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Panayotis Pascot (©Stock/Alice Moitié)

Dans "La pro­chaine fois que tu mor­dras la pous­sière", Panayotis Pascot livre un témoi­gnage puis­sant sur son homo­sexua­li­té, sa dépres­sion et sa rela­tion avec son père

La mort annon­cée de son père, avec qui Panayotis Pascot, der­nier d'une fra­trie de six enfants, entre­tient une rela­tion ambi­va­lente, consti­tue le point de départ de ce récit puis­sant, tou­chant et plus que cathar­tique. Au-​delà de son coming-​out, l'humoriste ajoute sa pierre à la réflexion col­lec­tive que l'on devrait toutes et tous avoir sur cette mas­cu­li­ni­té dan­ge­reuse et toxique qui gan­grène notre société.

À 17 ans, Panayotis Pascot, gueule d'ange et verve d'ado irré­sis­tible, crève l'écran du feu Petit Journal, émis­sion culte de l'ancien Canal+. Devant des inconnu·es et des célé­bri­tés, à la Fashion Week comme dans la rue, il se lance dans des inter­views étranges, déca­lées mais ter­ri­ble­ment drôles. À 21 ans, on le retrouve jeune homme, che­veux longs et barbe nais­sante, sur scène, pour pré­sen­ter son pre­mier seul en scène Presque. L'humour est tou­jours pré­sent, mais laisse aus­si place à une matu­ri­té éton­nante et à une mise à nu rare, sur­tout pour un gar­çon ayant gran­di sous le feu des pro­jec­teurs. À 25 ans, « Pana » conti­nue de se dévoi­ler, dans un pre­mier livre puis­sant, La pro­chaine fois que tu mor­dras la pous­sière, publié ce mer­cre­di aux édi­tions Stock.

À lire aus­si I « Presque », de Panayotis Pascot, une des meilleures sur­prises de la rentrée

La mort annon­cée de son père, avec qui Panayotis, der­nier d'une fra­trie de six enfants, entre­tient une rela­tion ambi­va­lente, consti­tue le point de départ de ce récit plus que cathar­tique. L'humoriste n'omet aucun détail de sa vie, qu'il passe lit­té­ra­le­ment au crible : la décou­verte de sonhomo­sexua­li­té, sa dif­fi­cul­té à l'admettre, ayant essayé trop long­temps de se convaincre de son hété­ro­sexua­li­té, son inca­pa­ci­té à res­sen­tir des choses, sa ten­ta­tive de sui­cide, sa dépres­sion… Tout est expo­sé, dis­sé­qué, ana­ly­sé, avec, tou­jours, cette figure pater­nelle à qui il s'adresse tout au long du texte. Comme dans ce pas­sage fort, au début du livre, qui met en lumière son écri­ture à la fois légère et inci­sive : « Je veux que tu me dises par­don. Je le sens, je le sais que ça ferait du bien, je le sais aus­si que ce ne serait pas néces­saire, tu n'as jamais fait quelque chose en par­ti­cu­lier qui demande le par­don, c'est ça qui est frus­trant dans cette his­toire sor­dide, tu n'as jamais fait quelque chose qui néces­site un par­don. Mais j'en veux un quand même, c'est une ques­tion de prin­cipe, tu nous as colo­ni­sés, tu es en nous, tu es en moi tout le temps, tu me ronges et ça me fait chier. »

La pro­chaine fois que tu mor­dras la pous­sière aurait pu être un énième ego trip d'une célé­bri­té en manque d'attention, légè­re­ment « per­vers nar­cis­sique » sur les bords, comme Panayotis se décrit un jour devant une psy. Il n'en est rien. « Pana » est capable de faire rire, pleu­rer et réflé­chir le temps d'un para­graphe. Mention spé­ciale à son doux voyage à Montréal, où le comé­dien s'épanche sur sa deuxième rela­tion avec un homme, sur le magni­fique Ivy de Frank Ocean. Un moment per­son­nel qu'il arrive à rendre uni­ver­sel. De nom­breux hommes gays, encore oppres­sés par le poids de notre socié­té hétéro-​patriarcale, se recon­naî­tront sans aucun doute entre les lignes franches et sin­cères de ce pre­mier essai. Dans la lignée d'un Xavier Dolan ou d'un Édouard Louis avant lui, Panayotis Pascot ajoute sa pierre à la réflexion col­lec­tive que l'on devrait toutes et tous avoir sur cette mas­cu­li­ni­té dan­ge­reuse et toxique qui nous gangrène. 

La pro­chaine fois que tu mor­dras la pous­sière, de Panayotis Pascot, Éditions Stock, 240 pages, 19,50 euros.

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