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Photo : Martin Chang / Sipa press

Financement des assos fémi­nistes, “réar­me­ment démo­gra­phique”, affaire Depardieu : grand entre­tien avec Aurore Bergé

À l’occasion du 8 mars, Aurore Bergé a souhaité s’entretenir avec Causette. Détails du futur congé de naissance, “réarmement démographique”, financements des associations féministes, monoparentalité… On fait le point avec la ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes et à la Lutte contre les discriminations.

Causette : Accès à l’IVG, lutte contre les violences sexuelles, inégalités économiques, monoparentalité, congés parentaux… Les combats pour l’égalité ne manquent pas. Quelles sont vos priorités pour cette année ?
Aurore Bergé :
Tous les combats que vous évoquez sont prioritaires. Certains relèvent plus de l’urgence parce que, face à des violences conjugales, des violences sexistes, sexuelles, il y a une mise en danger immédiate, qui fait que ça doit rester le premier des combats. Après, je persiste à penser que la place des femmes dans la société est intimement liée à la question de leur autonomie financière, de leur égalité économique et professionnelle. Le fait qu’une femme continue à être moins bien payée qu’un homme est une forme de violence, dont découlent d’autres violences. C’est pour ça que l’enjeu de créer une culture de l’égalité dans notre pays, dès le plus jeune âge, permet d’embrasser l’ensemble des combats.

En même temps, le décret du 21 février est venu supprimer 7 millions d’euros au budget consacré à l’égalité femmes-hommes. Soit près de 10 % de budget en moins pour votre ministère. Qui va absorber cette baisse ?
A. B. : Je sais qu’on résume beaucoup la question budgétaire à la ligne 137 du budget [soit celui alloué au ministère de l’Égalité femmes-hommes, ndlr]. En vérité, il y a un budget de l’égalité dans chaque ministère. Je sais bien l’émoi, voire l’indignation, qu’a pu provoquer ce décret. Mais je suis très claire : pas un euro ne manquera au 39-19, au Planning familial, aux CIDFF [Centres d’information sur les droits des femmes et des familles], ni à l’aide universelle d’urgence. Je m’y engage personnellement. D’autant qu’un certain nombre de ces politiques sont des politiques “de guichet”, de demande. Quand vous avez une femme qui se présente à la CAF [Caisse d’allocations familiales] pour bénéficier de l’aide universelle d’urgence, on ne va pas lui dire en fin d’année : “écoutez, on n’a plus les moyens.” On trouvera les moyens.

Il y a certes un budget consacré à l’égalité dans les différents ministères. Mais ce décret est venu supprimer des financements un peu partout : moins 260 millions d’euros pour la vie de l’élève (Éducation nationale), moins 37 millions pour la Protection judiciaire de la Jeunesse, moins 129 millions pour la justice judiciaire, moins 20 millions pour la conduite des politiques sanitaires et sociales… Alors, où se feront les arbitrages, exactement ?
A. B. : Ils ne se feront pas sur ce qui est la grande cause des deux quinquennats du président de la République.

Le 11 février sur Radio J, vous avez annoncé vouloir supprimer leurs subventions aux associations féministes qui auraient eu des propos “ambigus” quant au massacre perpétré le 7 octobre par le Hamas. Quels sont donc ces “propos ambigus” ?
A. B. :
Ce qui a motivé cette prise de parole, c’est d’abord le fait d’écouter des femmes israéliennes, notamment Shelly Tal Meron, députée féministe de l’opposition. Une commission a été créée à la Knesset sur les mutilations et les viols subis par les femmes le 7 octobre. Donc je l’ai reçue à Paris, avec d’autres Israéliennes. Les témoignages qu’elles rapportent sont insoutenables. C’est d’autant plus insupportable quand on entend des fake news affirmant que “ça n’est pas arrivé”. Alors que c’est documenté, y compris par les terroristes eux-mêmes et dans un récent rapport de l’ONU. Ce qui m’a le plus interpellée, c’est que les souffrances de ces femmes n’aient pas été reconnues. Il y a eu beaucoup, beaucoup de silence. Moi-même, je ne me l’explique pas. Mon point de départ, c’est ça. Je n’avais pas l’impression de tenir un propos polémique en appelant à la reconnaissance de ce que les femmes ont vécu le 7 octobre.
Notre féminisme doit être universel. Quelles que soient les victimes, quels que soient les bourreaux, notre vocation est d’être du côté des femmes qui subissent des violences. Donc, j’ai demandé à ce qu’on regarde précisément là où l’État mobilise des moyens. Ça me semble quand même légitime de s’assurer qu’on ne soutient pas des associations qui déclareraient que le Hamas est un mouvement de résistance, que les mutilations sexuelles n’ont pas existé, que ces viols ne sont pas bien graves... Et ce qui est rassurant, c’est qu’aucune des associations soutenues par l’État n’a tenu de tels propos !

