Depuis le 28 novembre dernier, Monique Olivier est jugée aux assises pour complicité dans trois enlèvements et meurtres. Mercredi, le fils qu'elle a eu avec Michel Fourniret, Selim, venait témoigner à son procès.
"Je ne suis pas ton fils, tu n'es pas ma mère !". Le ton était donné à Nanterre ce mercredi au procès de Monique Olivier. Selim Olivier, le fils que l'accusée a eu avec le violeur et tueur en série Michel Fourniret, était venu témoigner pour la première fois devant une cour d'assises et s'efforcer d'obtenir des réponses. "J'espère vous apporter des éléments qui pourront vous aider, et aider les familles des victimes", a expliqué Selim Olivier au début de sa courte déposition entrecoupée de quintes de toux, qui se sont estompées au fil de l'audition. "Personne ne t'attend dehors, t'as quoi à cacher ? Libère-toi d'un poids !", a‑t-il par ailleurs lancé à sa mère, jugée à Nanterre pour complicité dans trois enlèvements et meurtres de Michel Fourniret depuis le 28 novembre.
Aujourd'hui âgé de 35 ans, Selim Olivier avait 14 ans et demi lors de l'enlèvement d'Estelle Mouzin, le 9 janvier 2003. Il affirme n'avoir "vu personne", ni rien entendu. "Je n'ai pas vu de comportement sortant de l'ordinaire" de la part de ceux et celle qu'il n'appelle jamais "mon père" et "ma mère" mais bien "Michel" et "Monique". Il ajoute qu'il était "peu probable" qu'une petite "cousine" soit venue chez eux "sans ses parents". S'il avait vu Estelle "en panique" au domicile familial de Sart-Custinne en Belgique, "ça m'aurait marqué", a‑t-il répondu à Me Didier Seban, avocat de la famille Mouzin. "Régulièrement, j'essaye de penser à cette époque passée, voir si je peux apporter des éléments de réponse" aux familles, "mais rien ne remonte", raconte-t-il, pour justifier ses nombreux "je ne me souviens plus". Interrogée sur la déposition de son fils, Monique Olivier pointe "quelques erreurs factuelles". Quand Me Seban l'exhorte de "tout nous dire" comme lui a demandé Selim Oliver, l'accusée répond comme à son habitude : "Je peux pas vous donner plus de détails, j'en sais pas plus".
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Provoc'
Pourtant, depuis son box, Monique Olivier écoute attentivement son fils. À ses sollicitations, elle répond sèchement : "Tu vas pas me faire la morale ! J'ai dit tout ce qu'il y a à dire !". Avant de le provoquer : "Et puis enlève ce déguisement, tu ressembles à ton père !". Selim Olivier témoigne engoncé dans une doudoune bleue fermée jusqu'au cou, les mains dans les poches, une perruque sur la tête, de grosses lunettes sur le nez et une fausse moustache. Il avait une première fois refusé de se rendre à Nanterre, affirmant qu'il était malade, et s'était vu accorder une visioconférence, au grand dam des avocats des parties civiles. Il avait également demandé le huis clos partiel, disant craindre pour sa sécurité et ne pas vouloir s'exposer dans la presse, mais se l'est vu refuser par le président, Didier Safar. "La justice se rend publiquement", avaient rappelé à ce propos les avocats généraux. En 2008, Michel Fourniret, père du témoin, avait refusé de s'exprimer devant la cour d'assises des Ardennes sans huis clos.
Selim Olivier n'avait plus vu sa mère depuis septembre 2022, lors d'une confrontation devant la juge d'instruction Sabine Kheris. "Tout ce que je peux demander, c'est à Monique Olivier d'aider, de se libérer d'un poids, d'aider les familles à faire leur deuil", explique-t-il aujourd'hui, avant de décrire son enfance passée avec Michel Fourniret – qui "n'était pas un père proche" ni aimant mais "autoritaire" – et Monique Olivier. À propos de cette dernière, il concède : "Nous étions proches elle et moi, nous étions bien". Il raconte ensuite avoir été "horrifié" de voir que sa mère "n'était pas une victime comme je le pensais" en apprenant les crimes de ses parents "par les médias". Selim Olivier affirme n'avoir jamais eu connaissances de ce qu'il se passait dans son foyer. Même lorsque son père est arrêté en 2003 en Belgique pour l'enlèvement raté d'une adolescente, le jeune homme pense que c'est pour "un braquage". Il apprend la vérité, là encore, dans la presse, dit-il. "J'ai vécu pendant 15 ans avec des acteurs (…), ils ont caché ce qu'ils faisaient, je n'ai jamais soupçonné qui ils étaient vraiment".
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