La journaliste russe était assignée à résidence depuis août, après avoir pris une nouvelle fois position publiquement contre l’offensive russe en Ukraine.
La journaliste russe anti-guerre Marina Ovsyannikova a bien quitté la Russie avec sa fille, a rapporté son avocat Dmitry Zakhvatov, ce lundi 17 octobre. Ce dernier a indiqué à l’AFP qu’elles seraient actuellement en Europe, sans en préciser davantage sur le lieu où elles se trouvent. « Elles vont bien, elles attendent de pouvoir s’exprimer publiquement, mais pour l’instant, ce n’est pas sûr », a assuré l’avocat.
Une déclaration qui confirme les soupçons de fuite depuis qu’un avis de recherche avait été émis par les autorités russes, il y a deux semaines. « Ovsyannikova a quitté la Russie avec sa fille quelques heures après avoir quitté l’appartement où elle était assignée à résidence », a indiqué Me Zakhvatov.
Assignée à résidence depuis août
Elle s’était fait mondialement connaître pour avoir brandi en mars une pancarte contre la guerre en Ukraine en plein journal télévisé sur la puissante chaîne télévisée russe Perviy Kanal. Après cette contestation en direct à la télé, Marina Ovsyannikova avait été simplement condamnée à une amende de 30 000 roubles (243 euros). Une peine jugée légère pour les observateur·rices, au regard des sentences sévères d'ordinairement infligée par les juges russes.
En Ukraine notamment, beaucoup doutent du véritable divorce de Marina Ovsiannikova avec le Kremlin. Certain·es soupçonnent une tromperie et laissent même entendre que ses actes anti-guerre pourraient être téléguidés par Moscou, pour faire croire que la liberté d’expression subsiste encore dans le pays. « Les Ukrainiens pensent que je suis une espionne russe. Les Russes disent que je suis à la solde des Britanniques. C'est absurde », soupirait-elle auprès des Échos en juin dernier.
Ce n’est pas la première fois que la journaliste quitte la Russie. Après avoir écopé d’une amende pour avoir brandi cette pancarte en plein direct, elle avait quitté la Russie pour travailler pour le média allemand Die Welt. Elle était rentrée en juillet pour essayer de conserver la garde de ses deux enfants, dans le cadre d'un litige avec son ex-mari.
Malgré les risques qui pesaient sur elle, Marina Ovsyannikova avait alors continué de condamner la guerre et la censure de Moscou. Mi-juillet, elle brandissait de nouveau une pancarte près du Kremlin critiquant l'offensive russe. Un acte de résistance au régime de Vladimir Poutine pour lequel elle a été inculpée en août dernier pour « diffusion de fausses informations » sur l’armée russe, un crime passible de dix ans de prison. Elle était depuis assignée à résidence et avait l’interdiction d’utiliser tout moyen de communication.