Trois ans après le Grenelle des violences conjugales, la Première ministre et la ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes ont communiqué ce week-end sur une série de nouvelles mesures pour protéger les victimes, dans un contexte où les féminicides ont augmenté de 20% entre 2020 et 2021 (122 victimes), selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.
En visite au sein d'une association d'aide aux femmes victimes de violences à Ris-Orangis (Essonne), Élisabeth Borne a annoncé vendredi 2 septembre la création de nouvelles places d'hébergement d'urgence pour les femmes fuyant les coups de leur conjoint violent. D'ici la fin de l'année, elles seront au nombre de 10 000, a promis la Première ministre, contre un peu plus de 9 000 actuellement. Un nouveau millier de places sera créé en 2023, pour atteindre un total de 11 000 places à la fin de l'année prochaine.
« Tant qu’il y aura des violences, tant qu’il y aura des femmes qui meurent sous les coups de leur compagnon, le combat ne s’arrêtera pas. Nous allons donc amplifier notre action », a lancé la cheffe du gouvernement à l'occasion de cette visite, selon Le Monde. Une manière, d'une part, d'assurer la continuité du déploiement des mesures instaurées il y a trois ans par le Grenelle des Violences conjugales, dont Élisabeth Borne assure que « 90% des mesures sont en vigueur ». Une façon également de réagir après la publication fin août des statistiques du ministère de l'Intérieur sur les féminicides conjugaux, dans son rapport sur les morts violentes au sein du couple : en 2021, 122 femmes (contre 21 hommes) sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, soit 20% de plus qu'en 2020.
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Afin d'« amplifier l'action » du gouvernement, la première ministre a également annoncé le lancement prochain d’une mission parlementaire chargée de faire des propositions pour améliorer le traitement judiciaire des violences conjugales. « Je vais confier une mission à des parlementaires pour faire un bilan et voir comment on peut avancer pour une action judiciaire plus lisible, plus réactive et plus performante », a‑t-elle promis. Ouverte fin septembre pour une durée de six mois, cette mission parlementaire aura pour consigne de formuler des préconisations pour une justice qui « concilie [la] spécialisation des enquêteurs et des magistrats avec la proximité nécessaire pour les victimes », a précisé un communiqué de Matignon.
"Pack nouveau départ"
« Donner une gifle à sa femme, cela n’a rien à voir avec voler un portable dans un magasin », a abondé la ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Rome, dans une interview donnée au Journal du dimanche le 3 septembre. Magistrate de carrière, la ministre plaide pour que « ces affaires [soient] jugées d’une manière spécifique ».
Isabelle Rome a annoncé dans ce même entretien lancer à titre expérimental un « pack nouveau départ » pour les femmes victimes. L'objectif de ce nouvel outil est d'accompagner les victimes à quitter leur conjoint violent en fournissant « mobilisation d’aides sociales, accès à la formation, aide au retour à l’emploi, hébergement d’urgence ou soutien psy », a précisé la ministre. Il s'agit de lutter contre « l’emprise et la dépendance financière », qui empêchent souvent les victimes de franchir le pas du départ.
Dans la continuité de cet enjeu, le gouvernement a annoncé vouloir augmenter le nombre d’« intervenants sociaux » en poste dans les commissariats et gendarmeries pour améliorer l’accueil des femmes victimes : ils et elles seront 600 d’ici 2025, contre 417 aujourd’hui. Enfin, le gouvernement a promis que le nombre d'enquêteur·rices spécialisé·es dans les violences conjugales allait être accru. Et d'avancer que 157 000 policier·ères et gendarmes ont été déjà été formé·es pour recueillir la parole des femmes victimes.
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