sur le corps des femmes et offre à Demi Moore un rôle gla­çant, à la hau­teur de son talent.

Actrice emblé­ma­tique des années 1990, Demi Moore (Ghost, Striptease, À armes égales) revient à l'affiche d'un long-​métrage à Cannes : The Substance, film d'horreur fémi­niste de la Française Coralie Fargeat, pré­sen­té en com­pé­ti­tion dimanche soir.

Cette fameuse "sub­stance" per­met à celui ou à celle qui se l'injecte de pro­duire une "meilleure ver­sion de soi-​même, plus jeune, plus belle, plus par­faite". Pour Elisabeth Sparkle, gloire du fit­ness à la télé­vi­sion qui se voit sèche­ment mise à la porte le jour de ses 50 ans (incar­née par Demi Moore, épa­tante au fur et à mesure qu'elle vieillit arti­fi­ciel­le­ment), la ten­ta­tion est grande. Ainsi "naît" son ava­tar Sue, qui va mar­cher dans ses pas face à un pro­duc­teur gros­sier incar­nant le patriar­cat (Dennis Quaid). Seule condi­tion, toutes deux doivent par­ta­ger leur temps de manière éga­li­taire dans le monde exté­rieur (une semaine cha­cune). Sauf que Sue (Margaret Qualley, aus­si convain­cante angé­lique que démo­niaque) en veut tou­jours plus…

À la réa­li­sa­tion d'un pre­mier film d'horreur sur le viol (Revenge, en 2018), Coralie Fargeat porte cette fois son regard sur le corps des femmes, "pro­blé­ma­tique plus jeune, quand il n'est pas par­fait ou trop gros, puis quand il vieillit". "C'est quelque chose qui a un impact mas­sif dans la vie des femmes et qui condi­tionne énor­mé­ment de choses dans la socié­té. Notre corps nous défi­nit, génère des inéga­li­tés et de la vio­lence, de notre propre part aus­si. On est ame­née de manière qua­si obli­ga­toire à le détes­ter d'une manière ou d'une autre et on peut deve­nir notre pre­mier ins­tru­ment de tor­ture", déve­loppe la réa­li­sa­trice de 48 ans. Celle-​ci illustre son pro­pos "de manière hyper­bo­lique" à grands coups d'aiguilles et de sang, "sym­boles de la vio­lence de ce qu'on doit endu­rer en tant que femme".

"Pas peur"

L'image soi­gnée, les explo­sions gore, tan­tôt écœu­rantes tan­tôt comiques, et les deux actrices portent The Substance, 2 h 20 tout de même. "Elles ont été assez incroyables, elles ont pris vache­ment de risques", estime la réa­li­sa­trice. "On sent que le film est incar­né, il y a quelque chose qui s'est pas­sé entre elles, qui a mar­ché dans ce duo." Quant à Demi Moore, "ce que je trouve génial, c'est qu'elle n'a pas eu peur, ni de se dévoi­ler ni du ridi­cule. C'était un saut dans l'inconnu, un tour­nage intense pour tout le monde, et elle y est allée, elle n'a rien lâché".

Lire aus­si l Cannes 2024 – Laetitia Dosch : "Mon film exprime ma pro­fonde inquié­tude sur notre rap­port à l'exploitation d'autres espèces, comme des femmes"

Pourquoi, pour une réa­li­sa­trice fran­çaise, fon­der son intrigue aux États-​Unis et tour­ner en anglais, avec des stars amé­ri­caines ? Car le pays a, plus que la France, "cette culture du film de genre, de l'excès, du non-​réalisme" avec lequel Coralie Fargeat a "gran­di".

Le film de genre est celui qui lui "a don­né envie de faire du ciné­ma", lui offrant d'abord "une échap­pa­toire à la vie quo­ti­dienne", puis lui per­met­tant, en tant que réa­li­sa­trice, de "créer [ses] propres codes" et de déve­lop­per la dimen­sion arti­sa­nale qu'elle appré­cie. Ça tombe bien, dans le sillage du mou­ve­ment #MeToo, Cannes ne s'est pas mon­tré insen­sible aux films de genre abor­dant la fémi­ni­té, à l'image du Titane, de Julia Ducournau, Palme d'or en 2021.

Coralie Fargeat imagine-​t-​elle le même des­tin ? "C'est évi­dem­ment quelque chose auquel on rêve, la plus belle des récom­penses. C'est aus­si un des pro­pos du film : on cherche à être aimé", répond-​elle. "Après, on sait que ce n'est pas entre nos mains. Déjà d'être ici, c'était une nou­velle tel­le­ment magni­fique. Mais évi­dem­ment que je serais la plus heu­reuse si le film était remarqué."

Lire aus­si l Cannes 2024 : Avec sa comé­die musi­cale fémi­niste et queer, Jacques Audiard bluffe la Croisette

Capture decran 2024 05 20 a 10.29.46 AM

The Substance, © Metropolitan Film Export

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