Complément d’enquête et France Télévisions veulent éteindre les doutes : le passage de l’émission dans lequel Gérard Depardieu semble tenir des propos à caractère sexuel au sujet d’une petite fille a été authentifié par un huissier de justice.
Face aux accusations de manipulation des images diffusées lors du Complément d’enquête sur Gérard Depardieu, France Télévisions a tenu à réaffirmer l’authenticité des passages de l’émission les plus décriés. “Il n’y a aucun doute et aucune ambiguïté sur le fait que c’est bien la jeune fille à l’image qui est ciblée par les propos de Gérard Depardieu”, a assuré dans un communiqué le groupe de télévision public à propos d’une séquence où l’acteur semble faire des allusions sexuelles au sujet d’une fillette.
Mandaté jeudi pour “authentifier et certifier les images et les propos concernés”, un “huissier a pu visionner les rushs”, a indiqué France Télévisions. Ce professionnel “atteste dans son constat qu’il s’agit d’une seule et même séquence montrant Gérard Depardieu regardant une démonstration équestre”. Il atteste également “qu’au cours de la séquence, il a pu constater les propos tenus par Gérard Depardieu”. L’huissier aurait ainsi constaté “qu’à l’exception de la jeune fille, seuls des cavaliers d’apparence masculine entrent en premier plan des caméras”. Ces dispositions prises par France Télévisions surviennent alors que le président Emmanuel Macron a laissé entendre, mercredi, que la séquence aurait pu être modifiée au montage. Interrogé dans l’émission C à vous à propos de l’indignation actuelle autour de Depardieu, Emmanuel Macron a notamment commenté : “Il y parfois des emballements sur des propos tenus, je me méfie du contexte […] J’ai vu les images, j’ai entendu aussi qu’il y avait des polémiques sur les mots qui étaient en décalage avec les images.”
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Les propos du chef de l’État ont révolté une partie de la population, notamment les mouvements féministes, et se sont fait l’écho d’accusations d’ores et déjà proférées par la famille de Gérard Depardieu dans une tribune publiée par le JDD le 17 décembre. Les proches de l’acteur y avaient dénoncé des “plans de coupe […] nécessairement suspects puisqu’on peut les monter comme on le veut”. Dans un autre article mis en ligne jeudi, le JDD revenait à nouveau sur cette affaire, estimant que les images avaient pu être “manipulées”. Ce point de vue a été défendu par le directeur du journal, Geoffroy Lejeune, sur la chaîne de télévision CNews. Ces deux médias sont par ailleurs sous le contrôle de Vivendi, groupe du milliardaire Vincent Bolloré, aux opinions réputées ultra conservatrices.
“Habituellement, nous ne montrons nos rushs à personne, pas même à la justice, car cela relève du secret des sources”, a déclaré le présentateur de Complément d’enquête, Tristan Waleckx, à France Info. “Mais dans ce contexte d’avalanche de fake news […], nous avons décidé de les montrer exceptionnellement à un huissier de justice pour attester de la rigueur de notre travail”, a‑t-il expliqué. Les images en question ont été tournées par l’écrivain Yann Moix lors d’un voyage de Gérard Depardieu en Corée du Nord en 2018 et diffusées dans Complément d’enquête le 7 décembre sur France 2. L’auteur – qui s’est fait remarquer par le passé pour ses propos misogynes – affirme de son côté que les images de Depardieu en Corée du Nord ont été diffusées sans son consentement et s’est dit “sûr à 99 % que Gérard a tenu ces propos sur une cavalière qui n’était pas la petite fille”, jeudi dans Le Figaro.