Depuis lundi en Floride, une loi interdit d'enseigner ou de parler de l'orientation sexuelle et de l'identité de genre en maternelle et à l'école primaire.
« Nous allons faire en sorte que les parents envoient leurs enfants à l'école pour recevoir une éducation, pas un endoctrinement. » C'est avec ces quelques mots que Ron DeSantis, le gouverneur républicain de Floride, aux États-Unis, a justifié sa décision de signer lundi le « Parental Rights in Education », rapporte le New York Times, baptisé « Don't Say Gay » (« Ne dites pas le mot gay », en français) par ses opposant·es.
Cette loi, qui avait été votée localement par la Chambre des représentants et le Sénat quelques semaines auparavant, entend ainsi interdire l'enseignement ou la mention de tout sujet lié aux thématiques LGBT à la maternelle et à l'école primaire. Dans le texte de la loi, il est souligné que l'instruction par un·e professeur·e, ou toute autre personne, sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre ne doit tout simplement « pas avoir lieu » dans les classes. Ces sujets ne doivent également pas être mentionnés « d'une manière qui n'est pas appropriée pour les élèves selon leur âge ou qui n'est pas nécessaire sur le plan de leur développement personnel ». Des termes flous, relève le média américain d'analyse Vox, qui pourraient tout bonnement empêcher un·e enseignant·e gay ou lesbienne de mentionner, même en passant, son ou sa partenaire en classe.
« Je me fiche de ce que les grands médias ont à dire, je me fiche de ce qu'Hollywood a à dire, je me fiche de ce que les entreprises ont à dire. Je me tiens debout, et je ne vais pas reculer », a lancé Ron DeSantis à ses nombreux·ses détracteurs·trices, assurant que cette loi est « populaire, de bon sens » et ne s'applique qu'à l'école.
« Gay, gay, gay »
Cette loi s'est en effet attiré les foudres de nombreuses associations LGBT, du président américain Joe Biden – qui l'a qualifiée de « haineuse » -, mais aussi d'un grand nombre de célébrités, de l'acteur Mark Ruffalo à la comédienne Rosanna Arquette en passant par le chanteur Shawn Mendes. Pendant la cérémonie des Oscars, dimanche soir, les trois présentatrices, Amy Schumer, Regina Hall et Wanda Sykes, ont également chanté les mot « Gay, gay, gay ».
Mais ces dernières semaines, c'est surtout les employé·es de Disney qui se sont illustré·es dans cette lutte, réclamant à leur entreprise de peser. Bob Chapek, le président de la Walt Disney Company, a tardé à afficher son opposition ferme à la loi, alors que le plus grand parc d’attraction de la firme se trouve à Orlando, en Floride, et qu'elle a financé de nombreux membres du Parti républicain local, à l’origine de cette initiative. Le 11 mars dernier, dans un message publié sur les réseaux sociaux, il a présenté ses excuses à son personnel LGBT et indiqué suspendre toutes les donations politiques de l’entreprise. Un message tièdement accueilli, en particulier après que des salarié·es de la société de production Pixar ont révélé à la presse que Disney, à qui elle appartient, censurait presque systématiquement toutes les scènes montrant des moments d’affection entre personnes de même sexe.
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« Exclure toute une communauté »
Lundi, après le passage de la loi, le démocrate ouvertement gay Carlos Guillermo Smith, membre de la Chambre des représentants de Floride, a affirmé dans un communiqué que « Ron DeSantis essaye de censurer et d'exclure toute une communauté de personne des écoles publiques pour son propre intérêt politique », assurant les personnes LGBT de son amour et son soutien.
De son côté, Joe Biden a assuré sur Twitter que « tous les élèves ont le droit de se sentir en sécurité et bienvenus dans une salle de classe ». Avant de conclure : « Notre jeunesse LGBTQI+ mérite d'être acceptée comme elle est. Mon administration continuera de se battre pour la dignité et le futur de chaque élève et de chaque famille, en Floride et dans tout le pays. »