Le texte porté par la députée LREM Monique Limon prévoit notamment l’ouverture de l’adoption aux couples non mariés et aux concubin·es ainsi que l’abaissement de l’âge minimum requis pour l’adoption d’un·e enfant.
Par 96 voix contre 15, les député·es ont entériné la proposition de loi visant à réformer l’adoption. Défendu par la députée LREM Monique Limon depuis 2020 et soutenu par le Secrétaire d’État chargé de l’Enfance, Adrien Taquet, le texte adopté définitivement dans la soirée du 8 février, entend « faciliter et sécuriser l’adoption des enfants délaissé·es ». « Cette loi permettra d’abord à davantage d’enfants d’être adoptés. C’est sa grande force que d’augmenter les chances de donner une famille à chaque enfant qui n’en aurait pas ou dont la famille ne serait plus en mesure de s’occuper de lui », s'est réjouit Adrien Taquet à la tribune de l'Assemblée.
Parmi les dispositions du texte, celle de l’ouverture de l’adoption aux couples non mariés et aux concubin·es en est la mesure-phare. Elle doit mettre fin aux « discriminations relatives aux règles d’union ou à l’homoparentalité », souligne la députée LREM Coralie Dubost dans l’hémicycle. Jusqu’alors, seuls les couples mariés et les célibataires pouvaient prétendre à l’adoption. Les député·es Les Républicains (LR) se sont opposé·es à cette évolution, jugeant que le mariage était « le cadre le plus protecteur » pour l’adoption. Pour la rapporteuse du texte déposé en 2020 Monique Limon, au contraire, le mariage n’est « pas une garantie de stabilité » pour les enfants. Le texte a également l’ambition de faciliter les demandes d’agrément en abaissant l’âge minimal requis de 28 à 26 ans. Ainsi que la durée de vie commune minimale du couple réduit de deux à un an.
Adoption d’un·e enfant né·e par PMA à l’étranger dans un couple de femmes séparées
Au fil des débats, les échanges ont parfois été houleux entre les député·es du palais Bourbon. Plus particulièrement sur l’article 9 bis du texte qui concerne les couples de femmes ayant eu recours à une procréation médicalement assistée (PMA) à l’étranger et qui se sont séparées depuis. Cette disposition ouvre la possibilité pour la femme qui n’a pas accouché d’adopter l’enfant et ce, malgré l’opposition de celle qui a porté l’enfant. C’était d'ailleurs l’un des profonds désaccords entre les député·es LREM et les sénateur·rices LR qui avait fait échouer la commission mixte paritaire qui devait aboutir à une version commune du texte en décembre.
L’Assemblée a donc tranché hier soir en votant un dispositif transitoire jusqu’en 2025 puisque la loi de bioéthique votée en 2021 règle de toute façon la question en ouvrant la PMA aux couples de femmes en France. Ce sera désormais au juge d’établir le lien de filiation entre la mère qui n’a pas accouché et l’enfant après s’être assuré que le refus de la mère biologique n’a pas de « motif légitime ».
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Autre disposition : le texte réaffirme le caractère protecteur du statut de pupille de l’État, qui concerne les enfants mineur·es privé·es durablement de leur famille. Avec la réforme de l'adoption, le recueil d’enfants français·es devient désormais une compétence exclusive de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Les Organismes autorisés pour l’adoption (OAA) n’ont donc plus l’autorisation de recueillir des enfants en France pour leur trouver une famille – leur activité sera désormais tournée vers les adoptions internationales. « Nous voulons que l’Aide sociale à l’enfance recueille les enfants pour qu’ils bénéficient du statut de pupille de l’État, bien plus protecteur », a expliqué Monique Limon.
interdiction de l'adoption internationale individuelle
Le texte de loi entend également donner davantage de garanties dans le cadre d'une adoption internationale en prohibant désormais l’adoption internationale individuelle. Les candidat·es à l’adoption d’un·e enfant à l’étranger devront désormais être obligatoirement accompagné·e·s par un organisme autorisé pour l’adoption (OAA) ou par l’Agence française de l’adoption (AFA). Le texte souhaite mettre fin aux potentielles dérives que produisent les adoptions individuelles ne passant pas par des organismes agrées.
Une mesure dénoncée par certaines associations du secteur qui déplorent de ne plus pouvoir travailler avec des pays qui n’acceptent pas les OAA. « Dans ces pays, seules ces démarches individuelles permettent de recueillir des enfants en attente d’une famille », soulignait en janvier Marc Lassere, le président du Mouvement pour l’adoption sans frontières (MASF) dans Le Figaro.
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