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Les 9 vies extraordinaires de la princesse Gaya. © Editions Little Urban

Littérature jeu­nesse : nos six recos de Noël de contes dépoussiérés

Des autrices oubliées, des des­tins extra­or­di­naires, des héroïnes badass : Causette a réuni pour vous une sélec­tion de contes renversants…pour petit·es et grand·es !

"Princesse Grilda veut un cra­paud", de Monsieur Dupont

Il y a le châ­teau, la cou­ronne et pas mal de rose, mais pour le reste, Grilda n’est déci­dé­ment pas une prin­cesse comme les autres. Ce qu’elle cherche, elle, c’est un cra­paud. Et quand ce celui-​ci se trans­forme en prince, c’est la douche froide : “c’est un ami que je veux, moi, pas un mari !”, s’agace-t-elle. Problème : tous les cra­paud qu’elle trouve finissent pas se trans­for­mer et la prin­cesse se retrouve avec une ribam­belle de prince char­mants. Finira-​t-​elle par trou­ver un cra­paud, un vrai, avec qui s’amuser ? Une chose est sûre, Grilda n’est pas du genre à lâcher l’affaire… Et son his­toire drôle aux cou­leurs pop ravi­ra les jeunes lec­trices et lec­teurs, dès 3 ans.

Princee Grilda veut un crapaud

Princesse Grilda veut un cra­paud, de Monsieur Dupont, Éd. Talents Hauts, 32 pages, 13,90 euros.

"Roule, Ginette!", d’Anne Dory et Mirion Malle

Qui n’a jamais enten­du l’histoire de Roule galette…, avec son Vieux qui donne des ordres, sa Vieille qui s’exécute, et cette galette de blé qui se fait la malle avant de finir dévo­rée par un renard ? L’autrice Anne Dory et l’illustratrice Marion Malle ont revi­si­té ce clas­sique du Père Castor, lui-​même ins­pi­ré d’un conte russe, pour en faire une fable réso­lu­ment fémi­niste. Une ver­sion pleine de malice qui, tout en res­tant proche du récit que l’on connaît, vient don­ner le beau rôle – et sur­tout, une des­ti­née un peu plus enviable – à la Vieille. Fatiguée de tri­mer du matin au soir pour ce Vieux râleur assis dans son fau­teuil, c’est elle qui, ici, se trans­forme en galette et taille la route, avide de liber­té. Et si elle croise elle aus­si en che­min le lapin, l’ours, le loup et le renard, elle par­vient à déjouer le des­tin qui était cen­sé être le sien, pour fina­le­ment vivre sa meilleure vie, entre vieilles femmes, sans per­sonne pour lui don­ner des ordres. Une ode au res­pect, à la liber­té et à la soro­ri­té, à savou­rer dès 4 ans.

Roule Ginette 1

Roule, Ginette!, d’Anne Dory et Mirion Malle, Éd. La ville brûle, 48 pages, 15 euros.

"La grande prin­cesse", de Julia Pietri

Elle avait ado­ré Le petit Prince de Saint-​Exupéry. Mais en le reli­sant, l’autrice et mili­tante fémi­niste Julia Pietri (co-​fondatrice du compte Instagram Gang du cli­to) a réa­li­sé avec stu­peur qu’il n’y avait “aucune femme dans ce conte… Aucune”. Elle a donc entre­pris de réécrire cette fable, en tro­quant le petit prince pour une grande prin­cesse. Ayant quit­té sa pla­nète en espé­rant en trou­ver une qui soit à la taille de ses rêves, celle-​ci atter­rit suc­ces­si­ve­ment sur huit pla­nètes extra­or­di­naires, habi­tées par des femmes tout aus­si extra­or­di­naires : Simone Veil, Rosa Parks, Helen O’Connel, Malala Yousafzai… Des ren­contres philosophico-​poétiques qui, tout au long de sa quête, lui appor­te­ront de pré­cieux ensei­gne­ments : que c’est à elle de prendre sa place dans le monde, qu’il n’y a que le temps qui nous appar­tienne, ou qu’on peut aus­si dan­ser avec son cœur… Une jolie fable qui, deux ans après sa paru­tion, vient de sor­tir sous forme de livre audio, por­té par la voix de la comé­dienne Corinne Masiero. Dès 5 ans. 

