Une élue centriste a dénoncé mardi auprès de Mediapart une tentative de viol de la part du ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées Damien Abad, en 2010. Ce dernier, qui conteste les faits, était déjà au centre de deux accusations de viol.
Trois semaines après la publication de deux premiers témoignages, Mediapart a recueilli la parole d'une troisième femme qui accuse Damien Abad, nouveau ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, de violences sexuelles.
Dans une enquête publiée mardi soir, Laëtitia (le prénom a été changé), une élue centriste, raconte avoir été victime d'une tentative de viol, au premier semestre 2010, lorsqu'elle présidait, dans son département, la fédération des Jeunes Centristes et que Damien Abad en était le président au niveau national. À l'issue d'une réunion à Paris, l'homme politique avait convié un petit groupe de militant·es à une fête chez lui dans le Quartier latin. Elle se souvient de lui comme « surexcité » et « dans un sentiment de toute-puissance ». Il aurait été « collant » à son égard et lui aurait « offert un verre » au fond duquel elle dit avoir vu « quelque chose ». Méfiante, « étant donné son comportement passé », elle indique avoir eu peur qu'il lui ait mis « un truc » pour l'« embêter ». La jeune femme affirme avoir immédiatement recraché sa gorgée aux toilettes.
À lire aussi I Accusations de viols contre Damien Abad : la gauche demande sa suspension
Selon Laëtitia, Damien Abad l'attendait à la sortie des toilettes, l'aurait poussée dans une pièce en face et lui aurait dit des « insanités ». Elle raconte qu'il aurait « poussé [sa] tête » vers son entrejambe, « son sexe n’était pas sorti, mais son pantalon était ouvert. » « Ma tête était coincée sous son bras et contre son torse, je ne pouvais pas me défaire, j’avais peur, j’étais sidérée. Je me suis débattue, je l’ai frappé dans le ventre », assure-t-elle au média d'investigation, ajoutant que le ministre se serait alors mis « à chouiner », lui demandant pourquoi elle ne voulait pas coucher avec lui et si c'était en raison de son handicap. Après avoir pu se défaire de lui, elle dit avoir pu sortir de la pièce grâce à l'irruption d'un convive. Ce dernier a affirmé à Mediapart ne pas douter de son récit.
Deux autres accusations
Damien Abad a dénoncé auprès de l'Agence France-Presse (AFP) le « calendrier soigneusement choisi de ces publications » et la « partialité » de l’enquête de Mediapart, qui a, selon lui, une motivation « politique ». Le ministre brigue un nouveau mandat de député dans l’Ain. « Quant aux allégations rapportées, elles me révoltent et je les réfute catégoriquement », a‑t-il ajouté.
Comme l'a révélé à la fin du mois de mai Mediapart, l'ancien patron des députés LR fait l'objet de deux accusations de viol, datant de fin 2010 et de début 2011, de la part de Chloé (le prénom a été modifié) et de Margaux.
À lire aussi I Accusations de viol contre Damien Abad : le parquet de Paris n'ouvre pas d'enquête préliminaire
Pour la première, le parquet de Paris a décidé « en l'état » de ne pas ouvrir d'enquête préliminaire, faute d'élément permettant d'identifier la victime. La deuxième a entamé une procédure de plainte en 2012, avant de se raviser. Elle a donc été classée sans suite du fait de la carence de la plaignante. Elle a de nouveau porté plainte en 2017. Avant que celle-ci connaisse le même sort pour infraction insuffisamment caractérisée.
En conclusion de ce nouvel article, le média en ligne précise avoir eu la preuve que le ministre a contacté fin mai une des femmes qui l'accusent par messages écrits pour lui demander si elle avait parlé à Mediapart.