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© Capture d'écran sur le site de l'Arcom

Représentation dans les médias audio­vi­suels : seule­ment 32% des invi­tées poli­tiques sont des femmes

L'Arcom a publié ce lun­di les résul­tats de sa double étude sur la repré­sen­ta­tion des femmes à la télé­vi­sion et à la radio ain­si que dans la publi­ci­té. Des chiffres en hausse concer­nant la pré­sence des femmes à l'antenne, mais tou­jours en stag­na­tion sur leur temps de parole. 

Alors que mer­cre­di se tien­dra la Journée inter­na­tio­nale des droits des femmes, l'Arcom (Autorité de régu­la­tion de la com­mu­ni­ca­tion audio­vi­suelle et numé­rique), en par­te­na­riat avec l’INA, a publié lun­di 6 mars, les résul­tats de la 8e édi­tion de son étude annuelle com­por­tant deux volets. Un volet sur la repré­sen­ta­tion des femmes à la télé­vi­sion et à la radio et l'autre sur la repré­sen­ta­tion des femmes dans les publi­ci­tés télé­vi­sées. Pour la pre­mière fois, la part des femmes pré­sentes à l'antenne atteint 44%, soit un point de plus par rap­port à l'année 2021 et six points de plus par rap­port à l'année 2016. En revanche, le temps de parole des femmes a, lui, stag­né, res­tant à 36%. « On n'est plus très loin de la pari­té et je ne déses­père pas qu'on arrive enfin à l'atteindre », pré­cise Roch-​Olivier Maistre pré­sident de l'Arcom lors de la confé­rence de presse visant à détailler les résul­tats de l'étude.

Dans le détail de cette nou­velle étude, les résul­tats montrent que les femmes sont tou­jours mieux repré­sen­tées à la télé­vi­sion (46 %) qu’à la radio (42 %). Néanmoins, aux heures de grande écoute pour la télé­vi­sion (18 h‑23 h), les femmes res­tent plus rares, avec une pré­sence infé­rieure à cinq points par rap­port au reste de la jour­née. Mais à l'inverse, sur les heures de grandes écoutes de la radio (6 h‑9 h), leur temps d'antenne est supé­rieur de trois points par rap­port au reste de la journée. 

Le ser­vice public fait mieux

« Nous consta­tons un décro­chage [dans le temps d'antenne des femmes] entre le ser­vice public et le ser­vice pri­vé », a indi­qué Laurence Pécault Rivolier, conseillère de l'Arcom, lors de la confé­rence de presse de pré­sen­ta­tion de l'étude. Effectivement, autre constat de cette étude, dans les médias audio­vi­suels du ser­vice public, les femmes ont un temps de parole supé­rieur de 10 points par rap­port aux antennes des médias pri­vés, ain­si qu'un temps d'exposition visuelle supé­rieur de 9 points. « Les chaînes publiques ont tenu leurs enga­ge­ments. Nous sommes en dia­logue avec les dif­fu­seurs pri­vés pour qu’ils en prennent eux aus­si l’ambition », a pré­ci­sé Laurence Pécaut-​Rivolier, selon Le Parisien.

De plus en plus d'expertes

La nette pro­gres­sion de cette étude est la part de ter­rain gagnée par les expertes. « Un élé­ment de fier­té col­lec­tive, puisqu'on est par­ti d'assez loin pour arri­ver assez haut », pré­cise Laurence Pécaut-​Rivolier. Effectivement, le nombre d'expertes dans les médias audio­vi­suels s'établit désor­mais à 45%. Il s'agit de la sep­tième année consé­cu­tive que la repré­sen­ta­tion des expertes pro­gresse. Leur nombre a aug­men­té de 15 points depuis 2016. Il faut dire que l'Arcom avait fait de ce sujet une prio­ri­té, comme l'a pré­ci­sé la conseillère.

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Et c'est la radio qui enre­gistre la plus grande pro­gres­sion avec une part d'expertes à 43% en 2022, soit trois points de plus qu'en 2021. Néanmoins, les trois thé­ma­tiques dans les­quelles les femmes res­tent les moins bien repré­sen­tées – « inter­na­tio­nal », « socié­té » et « culture/​loisirs » – sont aus­si les trois rubriques qui repré­sentent plus de la moi­tié de sujets trai­tés par les médias. 

Le bât blesse en politique 

Du côté de la repré­sen­ta­tion des femmes en poli­tique, « le chiffre n'est pas celui qu'on pou­vait espé­rer », tonne Laurence Pécaut-​Rivolier. Les femmes ne repré­sentent que 32% des invi­tées poli­tiques. Pour la sixième année consé­cu­tive, il s'agit de la caté­go­rie qui compte le moins de femmes. En moyenne, sur l'année 2022, pen­dant et hors cam­pagne pré­si­den­tielle, les femmes poli­tiques ont eu seule­ment 29% de temps de parole. 

