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Rassemblement organisé par le collectif Nous Toutes. Place du Châtelet, Paris, le 21 juin 2022. A.T.

Affaire Abad : le ministre des Solidarités visé par une enquête pour ten­ta­tive de viol

La plai­gnante accuse le ministre d’avoir ten­té de la vio­ler lors d’une fête orga­ni­sée chez lui à Paris en 2010. 

Une enquête pré­li­mi­naire pour ten­ta­tive de viol a été ouverte, mar­di 28 juin, après la plainte dépo­sée lun­di contre le ministre des Solidarités, Damien Abad, a annon­cé hier le par­quet de Paris, sol­li­ci­té par l’AFP. La plai­gnante – une élue cen­triste qui avait témoi­gné sous le pré­nom d’emprunt de Laëtitia dans Mediapart mi-​juin – accuse le ministre d’avoir ten­té de la vio­ler lors d’une fête orga­ni­sée chez lui à Paris, début 2010. 

« Aujourd’hui, je ne peux plus me taire. Si je parle, c’est pour que ça s’arrête, qu’il ne puisse pas recom­men­cer », avait décla­ré Laëtitia à Mediapart en juin. « C’est un très bon signal pour les vic­times. Ma cliente a foi en la jus­tice », a décla­ré, mer­cre­di, l’avocate de la plai­gnante, Me Raphaële Bialkiewicz, au sujet de l’ouverture de l’enquête dont les inves­ti­ga­tions ont été confiées à la bri­gade de répres­sion de la délin­quance contre la per­sonne (BRDP). 

Lire aus­si I Affaire Abad : une plainte dépo­sée pour ten­ta­tive de viol par l'élue cen­triste qui l'avait accu­sé dans Mediapart

« L’ouverture d’une enquête pré­li­mi­naire est une non-​information puisque cha­cun sait que toute plainte enre­gis­trée, fût-​elle infon­dée, pres­crite et fer­me­ment contes­tée, est sys­té­ma­ti­que­ment sui­vie de l’ouverture d’une enquête pré­li­mi­naire », ont réagi, de leur côté, les deux avocat·es de Damien Abad, Benoît Chabert et Jacqueline Laffont. « Damien Abad prend donc acte de cette suite logique et pour­ra rapi­de­ment démon­trer son inno­cence », ont-​il et elle ajou­té. Lundi, le ministre avait à nou­veau contes­té les accu­sa­tions de ten­ta­tive de viol et annon­cé dépo­ser à son tour une plainte pour dénon­cia­tion calom­nieuse à l’encontre de Laëtitia.

Tentative de viol 

Les faits remon­te­raient au pre­mier semestre de l’année 2010. À l’époque, Laëtitia était pré­si­dente, dans son dépar­te­ment, du mou­ve­ment de jeu­nesse du Nouveau Centre, dont Damien Abad, dépu­té euro­péen, était le pré­sident natio­nal. Ce soir-​là, Damien Abad orga­nise donc une fête chez lui, à Paris, au cours de laquelle il « offre un verre » à la femme. Verre au fond duquel elle voit « quelque chose », précise-​t-​elle dans l’enquête jour­na­lis­tique. Méfiante, elle recrache immé­dia­te­ment sa gor­gée dans les toilettes. 

C’est alors que, selon son récit, Damien Abad l’aurait atten­du der­rière la porte, l’aurait « pous­sée dans une pièce en face », puis aurait ten­té de la contraindre à une fel­la­tion. « J’avais peur, j’étais sidé­rée. Je me suis débat­tue, je l’ai frap­pé dans le ventre », raconte-​t-​elle auprès du média d’investigation, pré­ci­sant avoir fina­le­ment pu « se défaire » de son agres­seur pré­su­mé et sor­tir de la pièce grâce à l’irruption d’un convive. Les faits rap­por­tés par Laëtitia ont par la suite été « étayés par les témoi­gnages de huit per­sonnes, à qui elle s’est confiée ou qui ont pu être témoins de cer­tains élé­ments de son récit », et que Mediapart affirme avoir contactées.

Lire aus­si I Damien Abad accu­sé de ten­ta­tive de viol par une élue centriste

Deux autres femmes accusent, elles aus­si, Damien Abad de vio­lences sexuelles. Leurs témoi­gnages ont été publiés par Mediapart fin mai. Une publi­ca­tion faite au len­de­main de la nomi­na­tion d’Abad au poste de ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes han­di­ca­pées, en dépit du signa­le­ment de ces témoi­gnages, adres­sé à LREM et LR, par l’Observatoire des vio­lences sexistes et sexuelles en politique. 

La pre­mière, « Margaux » (pré­nom d’emprunt), affirme avoir été vio­lée par Damien Abad en 2011. Elle a dépo­sé plainte à deux reprises. Plaintes qui ont été clas­sées sans suite en 2012, puis en 2017, d’abord pour « carence de la plai­gnante », puis « faute d’infraction suf­fi­sam­ment carac­té­ri­sée ».

Pour la deuxième, « Chloé » (pré­nom d’emprunt éga­le­ment), qui a dénon­cé des faits qui se seraient dérou­lés lors d’une soi­rée à l’automne 2010, le par­quet de Paris a annon­cé fin mai qu’il n’ouvrait pas d’enquête « en l’état », faute « d'éléments per­met­tant d’identifier la vic­time des faits dénon­cés ». Son témoi­gnage avait en effet été trans­mis à la jus­tice sous une forme anonymisée.

Lire aus­si : I Accusations de viol contre Damien Abad : le par­quet de Paris n'ouvre pas d'enquête préliminaire

L’ouverture de cette enquête pré­li­mi­naire relance une fois de plus la polé­mique quant au main­tien de Damien Abad au sein du gou­ver­ne­ment d’Elisabeth Borne. Les appels à la démis­sion du ministre se sont en effet mul­ti­pliés dans les rangs de l’opposition et des asso­cia­tions fémi­nistes depuis ces révélations. 

À quelques jours du deuxième tour des légis­la­tives, la Première ministre bot­tait ain­si en touche lorsqu’une jeune femme l’interrogeait sur la pré­sence de D. Abad au sein de son gou­ver­ne­ment : « En tant que Première ministre, je le dis aus­si en tant que femme, je les invite à dépo­ser plainte parce que c’est impor­tant que la jus­tice puisse dire les faits. » Voilà donc qui est fait. 

Lire aus­si I​À Paris, des fémi­nistes votent pour la démis­sion de Damien Abad et Gérald Darmanin du gouvernement

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