La nomination de la juge de 55 ans est une première dans l’histoire du Pakistan.
C'est une nomination historique. Avec cinq voix favorables sur neuf, Ayesha A. Malik a été nommée le 6 janvier dernier à la Cour suprême, la plus haute commission judiciaire du Pakistan a informé The Guardian. La nomination de la juge de 55 ans, une première dans l’histoire de ce pays profondément patriarcal, pourrait ouvrir la voie à d’autres femmes dans le domaine juridique. « Dans le passé, les femmes ont été empêchées de devenir juges en chef de leurs hautes cours respectives, et le fait que nous n’ayons pas eu une seule femme à la Cour suprême jusqu’à présent illustre qu’il y a effectivement une misogynie profondément ancrée dans la fraternité juridique », a déclaré l’avocate pakistanaise Imaan Mazari-Hazir dans le quotidien britannique.
« Un moment important et décisif pour notre pays »
La décision inédite, soutenue par le président de la Cour suprême, Gulzar Ahmed, a été largement saluée par les défenseurs et défenseurs de la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans le pays. Maleeka Bokhari, la secrétaire parlementaire pour le Droit et la Justice, s’est ainsi félicitée de la nomination d’Ayesha Malik représentant pour elle « un moment important et décisif pour notre pays », avant de saluer « les plafonds de verre qui se brisent ».
Ayesha Malik, qui fait partie de l’Association féministe internationale des femmes juges, a consacré sa carrière à la défense des droits des Pakistanaises. Elle s’était notamment fait connaitre en 2020 en faisant interdire les tests de virginité sur les femmes ayant subi un viol grâce à une décision prise lorsqu'elle était juge à la haute cour de Lahore, qui a fait jurisprudence. Ayesha Malik avait alors déclaré à ce sujet qu'il s'agissait d'« une pratique humiliante, qui est utilisée pour jeter la suspicion sur la victime, au lieu de se concentrer sur l’accusé et le viol ».
La nomination d’Ayesha Malik à la Cour suprême est d’autant plus historique que l’an dernier, la juriste s’était confrontée au refus total de la commission judiciaire. Cette année, un groupe d’avocats et de juges avait menacé de se mettre en grève si Ayesha Malik venait à être nommée à la Cour suprême, arguant qu’elle dérogeait aux règles en matière d’ancienneté – la juge ne faisant pas partie des trois premiers juges seniors de Lahore où elle siège néanmoins depuis dix ans. Malgré cette levée de boucliers, Ayesha Malik siègera donc prochainement à la Cour suprême pakistanaise après la confirmation de sa nomination par un groupe parlementaire.