Vous disiez refuser “que l’État soutienne financièrement des associations qui ne sauraient pas caractériser ce qui s’est passé [le 7 octobre] et ce qui a suivi”. Est-ce que vous envisagez, aussi, de couper les fonds des associations qui manqueraient de condamner les tortures et les viols de femmes palestiniennes par l’armée israélienne et dénoncés par l’ONU ?
A. B. :
Je tiens toujours le même discours : on ne choisit ni ses victimes ni ses bourreaux. Point. C’est valable à Tel-Aviv comme à Gaza, comme en RDC, en Ukraine ou dans les prisons iraniennes. Encore une fois, j’ai du mal à comprendre cette injonction permanente à choisir un camp. J’espère qu’à un moment, le massacre du 7 octobre va trouver l’écho qu’il aurait dû avoir dès le départ. Et c’est tout aussi valable s’il y a des crimes de guerre contre les femmes à Gaza qui sont documentés.

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Dans un autre registre, le président Macron a appelé cet hiver au “réarmement démographique”. Souscrivez-vous à cette rhétorique ?
A. B. : Ce à quoi je souscris, c’est la question de la liberté. Il se trouve qu’aujourd’hui, en 2024, des femmes renoncent à devenir mères ou reportent leur projet parce qu’elles ont peur pour leur avenir professionnel. À chaque fois qu’on a ce débat sur la natalité, on a l’impression que c’est hyper connoté. Or c’est aussi, tout simplement, une question de choix. Celles qui veulent des enfants doivent pouvoir le faire sans se dire “ce n’est pas le bon moment, je risque de perdre mon job” ou “j’aurais voulu prendre un congé parental mais ça risque d’être mal perçu”. Même chose, d’ailleurs, pour un homme. C’est une question de liberté dans le rapport à la parentalité. Et la parentalité est un bon levier pour faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes.

Comprenez-vous que beaucoup de femmes soient en colère d’entendre cette rhétorique guerrière et, plus largement, cette injonction à procréer ?
A. B :
Ce n’est pas une injonction. Il n’a pas dit “Françaises, vous devez faire des enfants”.

C’est quand même ce que ça voulait dire
A. B : Le sujet, pour moi, c’est comment on garantit cette liberté. Et au moment où le Président a parlé de la question du réarmement démographique, il a repris l’idée, que je portais, de réformer le congé parental. Il faut être lucide : pendant des années, on a eu un congé parental de deux à trois ans, qui a surtout éloigné les femmes du marché du travail faute de modes de garde adaptés. Donc l’idée, c’est qu’en plus des congés paternité et maternité, on crée un vrai congé de naissance de plusieurs mois, mieux rémunéré, qui puisse être pris par les deux parents.

