
Chaque mois, un chercheur, une chercheuse, nous raconte sa thèse sans jargonner. Dans le conte de Perrault, Cendrillon passe de l’oppression familiale à une vie maritale grâce à ses petits pieds. De là à lui trouver une parenté avec les Asiatiques aux pieds bandés, il n’y a qu’un (petit) pas opéré par Yu-pei Kang. Spécialisée dans les études de genre, la chercheuse étudie les contes de fées au prisme du pied*.
Causette : Vous affirmez que, dans les contes de fées, on trouve une forte occurrence du pied. Souvent, l’objectif est de plaire aux hommes…
Yu-pei Kang : Je suis partie des différentes versions de Cendrillon, qui, toutes, racontent l’histoire d’un prince retrouvant l’escarpin perdu d’une jeune fille pauvre. L’amour exclusif du prince, qui se focalise sur cet escarpin, porte un nom, le fétichisme du pied, qui s’est révélé récurrent dans les contes de fées européens et chinois. On peut citer Mélusine, dont les pieds sont sacrés ; Les Souliers rouges, d’Andersen ; Les Souliers au bal usés, des frères Grimm… Et, bien sûr, La Petite Sirène, qui sacrifie sa voix pour obtenir deux jolis pieds afin d’épouser le prince. Si ces héroïnes font de leurs pieds un « instrument » de conquête, cette même conquête les conduit à leur perte !
Vous vous êtes particulièrement[…]