Idée lumi­neuse : deve­nez végé­ta­rien pour prou­ver à Sandrine Rousseau qu'elle a tort

Au fait, cet été, vous avez confié la ges­tion des grillades sur le bar­bec' à Madame, on est bien d'accord ?

man in black crew neck t-shirt and blue denim jeans holding black frying pan
© Aurelien Thomas

ÉDITO. « Il faut chan­ger de men­ta­li­té pour que man­ger une entre­côte cuite sur un bar­be­cue ne soit plus un sym­bole de viri­li­té. » Avec ces simples mots pro­non­cés aux jour­nées d'été de son par­ti Europe Écologie Les Verts (EELV) le 27 août, la dépu­tée Sandrine Rousseau a à nou­veau prê­té le flanc aux raille­ries d'internautes qui adorent la cibler et la har­ce­ler mais aus­si aux réac­tions poli­tiques indi­gnées. « Ça suf­fit d’accuser nos gar­çons de tout ! Stop à la “décons­truc­tion” de nos hommes ! Stop aux délires de Rousseau », a ain­si dégai­né la répu­bli­caine Nadine Morano. Auto-​proclamé spé­cia­liste ès bar­baque depuis la pré­si­den­tielle, le pre­mier secré­taire du Parti com­mu­niste fran­çais (PCF), Fabien Roussel, a, lui, rétor­qué au micro d'Europe 1 : « On mange de la viande en fonc­tion de ce que l’on a dans le porte-​monnaie, et pas en fonc­tion de ce qu’on a dans sa culotte ou dans son slip. »

Loin de nous l'idée de vou­loir mettre de l'huile sur le bar­bec (géné­ra­le­ment, il n'y pas besoin, nous ont déjà expli­qué nos maris) mais les études le montrent inva­ria­ble­ment : c'est un fait en France, les hommes consomment plus de viande que les femmes. Les rai­sons sont mul­tiples : goûts gen­rés héri­tés de notre édu­ca­tion (la viande, dans l'imaginaire col­lec­tif, est plu­tôt réser­vée au guer­rier, qui pour­rait être deve­nu le « grand spor­tif » à notre époque), pré­oc­cu­pa­tions accrues des femmes pour leur san­té ou leur sil­houette, moindre pou­voir d'achat…

En ce qui concerne la dimen­sion sym­bo­lique sou­le­vée par la dépu­tée, faire sem­blant de ne pas la com­prendre tient de la mau­vaise foi. On ne vous fera pas le coup de la démons­tra­tion empi­rique de qui a géré les grillades cet été lors des repas orga­ni­sés entre ami·es ou en famille, mais à la place, on peut mettre en avant des élé­ments quan­ti­fiés : dans une étude publiée en jan­vier der­nier s'intéressant aux dis­cours véhi­cu­lés sur la viande par les publi­ci­taires, Green Peace démon­trait que l'industrie agro-​alimentaire ciblait les hommes pour vendre ses entre­côtes : « Nous ne savions pas sur quels mythes nous allions tom­ber, nous expli­quait alors Laure Ducos, char­gée de cam­pagne agri­cul­ture et ali­men­ta­tion au sein de l'ONG, mais l’étude menée sur cin­quante et une marques euro­péennes en fait res­sor­tir plu­sieurs. D’abord, man­ger de la viande ren­drait viril. Il y a aus­si un aspect patrio­tique très fort, notam­ment en France. Manger de la viande revien­drait à sou­te­nir son pays. Enfin, il est frap­pant de voir à quel point le dis­cours sur la liber­té indi­vi­duelle est présent. »

Lire aus­si l Laure Ducos de Greenpeace : « La pub véhi­cule une image trop idéa­li­sée de la viande »

Bref, nier que les hommes ont en géné­ral plus de mal que les femmes à décar­ner leur ali­men­ta­tion par néces­si­té éco­lo­gique est une pos­ture sacré­ment auda­cieuse. Mais une idée nous vient : puisque cer­tains ne sont pas d'accord avec Sandrine Rousseau pour dire que la viri­li­té se mesure encore à la taille de l'andouillette, le meilleur moyen de prou­ver qu'ils ont rai­son est qu'ils deviennent végétariens.

Lire aus­si l Virilité : un steak, une pipe et au lit

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.