Ce futur congé de naissance doit permettre aux parents qui le souhaitent de rester auprès de leur enfant pendant six mois au total. Sachant qu’il n’existe aucun mode de garde pour 40 % des enfants de moins de 3 ans, qu’il manque 200 000 places en crèches et que les professionnel·les du secteur s’accordent à dire qu’il sera impossible d’en créer 100 000 d’ici à 2027, comme l’a annoncé le gouvernement… que comptez-vous faire pour que les femmes ne se retrouvent pas coincées à la maison une fois le congé naissance terminé ?
A. B : Ce congé sera de quatre mois pour chaque parent, en plus du congé maternité et paternité, et pourra être pris dans la première année de la vie de l’enfant. Vous pourrez le prendre en même temps ou successivement, à temps plein ou à temps partiel. Donc, vous pourrez, par exemple, reprendre votre activité et vous arrêter un peu plus tard. Ou choisir de reprendre une activité professionnelle trois jours par semaine et de vous arrêter deux jours. Ce sera de droit. Avec un plafond d’indemnisation à 1 800 euros par mois, là où on est aujourd’hui à 429 euros maximum. Le rapport n’est plus du tout le même.
Après, il y a un vrai sujet sur les modes de garde. D’abord pour une raison démographique, puisque beaucoup d’assistants et assistantes maternels – qui sont le premier mode de garde aujourd’hui – vont partir à la retraite. C’est pour ça que, quand j’étais ministre des Solidarités et des Familles, on a lancé un certain nombre de mesures pour faciliter le maintien en activité ou l’installation de nouvelles assistantes maternelles, notamment en luttant contre les impayés(deux mois de salaire garantis dès 2024, puis trois mois en 2025) et en doublant les aides à l’installation(de 450 à 1 200 euros dès cette année). Après, il y a la question des crèches, avec la nécessité de revaloriser ces métiers et d’en changer l’image. On a annoncé une revalorisation financière pour les professionnels des crèches. Mais j’ai posé des conditions.

Pourquoi ?
A. B :
L’État ne gère pas les crèches en direct. C’est la première fois que le gouvernement va mettre de l’argent pour financer des revalorisations salariales. La première des conditions, c’est que tous les employés des crèches soient sous convention collective – ce qui n’était pas le cas – et que tous bénéficient de congés de formation continue. Une autre condition, c’est qu’il n’y ait plus personne sous le Smic. Ensuite, l’État ajoutera la revalorisation (+10 % en moyenne pour une auxiliaire de puériculture, +6 % pour une éducatrice de jeune enfant, dès 2024, pour les branches qui ont conclu un accord de progrès social). Tout ça doit aider à l’attractivité de ces métiers.

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Demeure quand même une inquiétude majeure sur le nouveau congé de naissance. Concrètement, au premier anniversaire de l’enfant, comment vont faire les parents – et notamment les mères – qui n’auront pas de mode de garde ?
A. B. : Je ne dis pas qu’on aura tout résolu à l’horizon 2025, parce que c’est un engagement collectif. La question des modes de garde est beaucoup portée par les collectivités locales. C’est pour ça qu’on a renforcé les aides de la CAF, pour que ce soit moins cher pour elles de créer ou maintenir des places en crèche. C’est tout cela qu’on fait en même temps.

D’accord, mais en attendant, il faudra bien qu’un parent garde l’enfant. Ne craignez-vous pas que cette réforme impacte négativement l’emploi des mères ?
A.B. :
Si on attend de se dire qu’il faut que 100 % des modes de garde soient couverts pour lancer la réforme du congé parental, vous ne la lancez jamais. Donc, il faut qu’on avance de concert, y compris sur la question de l’égalité économique et professionnelle, pour faire en sorte que, si se pose la question de qui doit s’arrêter, ça ne soit pas nécessairement la mère. 

Toujours sur la natalité, vous avez annoncé qu’un bilan de fertilité pourrait à l’avenir être proposé aux Français·es âgé·es de 25 ans. Qu’espérez-vous que cela change ?
A. B. : Déjà, c’est un tabou qu’il faut réussir à briser. Encore plus, d’ailleurs, sur l’infertilité masculine. Ensuite, la première cause de l’infertilité pour les femmes, c’est quoi ? C’est qu’on décide d’avoir des enfants de plus en plus tard. Ce n’est pas un problème si c’est un choix ! Mais c’en est un quand on se sent contrainte de reporter son projet parce qu’on craint sa mort professionnelle. Il y a de ce fait un sujet sur la façon dont on accompagne la parentalité et, plus largement, les personnes en parcours PMA, dans l’entreprise. C’est tout un environnement culturel qu’il faut réussir à changer. Et l’idée, c’est aussi qu’il faut revoir la manière dont on fait de la prévention. Ce n’est pas à 35 ans que vous avez intérêt à faire un bilan de fertilité. Par contre, à 25 ans, ça permet de poser un diagnostic, qui n’est pas une injonction, mais une information utile aux femmes.

