Le dernier baromètre de l’Observatoire des femmes ingénieurs, publié le 12 janvier dernier, dresse un constat décevant. La proportion de femmes ingénieures est inchangée depuis dix ans avec des écarts de salaires toujours en faveur des hommes.
L’évolution n’est pas au rendez-vous. Depuis une dizaine d’années, les femmes restent minoritaires chez les ingénieur·es, représentant seulement 30% de la filière. Un écart notable comme pour celui des salaires qui restent toujours inférieurs à ceux des hommes nous indique le baromètre de l’Observatoire des femmes ingénieurs publié le 12 janvier dernier.
La féminisation de la filière ingénieur progresse, mais difficilement. Si dans les années 70 les femmes ne représentaient que 10% des diplômées, leur nombre a triplé aujourd’hui. Chez les jeunes diplômé·es, le taux de féminisation est en moyenne de 30,7 % selon le rapport. Ce chiffre varie néanmoins selon les régions. Il est par exemple de 38 % en Nouvelle-Aquitaine, mais de 27 % dans le Grand Est.
Une répartition professionnelle genrée
Les femmes, minoritaires, s'orientent en majorité vers l'agriculture, l’agro-alimentaire et l’industrie chimique, seules spécialités où la parité est respectée d'après les chiffres. Souvent rattachées aux métiers du care, elles s’engagent à 70 % dans le traitement de l’eau et l’assainissement, métiers liés à l’environnement. A contrario, elles sont en moyenne 2,8% de femmes à s’engager pour les métiers de la production informatique et électronique.
L’écart le plus notable est le manque de présence des femmes dans les Directions Générales. Elles y sont 2,5 fois moins nombreuses que les hommes en fin de carrière. Elles sont aussi moins présentes dans les fonctions de conseil, audit et management, qui sont aussi les plus rémunératrices. Cela se retranscrit sur la différence de salaire qui persiste entre les femmes et les hommes. Entre 30 et 39 ans, le salaire médian d’un·e ingénieur·e est de 48 000 € avec une différence de 10% entre les deux sexes. Entre 50 et 64 ans, cet écart a dépassé les 20%.
Une satisfaction en demi-teinte
Selon le rapport de l'Observatoire, la satisfaction professionnelle chez les femmes ingénieures est à nuancer. Près de 80 % d’entre elles s’estiment satisfaites, voire très satisfaites de leur travail. Elles bénéficient du plein-emploi de la filière (moins de 5 % d’entre-elles sont sans emploi), essentiellement salariées en CDI (Contrat de travail à durée indéterminée), elles restent deux fois mieux payées que la moyenne des Françaises. Elles reconnaissent aussi pouvoir bénéficier d’une liberté sur les horaires, le télétravail et d’une organisation du travail collaborative. La présence de crèches (disponible dans 15% des entreprises), de conciergeries (20%) et d’installations sportives (30%), contribue à leur satisfaction.
Mais, la confiance qu’elles ont en leur employeur recule avec l’âge. Comme constaté précédemment, à mesure qu’elles se cognent au fameux « plafond de verre » des salaires, leur satisfaction diminue. Pour pallier ce manque de féminisation, l’association des Femmes Ingénieures, organise ce jeudi 19 janvier 2023 la seconde édition du Forum Métiers « Ingénieur. e ? C'pour moi ! » qui aura lieu sur la plateforme de réalité virtuelle des Arts et Métiers.
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