La famille de Mahsa Amini s'est vue privée de passeports et empêchée de quitter l'Iran pour venir recevoir le prix Sakharov pour les droits humains, décerné à titre posthume à la jeune femme iranienne décédée en prison l'an passé.
Censé·es se rendre en France pour recevoir le prix Sakharov, les parents et le frère de Mahsa Amini - jeune femme iranienne récompensée cette année à titre posthume – n'ont pu quitter le territoire iranien, a annoncé samedi Me Chirinne Ardakani, leur avocate en France. Ils et elle "ont été interdits de monter à bord du vol qui devait les conduire en France pour la remise du prix Sakharov et de quitter le territoire hier à minuit alors qu'ils étaient munis d'un visa", a‑t-elle indiqué. "Leurs passeports ont été confisqués". La famille est retournée chez elle dans la nuit et son "avocat Me Saleh Nikbakht est arrivé à Paris pour recevoir en leur nom le prix" à Strasbourg mardi prochain, a précisé Me Chirinne Ardakani. Cette dernière voit en cette mesure l'expression de la fébrilité de Téhéran à la veille d'événements symboliques. Cette interdiction intervient alors que la France doit célébrer dimanche à Paris, le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme.
Mahsa Amini, jeune kurde de 22 ans, est décédée l'an dernier après avoir été arrêtée par la police des moeurs iranienne pour un voile mal ajusté. Sa mort a fait naître le mouvement de protestation "Femme, Vie, Liberté", lourdement réprimé par le régime iranien et également récompensé cette année par le prix Sakharov. Le prix Nobel de la paix a été lui aussi décerné dimanche à Oslo à la famille d'une iranienne en incapacité de l'accepter elle-même : Nargès Mohammadi, actuellement détenue à la prison d'Evin à Téhéran. "Alors que le Nobel se tient au même moment, les autorités iraniennes n'ont jamais été aussi mobilisées pour éviter que les familles des victimes prennent la parole auprès de la communauté internationale", a estimé Me Chirinne Ardakani. "On sent que les autorités sont fébriles à l'égard de toute expression de soutien de la communauté internationale", analyse-t-elle encore. Le 23 octobre dernier, une autre jeune femme iranienne, Armita Garawand, est par ailleurs décédée dans des conditions similaires à celles de la mort de Mahsa Amini.