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Affaire Jacques Bouthier : deux hommes accu­sés de « traite humaine » mis en exa­men au Maroc

Après des accusations en France, Jacques Bouthier et ses anciens collaborateurs sont au cœur d'une nouvelle affaire au Maroc où deux hommes ont été mis en examen samedi 16 juillet pour « traite humaine », « harcèlement sexuel », « attentat à la pudeur » et « violences verbales et morales ».

L’affaire Jacques Bouthier n’en finit plus de prendre de l’ampleur de l’autre côté de la Méditerranée. Deux hommes – un Français et un Marocain - ont été mis en examen samedi 16 juillet au Maroc dans le cadre de l’enquête visant l’ex-PDG du groupe Assu 2000, renommé Vilavi en 2022, Jacques Bouthier, et plusieurs de ses collaborateurs. Les deux hommes sont accusés de « traite humaine », « harcèlement sexuel », « attentat à la pudeur » et « violences verbales et morales ». L’accusé français mis en examen samedi a été placé en détention provisoire au terme d’une garde à vue de 48 heures, a précisé dimanche Me Aïcha El Guella, présidente de l’Association marocaine des droits des victimes (AMDV) auprès de l’AFP. L’accusé marocain a, quant à lui, été laissé en liberté, a ajouté l’avocate.

Ces décisions portent désormais à huit le nombre de personnes – dont l'ex-PDG - mises en examen dans l'affaire Jacques Bouthier après les sept plaintes, pour le moment, déposées par d'anciennes employées du groupe au Maroc indique France Info. Les faits présumés se seraient produits entre 2018 et avril 2022 dans la filiale marocaine du géant français du courtage à Tanger, au nord du pays. Concernant ces plaintes, Abdelfattah Zahrach, un autre avocat de victime, a assuré dimanche lors d’une conférence de presse, « que d’autres vont suivre ».

Climat de violences sexuelles

Assu 2000 implante ses premiers centres d’appels au Maroc en 2009. « Pendant plusieurs années, il n’y a rien à signaler selon les témoignages que nous avons reçus », indique Me Aïcha El Guella. Mais, en 2013, l’organigramme de l’entreprise change. De nouveaux responsables intègrent les sociétés basées à Tanger. Selon les témoignages des plaignantes, les nouveaux responsables « organisaient des soirées lors desquelles ils invitaient des jeunes femmes et recrutaient celles dont les caractères physiques correspondaient aux préférences de Jacques Bouthier, à savoir un visage et un corps enfantin ». Au sein des sociétés, « il était devenu normal, à chaque arrivée de Jacques Bouthier au Maroc, de le voir toucher ces jeunes femmes au sein même de l’entreprise, en particulier leurs épaules, leurs fesses et leurs parties intimes », raconte l’avocate de plusieurs victimes lors d’une conférence de presse.

Dans un contexte de grande précarité sociale, plusieurs plaignantes affirment alors avoir été licenciées après avoir refusé de « céder au harcèlement et au chantage » de Jacques Bouthier « et de ses complices », parmi eux, des cadres français et marocains de la société d’assurance. Une libération de la parole rare et précieuse dans un pays où les femmes victimes de violences sexuelles restent encore souvent stigmatisées.

Mise en examen

Ces récentes mises en examen s'ajoutent aux précédentes accusations portées en France à l’encontre de Jacques Bouthier. L’homme d’affaires de 75 ans, dont l’entreprise lui a permis d’intégrer le confortable club des 500 plus grandes fortunes françaises, a été mis en examen le 21 mai à Paris. Une Marocaine de 22 ans accuse Bouthier de l'avoir séquestrée chez lui pendant cinq ans et de l'avoir violée, ainsi que d'autres jeunes filles mineures.

D'après RTL, qui a révélé l'information, la jeune fille est parvenue à s'extraire de sa captivité et à porter plainte en mars à Paris. Une enquête a ensuite été ouverte par la Brigade de Protection des Mineurs (BPM) de la Police judiciaire parisienne, qui a abouti samedi 21 mai à la mise en détention provisoire de Jacques Bouthier. Ce dernier a depuis démissionné de son poste de PDG.

Lire aussi I Accusé de viols sur mineures, le PDG d'Assu 2000 Jacques Bouthier est incarcéré et démissionne

Selon les premiers éléments de l'enquête, la plaignante de 22 ans a indiqué qu'elle était devenue « trop âgée pour lui », et forcée de trouver « une remplaçante » pour prendre sa suite. Une adolescente de 14 ans aurait alors été logée dans l'appartement où aurait été séquestrée la plaignante, qui aurait réussi à filmer une relation sexuelle entre la mineure et Jacques Bouthier pour prouver son récit.

L'affaire ne s'arrête pas là puisque RTL indique que l'homme, mis au courant de l'existence de cette vidéo, aurait ensuite projeté de faire enlever la plaignante pour lui saisir la vidéo et la forcer à quitter la France.

Dans cette enquête qui ressemble de plus en plus à la sinistre affaire Epstein, cinq autres personnes ont également été mises en examen en France. Avec Jacques Bouthier, elles sont poursuivies pour « traite d'êtres humains mineurs, viols sur mineurs, et participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre un enlèvement ou une séquestration en bande organisée ». Quant à Jacques Bouthier, étant donné qu’il a été arrêté et mis en examen en France, la question qui se pose désormais est de savoir comment la suite de la procédure judiciaire se déroulera à la fois en France et au Maroc.

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