Iran Manif
Le 24 septembre à Paris, une manifestation en soutien aux femmes iraniennes © A.C.

Iran : trois mois après la mort de Mahsa Amini, la contes­ta­tion se pour­suit, la répres­sion aussi

Trois mois après la mort de la jeune Kurde ira­nienne, les mani­fes­ta­tions se pour­suivent aux quatre coins du pays mal­gré une répres­sion de plus en plus forte. Onze per­sonnes se trouvent actuel­le­ment dans le cou­loir de la mort.

Si le sou­lè­ve­ment a démar­ré mi-​septembre suite à l’arrestation de Mahsa Amini pour port du voile non-​conforme, il a depuis dépas­sé la simple reven­di­ca­tion ves­ti­men­taire. C’est aujourd’hui vers une contes­ta­tion glo­bale de la République isla­mique que se dirige le mou­ve­ment. En témoignent les nou­velles mani­fes­ta­tions qui ont écla­té ce ven­dre­di 16 décembre dans le Sud-​Est de l’Iran où des dizaines de per­sonnes sont des­cen­dues dans la rue en scan­dant « Mort au dic­ta­teur », en allu­sion au guide suprême de la République isla­mique, l’ayatollah Ali Khamenei. Une mani­fes­ta­tion à l’image de la révo­lu­tion qui secoue l’Iran depuis trois mois, jour pour jour. 

Le 16 sep­tembre der­nier, la jeune Mahsa Amini, mour­rait en déten­tion, trois jours après avoir été arrê­tée par la police des mœurs. Cette jeune Kurde de 22 ans avait été arrê­tée pour quelques mèches de che­veux qui dépas­saient de son voile et qui consti­tuait une infrac­tion au strict code ves­ti­men­taire impo­sé aux Iraniennes. Selon des militant·es et sa famille, Mahsa Amini aurait suc­com­bé après avoir été bat­tue par des membres de la police, mais les auto­ri­tés ont lié son décès à des pro­blèmes de san­té, démen­tis par ses parents. 

Depuis, un vent de révolte, de révo­lu­tion même, souffle sur l'Iran. Des cen­taines de femmes et d'hommes mul­ti­plient, aux quatre coins du pays, les gestes de défi vis-​à-​vis du régime des mol­lahs, notam­ment en mani­fes­tant dans la rue, en fai­sant grève dans les usines, en brû­lant leur hijab ou en se cou­pant publi­que­ment les che­veux pour les femmes. Et ce, mal­gré une répres­sion du régime de plus en plus forte.

Exécutions

Pourtant, le 3 décembre, les auto­ri­tés ira­niennes avaient annon­cé, sans appor­ter plus de pré­ci­sion, l’abolition de la police des mœurs. Si la décla­ra­tion a d'abord été per­çue comme un recul du régime face aux mani­fes­ta­tions, les spé­cia­listes de l'Iran ont appe­lé à la pru­dence, y voyant plu­tôt une ten­ta­tive de diver­sion de la part du pou­voir à la veille d'un appel à une nou­velle grève natio­nale de trois jours. D’autant que l’information n’a à ce jour pas été cor­ro­bo­rée par d’autres membres du régime et les moda­li­tés de sa sup­pres­sion n’ont tou­jours pas été explicitées.

Au contraire, la répres­sion a fran­chi un nou­veau cap. Le 8 décembre à l’aube, un mani­fes­tant de 23 ans, Mohsen Shekari, a été pen­du dans une pri­son de Téhéran, après un simu­lacre de pro­cès. Accusé d’avoir poi­gnar­dé et bles­sé un para­mi­li­taire, il est le pre­mier condam­né exé­cu­té depuis le début du mou­ve­ment de contes­ta­tion. Quatre jours plus tard, les auto­ri­tés judi­ciaires annon­çaient une deuxième exé­cu­tion. Majid Reza Rahnavard, 23 ans éga­le­ment, est pen­du à l'aube, 23 jours seule­ment après son arres­ta­tion. D'après les médias offi­ciels, il était accu­sé d'avoir tué à l'arme blanche deux membres des forces de sécu­ri­té et d'avoir bles­sé quatre autres personnes.

485 per­sonnes tuées par la police du régime

Dans ce pays, clas­sé par Amnesty International comme l’un des États exé­cu­tant le plus de prisonnier·ières dans le monde, onze per­sonnes se trouvent actuel­le­ment dans le cou­loir de la mort en lien avec les mani­fes­ta­tions, selon un décompte effec­tué par l’ONG. D’après des infor­ma­tions du jour­nal Le Monde, dans les pro­chains jours, les tri­bu­naux révo­lu­tion­naires devraient d'ailleurs juger au moins trente-​sept per­sonnes, dont quatre enfants, pour des accu­sa­tions pou­vant entraî­ner la peine de mort.

La répres­sion des pro­tes­ta­tions en Iran a fait au moins 458 mort·es, selon le der­nier bilan éta­bli par l’ONG Iran Human Rights. Parmi eux·elles, 63 enfants et 29 femmes. Selon la même source, plus de 18 000 per­sonnes ont été arrê­tées, dont des cen­taines d’enfants de moins 18 ans. Le 7 décembre, le maga­zine amé­ri­cain Time a dési­gné les mani­fes­tantes ira­niennes comme « héroïnes de l'année » à sa Une.

Lire aus­si I Un mois de contes­ta­tion en Iran : l’UE sanc­tionne la police des mœurs alors que les arres­ta­tions se poursuivent

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