Et aux hommes ?
A. B. :
Évidemment, les deux sont concernés. L’infertilité, c’est d’abord une souffrance, des non-dits, cela a un impact sur les couples, les familles. Faire de la prévention, c’est une proposition d’accompagnement et de soutien. Après, il y a aussi un message qui, peut-être, a été mal perçu autour de la PMA pour toutes. Cette loi, que j’ai portée et votée, a permis de faciliter le recours à ces parcours. Mais je pense qu’à un moment, ce qui a été perçu, c’est qu’on pouvait reporter son projet d’enfant et qu’à la fin, quoiqu’il arrive, on pourrait recourir à la PMA. Malheureusement, ça n’est pas aussi simple que ça.

Vous le savez, un quart des familles sont monoparentales, plus de 80% sont portées par des mères et la moitié de ces enfants vit sous le seuil de pauvreté. Des associations vous ont demandé la création d’un statut de “parent isolé” leur ouvrant des droits supplémentaires (par exemple sur la retraite, sur la durée du congé de naissance, sur le nombre de jours enfant malade, etc.). Que leur répondez-vous ?
A. B. : C’est un sujet qu’on a beaucoup traité avec Fanta Berete, qui est députée de Paris [Renaissance] et elle-même maman solo. Que ces mères aient des besoins spécifiques, c’est une évidence. Est-ce que, pour autant, ça doit être un statut ? Le sujet fait débat, certaines disent qu’elles n’ont pas envie d’être réduites à ça. La proposition de loi que porte Fanta Berete et qui, j’espère, pourra être inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée, c’est de faire l’équivalent de ce qui a été créé pour les familles nombreuses. C’est-à-dire qu’on reconnaisse le statut de la famille plutôt que celui du parent, en garantissant que ça puisse leur faciliter la vie. Par exemple, des collectivités nous disent : “On veut mettre en place des tarifications spécifiques pour les familles monoparentales, mais concrètement, on fait comment ?” S’il y a une reconnaissance administrative permise par la loi, c’est plus simple.

Ce que demandent ces associations, c’est la possibilité d’avoir certains droits majorés. Par exemple, sur le futur congé de naissance, est-ce qu’une mère seule pourrait bénéficier d’une période plus longue que les quatre mois prévus, puisque parent isolé ?
A. B. :
Je pense que toutes les pistes peuvent être explorées. On le fait bien sur le complément du mode de garde [le CMG est une aide de la CAF destinée à financer une partie des dépenses liées à la garde, hors temps scolaire, d’un enfant de moins de 6 ans], qui sera étendu en 2026 jusqu’aux 12 ans de l’enfant pour les familles monoparentales. Il y a des choix à faire, qui sont aussi des choix budgétaires. Et je considère que, de facto, ces familles-là doivent être prioritaires parce qu’elles ont des difficultés qui s’accumulent. Est-ce qu’il faut aller plus loin pour que d’autres droits soient majorés ? C’est un bon débat pour le Parlement et c’est un débat qu’on aura au moment de l’automne budgétaire.

à la suite des émeutes de juin dernier, vous avez proposé la mise en place de “travaux d’intérêt général” pour les “parents défaillants”. Or, parmi les mineur·es interpellé·es, 60 % des étaient issu·es d’une famille monoparentale, dans l’écrasante majorité, des mères seules. On ne comprend pas très bien : en quoi punir ces femmes pourrait-il avoir des effets bénéfiques pour elles et leurs enfants ?
A. B. : J’avais donné une longue interview à La Tribune du dimanche et c’est ça qui est resté. Ce que j’ai dit, c’est que pendant les violences urbaines, on a eu une surreprésentation de très jeunes mineurs et de familles monoparentales. Avec, derrière, des situations différentes. L’expression de “parents défaillants” n’était pas faite pour stigmatiser les parents, mais pour pointer des défaillances. On a vu des mères de famille aller récupérer leurs enfants dans la rue, mais on a aussi vu des parents encourager leurs enfants à piller. Entre ces deux situations, chacun sait dire où il y a une défaillance dans la mission de parent. Moi, je veux faire les deux. D’un côté, qu’il y ait un accompagnement et un soutien à la parentalité, notamment pour les familles monoparentales qui le demandent. De l’autre, qu’il puisse y avoir des peines complémentaires prononcées quand des parents incitent leurs enfants à la violence. 