La Grande Princee

La grande prin­cesse, de Julia Pietri, lu par Corinne Masiero, Éd. Des femmes – Antoinette Fouques, 14 euros.

"Trois contes oubliés de Madame d’Aulnoy"

La pre­mière met la barre haute en amour, la seconde sauve son prince et la troi­sième se tra­ves­tit en che­va­lier. Pourtant, ces trois prin­cesses ne sont pas nées de l’imagination d’un·e auteur·trice adepte du grand méchant “wokisme”, mais nous arrivent tout droit du XVIIème siècle, sous la plume de Madame D’Aulnoy. Autrice de quatre recueils de contes, cette contem­po­raine de Charles Perrault n’a – comme c’est étrange – connu ni sa noto­rié­té, ni la pos­té­ri­té. Un vide matri­mo­nial que se pro­posent aujourd’hui de com­bler les édi­tions Talents Hauts, qui publient aujourd’hui trois de ces contes oubliés, un an après avoir redon­né vie aux Fables de Marie de France (elles aus­si tom­bées aux oubliettes). Des récits fémi­nistes avant l’heure, empreints de sub­ver­si­vi­té et d’une grande moder­ni­té, à décou­vrir (enfin!) dès 6 ans.

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Trois contes oubliés de Madame d’Aulnoy, illus­trés par Gaëlle Hersent, Éd. Talents Hauts, 128 pages, 22 euros.

"Les 9 vies extra­or­di­naires de la prin­cesse Gaya", de Régis Lejonc

C’est un conte qui com­mence comme bien d’autres : un valeu­reux roi qui part au com­bat, une reine éplo­rée et un enfant à naître dont le des­tin se retrouve funes­te­ment scel­lé suite au sor­ti­lège d’un étrange homme-​chat. Et de fait, la petite Gaya meurt alors n’a que quelques mois. Mais ce n’est que le début de l’aventure, puisque cette fière prin­cesse va en réa­li­té connaître neuf vies, à tra­vers les époques et les conti­nents. De la Bavière médié­vale qui l’a vue naître à l’Haïti du XIXème siècle en pas­sant par la Chine impé­riale, on la retrouve à des âges dif­fé­rents, sous dif­fé­rents noms : Goia, Gillian, Gayane, Gawa… Ici, pas de quête roman­tique ni de vie de châ­teau, mais des aven­tures ini­tia­tiques aux accents fan­tas­tiques, qui per­mettent d’aborder des ques­tions comme le mariage for­cé, la colo­ni­sa­tion, l’esclavage ou la mal­trai­tance. Écrit par différent·es autrices et auteurs de lit­té­ra­ture jeu­nesse (Annie Agopian, Thomas Scotto, Anne Jonas,…), Les 9 vies extra­or­di­naires de la prin­cesse Gaya ne séduit pas seule­ment par son pro­pos. Magnifiquement illus­tré par Régis Lejonc, ce livre très grand for­mat est d’une beau­té remar­quable. Un vrai bijou, à dévo­rer dès 9 ans.

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Les 9 vies extra­or­di­naires de la prin­cesse Gaya, ouvrage col­lec­tif illus­tré par Régis Lejonc, Éd. Little Urban, 120 pages, 29,90 euros.

"Et à la fin, ils meurent", de Lou Lubie

“Si vous trou­vez que les contes de fées sont un peu cucul et sans pro­fon­deur, c’est pro­ba­ble­ment que vous avez en tête les arché­types de Disney”, pré­vient l’illustratrice et bédéiste Lou Lubie. Qui a eu la bonne idée de nous racon­ter “la sale véri­té” sur ces clas­siques du patri­moine lit­té­raire et cultu­rel, où l’on trouve meurtres, muti­la­tions, adul­tère, can­ni­ba­lisme ou “authen­tiques scènes de cul”. De l’Antiquité à l’ère Disney en pas­sant par Charles Perrault et les Frères Grimm, Lou Lubie nous embarque dans une pas­sion­nante explo­ra­tion de l’histoire des contes, où se mêlent avec beau­coup d’humour éclai­rages his­to­riques et ques­tion­ne­ments éthiques. De quoi regar­der Cendrillon d’un autre oeil ! Pour ado­les­cents et adultes.

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Et à la fin, ils meurent, de Lou Lubie, Éd. Delcourt, 248 pages, 24,95 euros.

Lire aus­si I Le féti­chisme des pieds dans les contes

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