Au fait, cet été, vous avez confié la gestion des grillades sur le barbec' à Madame, on est bien d'accord ?
![Idée lumineuse : devenez végétarien pour prouver à Sandrine Rousseau qu'elle a tort 1 man in black crew neck t-shirt and blue denim jeans holding black frying pan](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2022/09/l-ckevzqil0-682x1024.jpg)
ÉDITO. « Il faut changer de mentalité pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité. » Avec ces simples mots prononcés aux journées d'été de son parti Europe Écologie Les Verts (EELV) le 27 août, la députée Sandrine Rousseau a à nouveau prêté le flanc aux railleries d'internautes qui adorent la cibler et la harceler mais aussi aux réactions politiques indignées. « Ça suffit d’accuser nos garçons de tout ! Stop à la “déconstruction” de nos hommes ! Stop aux délires de Rousseau », a ainsi dégainé la républicaine Nadine Morano. Auto-proclamé spécialiste ès barbaque depuis la présidentielle, le premier secrétaire du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, a, lui, rétorqué au micro d'Europe 1 : « On mange de la viande en fonction de ce que l’on a dans le porte-monnaie, et pas en fonction de ce qu’on a dans sa culotte ou dans son slip. »
Loin de nous l'idée de vouloir mettre de l'huile sur le barbec (généralement, il n'y pas besoin, nous ont déjà expliqué nos maris) mais les études le montrent invariablement : c'est un fait en France, les hommes consomment plus de viande que les femmes. Les raisons sont multiples : goûts genrés hérités de notre éducation (la viande, dans l'imaginaire collectif, est plutôt réservée au guerrier, qui pourrait être devenu le « grand sportif » à notre époque), préoccupations accrues des femmes pour leur santé ou leur silhouette, moindre pouvoir d'achat…
En ce qui concerne la dimension symbolique soulevée par la députée, faire semblant de ne pas la comprendre tient de la mauvaise foi. On ne vous fera pas le coup de la démonstration empirique de qui a géré les grillades cet été lors des repas organisés entre ami·es ou en famille, mais à la place, on peut mettre en avant des éléments quantifiés : dans une étude publiée en janvier dernier s'intéressant aux discours véhiculés sur la viande par les publicitaires, Green Peace démontrait que l'industrie agro-alimentaire ciblait les hommes pour vendre ses entrecôtes : « Nous ne savions pas sur quels mythes nous allions tomber, nous expliquait alors Laure Ducos, chargée de campagne agriculture et alimentation au sein de l'ONG, mais l’étude menée sur cinquante et une marques européennes en fait ressortir plusieurs. D’abord, manger de la viande rendrait viril. Il y a aussi un aspect patriotique très fort, notamment en France. Manger de la viande reviendrait à soutenir son pays. Enfin, il est frappant de voir à quel point le discours sur la liberté individuelle est présent. »
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Bref, nier que les hommes ont en général plus de mal que les femmes à décarner leur alimentation par nécessité écologique est une posture sacrément audacieuse. Mais une idée nous vient : puisque certains ne sont pas d'accord avec Sandrine Rousseau pour dire que la virilité se mesure encore à la taille de l'andouillette, le meilleur moyen de prouver qu'ils ont raison est qu'ils deviennent végétariens.
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