En décembre, à la suite du Complément d’enquête sur Gérard Depardieu et alors qu’une omerta se brisait, Emmanuel Macron a choisi de témoigner son soutien à cet “immense acteur” qui “rend fier la France”. Il a dénoncé une “chasse à l’homme” et a même évoqué des “manipulations possibles” de France 2. Au-delà de nourrir la défiance envers une chaîne du service public, quel message cela envoie-t-il, selon vous, au sujet des femmes qui dénoncent des violences sexistes et sexuelles ?
A. B. : J’ai été très claire sur le sujet : les images du Complément d’enquête sont juste dégueulasses. En tant que mère, si on parlait de ma fille de cette manière-là parce que demain, elle fait de l’équitation, j’aurais envie de mettre la main dans la figure de l’homme qui dirait ça. Je pense que tous les parents ont réagi de la même façon. Et porte un bilan fort sur la grande cause de ces deux quinquennats. Car il y a des choses qui ont progressé : la manière avec laquelle on est reçu pour porter plainte, le développement des bracelets anti-rapprochement, les ordonnances de protection délivrées en six jours au lieu de quaranteet qu’on réfléchit à pouvoir rendre immédiates,la hausse des condamnations pour viol… Donc on voit bien que la parole, mais surtout l’écoute des victimes ont changé.

Quel message paradoxal envoyé par le président de la République, alors…
A. B. : Je pense qu’il a toujours voulu porter un message sur la présomption d’innocence, par rapport à des enquêtes qui sont ouvertes, avec un équilibre extrêmement difficile à tenir. Ce qui est certain, c’est que les femmes n’ont pas d’intérêt caché à parler. Donc, le premier mouvement qu’on doit avoir, c’est de dire qu’on les croit, c’est ce qu’il a redit lors de sa conférence de presse en janvier. Et en même temps, la seule vérité définitive qui peut exister, c’est la vérité judiciaire. Ce qui est très difficile à entendre, parce que les procédures sont longues, que la démonstration de la preuve n’est pas toujours évidente et que, malgré la hausse des condamnations, peu d’affaires aboutissent à une condamnation. Mais l’institution judiciaire a quand même évolué ces dernières années : quand Judith Godrèche ou d’autres femmes ont le courage de témoigner, le parquet enquête, même si les faits sont prescrits. C’est quand même très nouveau.

Le Congrès vient de voter la constitutionnalisation de la liberté de recourir à l’IVG. Vous qui aviez porté une proposition de loi en ce sens, en 2022 (tout comme la députée insoumise Mathilde Panot et la sénatrice écologiste Mélanie Vogel), vous vous doutiez que cela susciterait près de deux ans de débats?

A. B. : Quand je l’ai déposée, pas grand monde ne croyait qu’on irait au bout. Finalement, nous avons réussi à le faire, et de manière transpartisane, ensemble. Après, malheureusement, vous aurez toujours des voix réactionnaires. Quelque part, elles sont la preuve de la nécessité de cette constitutionnalisation. C’est au moment où vous avez une majorité politique que vous avez intérêt à protéger ce droit, pas quand vous constatez que c’est trop tard. Le fait que la France soit le premier pays au monde à intégrer l’IVG à sa Constitution, ce n’est pas juste une avancée pour nous, pour nos filles, notre avenir. C’est un message d’espoir envoyé à toutes les femmes qui n’ont pas encore ce droit. L’IVG est une liberté fondamentale et vous y avez droit, voilà notre message universel.

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