cable train over snowy field
© Pietro De Grandi

Environnement : en Maurienne, la jus­tice met un coup d'arrêt au déve­lop­pe­ment des sta­tions de ski

Mardi, le tri­bu­nal admi­nis­tra­tif de Grenoble a annu­lé le sché­ma de cohé­rence ter­ri­to­riale (SCoT) de la val­lée intra-​alpine de Maurienne (Savoie) qui pré­voyait notam­ment l’extension de domaines skiables. Pour les asso­cia­tions envi­ron­ne­men­tales à l’origine du recours devant le tri­bu­nal, c’est « une vic­toire excep­tion­nelle ».

Un grand pas pour l’environnement. Initié en 2015 et approu­vé par les élu·es depuis 2020, le sché­ma de cohé­rence ter­ri­to­riale (SCoT) du Pays de Maurienne (Savoie) visant à étendre des domaines skiables et à créer des liai­sons inter-​stations était très contes­té par les asso­cia­tions envi­ron­ne­men­tales qui avaient dépo­sé plu­sieurs recours. Dans un arrêt ren­du mar­di 30 mai et rap­por­té par Libération, le tri­bu­nal admi­nis­tra­tif de Grenoble a tran­ché : « La déli­bé­ra­tion du 25 février 2020 par laquelle le comi­té syn­di­cal du syn­di­cat pays de Maurienne a approu­vé le sché­ma de cohé­rence ter­ri­to­riale du pays de Maurienne doit être annu­lée. » 

En cause, pour sept des dix uni­tés tou­ris­tiques nou­velles (UTN) pré­sen­tées dans le SCoT, des « erreurs d'appréciation » étaient pré­sentes. Le tri­bu­nal a fait valoir la néces­saire prise en compte du chan­ge­ment cli­ma­tique en mon­tagne dans le déve­lop­pe­ment tou­ris­tique. Selon Libération, les juges sou­lignent, dans leur arrêt, les « atteintes graves » aux milieux natu­rels et aux espèces pro­té­gées dans des zones situées « à proxi­mi­té immé­diate du parc natu­rel natio­nal de la Vanoise ». 

Iels fus­tigent aus­si le constat por­té par les col­lec­ti­vi­tés mon­ta­gnardes qui estiment que seule la construc­tion de nou­veaux lits per­met­trait de faire face à la baisse de la fré­quen­ta­tion des sta­tions de ski. « Aucune réflexion par­ti­cu­lière n’a été menée afin de réha­bi­li­ter les cœurs de sta­tions dans l’enveloppe exis­tante et gérer le pro­blème récur­rent des lits froids ou tièdes », peut-​on lire dans l’arrêt d'après Libération. Les juges vont encore plus loin en sanc­tion­nant « l’absence de maî­trise de l’étalement urbain sur des zones de mon­tagne aux inté­rêts envi­ron­ne­men­taux et patri­mo­niaux impor­tants » et « l’absence de solu­tions pérennes pour garan­tir l’effectivité de l’activité tou­ris­tique et éco­no­mique des sta­tions dans la durée ».

En avril 2021, le tri­bu­nal admi­nis­tra­tif de Grenoble avait déjà par­tiel­le­ment sus­pen­du le SCoT en réfé­ré, inter­rom­pant les pro­jets de liai­son inter-​stations entre Albiez-​Montrond & Les Karellis, et entre Valfréjus & Valmeinier, et d'extension du domaine skiable de Valloire, de Val-​Cenis et d'Aussois. Et à l'été 2022, une des uni­tés tou­ris­tiques nou­velles (UTN) struc­tu­rantes de ce SCoT, la liai­son entre les sta­tions de Valfréjus et Valmeinier, avait d'ores et déjà été abandonné.

À lire aus­si I Neige arti­fi­cielle à La Clusaz : le tri­bu­nal admi­nis­tra­tif de Grenoble sus­pend l'autorisation pré­fec­to­rale pour la rete­nue d'eau

« Une vic­toire exceptionnelle »

Pour les asso­cia­tions envi­ron­ne­men­tales à l’origine du recours, France Nature Environnment (FNE) Auvergne-​Rhône-​Alpes, FNE Savoie, Mountain Wilderness et Valloire Avenir et Nature, c’est « une vic­toire excep­tion­nelle. Jamais un SCot de mon­tagne n’avait ain­si été reto­qué par la jus­tice. Tout va devoir être repen­sé », s'est féli­ci­té Vincent Neirinck, membre de Mountain Wilderness selon Libération.

Dans un com­mu­ni­qué com­mun, les asso­cia­tions envi­ron­ne­men­tales insistent : ce pro­jet de ter­ri­toire « irra­tion­nel » était « incom­pa­tible avec les enjeux du XXIe siècle » et se carac­té­ri­sait par une forte « contra­dic­tion entre les objec­tifs annon­cés et l’aspect tout à fait rétro­grade des amé­na­ge­ments envi­sa­gés ». La Maurienne, estiment les asso­cia­tions, « mérite mieux pour son ter­ri­toire qu’une fuite en avant et un pro­jet tota­le­ment incom­pa­tible avec l’érosion du mar­ché du ski, la réelle prise en compte des chan­ge­ments cli­ma­tiques, la ten­sion crois­sante sur la res­source en eau, la pro­tec­tion des pay­sages et de la bio­di­ver­si­té et les enjeux de ren­for­ce­ment de l’activité estivale. »

En revanche, cette déci­sion judi­ciaire a sou­le­vé les inquié­tudes des élu·es des autres val­lées qui sou­hai­taient pour­suivre leurs amé­na­ge­ments. « Les pro­jets de déve­lop­pe­ment de nos sta­tions vont mal­heu­reu­se­ment prendre beau­coup de retard », com­mente briè­ve­ment auprès de Libération Alexandre Maulin, pré­sident de Domaines skiables de France (DSF), la chambre pro­fes­sion­nelle des exploitant·es de sta­tions. Les élu·es de Maurienne n'ont eux et elles tou­jours pas réagi.

Avant que l'arrêt ne tombe, d'après Montagnes Magazine, les élu·es du ter­ri­toire venaient de lan­cer une révi­sion dudit SCoT, accep­tant d'abandonner cer­taines des UTN. Désormais, le syn­di­cat du Pays de Maurienne doit revoir sa copie. Les asso­cia­tions envi­ron­ne­men­tales espèrent, quant à elles, que cette déci­sion du tri­bu­nal admi­nis­tra­tif en Maurienne se répande dans les autres mas­sifs où sont pro­je­tés des amé­na­ge­ments, comme en Oisans (Alpes françaises).

À lire aus­si I Ski à tout prix, le retour de bâton

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