Ce vendredi, la rapporteuse du Conseil d'État de Paris s’est prononcée en faveur d’un « arrêt spatio-temporel » de la pêche. Plusieurs associations de défense de l’environnement avaient saisi en 2021 la plus haute juridiction administrative française, réclamant des suspensions de la pêche dans l'Atlantique.
Alors que, depuis le 1er décembre, près de 400 dauphins ont été retrouvés morts sur les côtes Atlantiques, la rapporteuse du conseil d’Etat s’est prononcée ce vendredi 24 février en faveur de la mise en place d'ici à six mois de fermetures ponctuelles de certaines pêches jugées responsables du décès de nombreux dauphins dans le golfe de Gascogne. Le Conseil d'État avait été saisi en 2021 par plusieurs associations de défense de l’environnement, dont la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), Sea Shepherd et France Nature Environnement. La décision de la plus haute juridiction administrative française, qui suit généralement les avis de la rapporteuse, devrait se prononcer d'ici trois semaines, selon franceinfo.
« C’est une décision de justice, il faut la respecter », a réagi Emmanuel Macron, interrogé par le média en ligne Vakita, lors de sa visite ce samedi 25 février au salon de l'agriculture. Il reconnaît qu'« on [la France] a besoin d’améliorer nos pratiques », jugeant que les scènes de dauphins échoués sur les côtes françaises étaient « choquantes ». Mais il a insisté sur la nécessité d’« accompagner » les pêcheur·euses qui pourraient être concerné·es par les suspensions. La semaine dernière, le président de la LPO, Allain Bougrain Dubourg, rappelait que les pêcheur·euses étaient « disposés à envisager la suspension en échange d'une indemnité ».
La LPO, France nature environnement (FNE), Sea Shepherd France et l’association de défense des milieux aquatiques (DMA) avaient saisi le Conseil d'État pour obtenir des suspensions de la pêche de trois mois l'hiver et un mois l'été. Il s'agit des périodes les plus meurtrières pour les dauphins. Et depuis décembre, le nombre de dauphins échoués a atteint un pic encore jamais vu d'après le rapport Pelagis. « Compte tenu des insuffisances relevées et du risque que cela représente pour la pérennité de ces espèces protégées […] nous vous invitons à enjoindre le gouvernement à […] combiner le recours à des dispositifs de dissuasion acoustique à des mesures de fermetures spatio-temporelles […] dans un délai de six mois », a déclaré la rapporteuse dans son avis.
« Je suis choqué »
Alors que jusqu'ici le gouvernement n'avait adopté que des solutions techniques comme les pinger (répulsifs acoustiques) et les caméras embarquées, le président de la République a expliqué vouloir « continuer d’améliorer [les] dispositifs, d’investir » avec « de l’argent très largement public […], pour pouvoir arrêter des pratiques qui sont dangereuses, et en tout cas mieux prévenir celles-ci », a‑t-il poursuivi. « C’est un problème que je prends très au sérieux, je suis choqué, mais je le suis tout en restant très respectueux vis-à-vis de nos pêcheurs » qui ne doivent « pas être abandonnés » ni « stigmatisés », a déclaré Emmanuel Macron.
Les associations qui jugeaient insuffisantes les actions du gouvernement s'étaient mobilisées la semaine dernière pour mener des opérations de sensibilisation auprès des Français·es et du gouvernement. Mercredi, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) avait organisé un happening sur l'esplanade des Invalides en exposant 400 photos de cadavres de dauphins représentant les cétacés échoués sur les plages de l'Atlantique depuis le 1er décembre. Vendredi, c'est l'association Sea Shepherd France qui a organisé une action de sensibilisation à Nantes. L'association a notamment exposé dans le centre-ville deux carcasses de dauphins récupérés pendant la nuit dans des filets au large des Sables‑d'Olonne, avec une banderole sur laquelle était inscrite : « Des milliers de dauphins sont massacrés chaque année en France pour que vous mangiez du poisson ».
La LPO a néanmoins salué les propos du président ce dimanche : « Enfin ! Le Président se dit choqué par les captures », s’est-elle félicitée, l’appelant à « interdire sans attendre les pratiques meurtrières », selon Le Parisien.
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