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Pendant la pré­si­den­tielle, alors que les femmes repré­sen­taient un tiers des can­di­da­tures, elles n'ont eu qu'entre 24 et 32% de temps de parole en fonc­tion des médias. Un manque de repré­sen­ta­tion poli­tique qui s'est retrans­crit sur le second semestre de l'année 2022, où les femmes ne repré­sen­taient que 5 des 20 per­son­na­li­tés poli­tiques les plus pré­sentes dans les médias audio­vi­suels. Un chiffre certes en aug­men­ta­tion com­pa­ré aux 3 places sur 20 que les femmes repré­sen­taient en 2017, mais qui reste tou­jours très faible. 

Dans les pro­grammes spor­tifs, les femmes ne repré­sentent que 11% du temps de parole et 21% des per­sonnes pré­sentes en plateau

Début février, l'Arcom a lan­cé son opé­ra­tion « Sport Féminin Toujours », visant à invi­ter les médias à dif­fu­ser davan­tage de retrans­mis­sions de sport pra­ti­qué par des femmes sur les antennes, mais aus­si à abor­der les thé­ma­tiques liées à la pra­tique fémi­nine du sport. Une opé­ra­tion néces­saire selon les résul­tats de l'enquête, puisque les femmes res­tent lar­ge­ment mino­ri­taires dans le milieu du sport. « C’est là où nous notons le plus fort décro­chage », s’inquiète Laurence Pécaut-​Rivolier. Dans les pro­grammes spor­tifs, les femmes ne repré­sentent que 11% du temps de parole et 21% des per­sonnes pré­sentes en pla­teau. Ce manque de pari­té se retrouve éga­le­ment dans les retrans­mis­sions spor­tives gen­rées. En 2021, les com­pé­ti­tions 100 % fémi­nines ne repré­sen­taient que 4,8 % de celles dif­fu­sées à la télé­vi­sion, contre 74,2 % pour leurs homo­logues mas­cu­lines, et 21 % pour les épreuves mixtes.

Objectif JO

Pour Laurence Pécaut-​Rivolier, il s'agit « d'un sujet très impor­tant pour les mois et les années à venir, c'est vrai­ment un axe prio­ri­taire que l'Arcom se donne avec pour objec­tif les Jeux Olympiques 2024 ». Un dis­cours appuyé par Isabelle Lonvis Rome, ministre délé­guée auprès de la Première ministre char­gée de l'Égalité entre les femmes et les hommes qui entend garan­tir « grâce à la charte éta­blie par l'association Femmes jour­na­listes de sport, l'égalité femmes-​hommes dans les rédac­tions spor­tives, et que d'ici 2025, 90% des médias aient adhé­ré à cette charte ».

Sexisme et sté­réo­types en publicité 

De manière ponc­tuelle, l'Arcom joint à son étude annuelle un volet com­plé­men­taire sur la repré­sen­ta­tion des femmes dans les publi­ci­tés télé­vi­sées, la der­nière datant de 2017. D'après l'étude, les femmes sont aujourd'hui majo­ri­taires dans les appa­ri­tions publi­ci­taires (51%). « On s'approche de la réa­li­té sociale » note Laurence Pécault Rivolier. Dans le détail de ces appa­ri­tions, les expertes dans les publi­ci­tés repré­sentent 34%, une nette aug­men­ta­tion puisqu'elles étaient seule­ment de 18% en 2017. L'autre aspect posi­tif d'après les résul­tats est que la publi­ci­té arrive enfin, après des années de réclames sexistes et de dénon­cia­tions des mili­tantes fémi­nistes, à amor­cer une remise en ques­tion sté­réo­types de genre. En effet, les femmes sont main­te­nant majo­ri­taires au volant dans les publi­ci­tés de conduite et les hommes majo­ri­tai­re­ment repré­sen­tés dans les publi­ci­tés de ménages : « Des publi­ci­tés en avance sur la réa­li­té sociale », observe la conseillère de l'Arcom.

Néanmoins, un cer­tain nombre de sté­réo­types demeurent, notam­ment sur les termes employées en fonc­tion du genre dans une publi­ci­té. Les résul­tats démontrent que les actrices uti­lisent en majo­ri­té des termes rela­tifs aux des­crip­tions et à la dou­ceur tan­dis que les acteurs inter­viennent dans un voca­bu­laire rele­vant de l'action, des aven­tures. De même que des domaines res­tent encore très mas­cu­lins et fémi­nins comme le bri­co­lage et les pro­duits de beau­té, ce sont le plus sou­vent les femmes qui sont nues et sexua­li­sées dans les publi­ci­tés. Ainsi, si « on avance, on se ques­tionne, je crois qu'il y a encore un cer­tain nombre d'avancées à avoir », indique Laurence Pécault Rivolier. 

Au-​delà de l'objectif de pari­té des Jeux Olympiques, l'Arcom entend aus­si mettre en place des plans d'actions sur d'autres sujets. D'après la conseillère, l'Arcom sou­haite tra­vailler sur le trai­te­ment média­tique des femmes vic­times de vio­lences conju­gales, en fai­sant évo­luer la clas­si­fi­ca­tion dans la rubrique « faits divers » des jour­naux de l'audiovisuel. Le régu­la­teur entend aus­si mesu­rer la part des femmes qui sont der­rière les camé­ras, un tra­vail encore jamais réalisé. 

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