Emmanuel Macron a affirmé hier soir sur France 5, dans C à vous, que la Légion d’honneur est un Ordre qui n’est “pas là pour faire la morale”, tout en dénonçant “une chasse à l’homme” contre Gérard Depardieu, visé par deux plaintes en France pour viol et agression sexuelle.
Emmanuel Macron a défendu, mercredi, Gérard Depardieu, en dénonçant une “chasse à l’homme”, deux semaines après la diffusion du Complément d’enquête sur l’acteur dont il s’est dit par ailleurs “un grand admirateur”.
Sur le plateau de C à vous, Emmanuel Macron a contredit la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, qui avait annoncé vendredi dernier qu’une “procédure disciplinaire” serait engagée par la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur à l’encontre de l’acteur, visé par deux plaintes en France pour viol et agression sexuelle, et mis en examen dans l’un des deux cas. L’acteur réfute ces accusations.
“Il y a une chose dans laquelle vous ne me verrez jamais, ce sont les chasses à l’homme. Je déteste ça”, a répondu le chef de l’État sur la chaîne de télévision France 5. Le président de la République s’est dit “grand admirateur de Gérard Depardieu […], un immense acteur”. “Il a fait connaître la France, nos grands auteurs, nos grands personnages dans le monde entier […] il rend fière la France”, a poursuivi Emmanuel Macron.
Dans la même émission, Rima Abdul Malak avait estimé, vendredi, que les propos de l’acteur rapportés dans Complément d’enquête faisaient “honte à la France”. Dans ces images, diffusées sur France 2 début décembre, le géant du cinéma français, connu pour avoir interprété le commissaire Maigret comme Cyrano, multiplie les propos misogynes et insultants en s’adressant à des femmes, n’épargnant pas une fillette avec ses propos obscènes.
Emmanuel Macron a jugé, mercredi, que Rima Abdul Malak s’était “avancée” en
parlant d’une procédure qui pourrait ôter la Légion d’honneur à l’acteur, remise en 1996 par Jacques Chirac. “Il y a parfois des emballements sur des propos tenus. Je me méfie du contexte”, a‑t-il insisté. “J’ai compris qu’il y avait des polémiques sur des [passages] du reportage”, a‑t-il précisé, reprenant les arguments de membres de la famille Depardieu dans une récente tribune du Journal du dimanche. Ces dernier·ères, dont l’actrice Julie Depardieu, ont dénoncé une “cabale” et évoquent “une mise en scène” et des plans de coupe “suspects” dans le reportage.
"Présomption d'innocence"
Sur un possible retrait de la Légion d’honneur, le président a déclaré que “c’est un Ordre dont [il est] en effet le grand maître, qui n’est pas là pour faire la morale”. “Et donc ce n’est pas sur la base d’un reportage ou de telle ou telle chose qu’on enlève la Légion d’honneur à un artiste parce qu’à ce tarif-là, on aurait enlevé la Légion d’honneur à beaucoup d’artistes”, a encore souligné le chef de l’État.
Et de conclure : “Vous pouvez accuser quelqu’un, il y a peut-être des victimes, mais il y a aussi une présomption d’innocence qui existe”, craignant sinon de basculer dans “l’ère du soupçon”. Olivier Faure, le patron du Parti socialiste, a immédiatement critiqué ces propos sur ses réseaux sociaux : “Les violences faites aux femmes grande cause du quinquennat… Ce président ne croit à rien de ce qu’il annonce, quels que soient les sujets.”
“Promoteur en chef de la culture du viol”
“Les mots d’Emmanuel Macron au sujet de Depardieu sont encore une fois une insulte au mouvement de libération de la parole des victimes de violences sexuelles”, a également taclé sur ses réseaux la députée écologiste Sandrine Rousseau. Sophie Bussière, porte-parole des Écologistes, a dépeint sur ses réseaux un président de la République “promoteur en chef de la culture du viol”.
Pour Raphaëlle Rémy-Leleu, conseillère de Paris et militante féministe, il faut “accepter d’affronter cette figure qu’a été Gérard Depardieu, sinon on est en train de dire à toutes les femmes et toutes les filles de ce pays que toutes les insultes, les injures, tout le mépris, toutes les agressions sexistes et sexuelles qu’elles subissent, ça ne vaudra jamais le prétendu talent, la prédentue renommée d’un homme”.