Le Premier ministre Justin Trudeau a nommé, le 19 août, une juge autochtone à la Cour suprême du Canada. Une décision symbolique dans le but d'améliorer les rapports avec les peuples autochtones.
C'est une nomination qui amorce la réconciliation du Canada avec les membres abénakis·es de la Première Nation d'Odanak. La décision du premier ministre canadien, Justin Trudeau, de nommer une membre du peuple autochtone des Abénaquis, vendredi 19 août, est une première historique. L'occasion pour le gouvernement de panser les blessures des peuples autochtones liées aux innombrables scandales de discrimination envers eux, près d'un mois après les excuses du pape François aux victimes des pensionnats autochtones.
« La juge Michelle O’Bonsawin est une membre très respectée du milieu juridique canadien et sa carrière est remarquable » a déclaré le premier ministre dans un communiqué. « Je suis convaincu que [Michelle O’Bonsawin] apportera des connaissances et des contributions inestimables au plus haut tribunal de notre pays », ajoute-t-il dans son communiqué. La candidature de Michelle O'Bonsawin doit être confirmée ce jeudi 24 août par Mary Simon, première gouverneure générale autochtone du pays.
« Un moment historique »
Juge à la cour supérieure de justice de l’Ontario depuis 2017, Mme O’Bonsawin est « parfaitement bilingue » en français et en anglais. C'est une condition fondamentale pour le premier ministre, qui s’est engagé mi-août à préserver le français, en net recul au Québec selon les dires de Radio-Canada. Née au nord de Sudbury, la magistrate autochtone est diplômée en droit de l’université d’Ottawa. Elle s’est notamment spécialisée dans les domaines de la santé mentale et des droits de la personne.
« Je crois que mon expérience en tant que femme francophone issue des Premières Nations, mère, avocate, universitaire et juge me donne une compréhension et une connaissance approfondie de première main de la diversité du Canada parce que moi et mon expérience de vie faisons partie de cette diversité », a‑t-elle affirmé dans son formulaire de candidature rendu public. Une nomination éminemment saluée, notamment par le ministre de la Justice, David Lametti, qui affirme qu'il s'agit d'un moment historique.
Selon les Nations Unies, en 2007, les peuples autochtones représentaient environ 19 % des détenu·es fédéraux, alors qu'ils et elles ne comptent que seulement 3 % de la population nationale. La pauvreté et « les formes de discrimination existent au sein du système pénal » précisait dans leur rapport les Nations Unies. On mesure ainsi l'importance symbolique pour ces communautés d'être représentés dans la plus puissante instance judiciaire du pays.