800px Patrick Poivre dArvor 20100330 Salon du livre de Paris 1
©Georges Séguin

PPDA porte plainte contre seize femmes l’accusant de har­cè­le­ment et de vio­lences sexuelles

Patrick Poivre d’Arvor a por­té plainte mar­di pour « dénon­cia­tion calom­nieuse » à l’encontre de seize femmes l’accusant de har­cè­le­ment sexuel ou de vio­lences sexuelles. 

Quarante-​trois pages d'une plainte judi­ciaire dans les­quelles il fus­tige « un retour du puri­na­tisme et de la cen­sure, habi­le­ment parés de la pro­tec­tion des femmes ». Patrick Poivre d’Arvor est pas­sé d’accusé à accu­sa­teur. L’ancien pré­sen­ta­teur, star du JT de TF1, a por­té plainte avec consti­tu­tion de par­tie civile mar­di pour « dénon­cia­tion calom­nieuse » à l’encontre de seize femmes l’accusant de har­cè­le­ment sexuel ou de vio­lences sexuelles a appris, Complément d’enquête, le maga­zine de France 2 qui dif­fu­se­ra demain soir l’enquête inti­tu­lée PPDA, la chute d’un intou­chable.

L’avocat de PPDA a en effet confir­mé auprès de l’émission avoir dépo­sé cette plainte en début de semaine auprès du doyen des juges d’instruction du tri­bu­nal de Nanterre. « Depuis de nom­breux mois, beau­coup d’accusations qui n’ont aucun fon­de­ment sont por­tées contre Patrick Poivre d’Arvor. Il est temps que ces accu­sa­tions soient jugées. On ne peut pas accu­ser faus­se­ment et impu­né­ment », explique l’avocat à France Info.

Accusations contes­tées

« Depuis l’emballement géné­ré par la défer­lante #MeToo, la libé­ra­tion de la parole des femmes connaît mal­heu­reu­se­ment son lot d’excès et de dérives, et les moyens mis en œuvre pour ser­vir cet objec­tif légi­time peuvent s’avérer per­vers et dévas­ta­teurs », fus­tige ain­si Patrick Poivre d’Arvor dans sa plainte que Complément d’enquête et France Info ont pu consul­ter. En son sein, l’ancien jour­na­liste met en cause seize des vingt-​deux femmes qui ont témoi­gné à son encontre à la Brigade de répres­sion de la délin­quance contre la per­sonne (BRDP) depuis février 2021. 

Dans ce docu­ment, le plai­gnant est reve­nu sur cha­cune des accu­sa­tions, qu’il conteste toutes for­mel­le­ment. Pour quatre d’entre elles, PPDA a notam­ment cité des extraits de cor­res­pon­dances qui auraient été écrits après les faits dénon­cés, fra­gi­li­sant selon lui la ver­sion de ces femmes. « Il ne sau­rait être don­né le moindre cré­dit à ces seize femmes, jour­na­listes ou écri­vains en mal de renom­mée et/​ou fémi­nistes de la der­nière heure, venues sou­te­nir une ancienne col­lègue, une amie, voire une simple mili­tante de la cause fémi­nine », argue-​t-​il dedans. Avant de pour­suivre : « Regretter de ne pas avoir béné­fi­cié de davan­tage d’égards, voire d’un simple regard, de la part d’un homme qu’elles ont un temps admi­ré rend aujourd’hui les mises en cause écon­duites ou igno­rées très amères, amer­tume qui les conduit à com­mettre, par ven­geance tar­dive, le délit de dénon­cia­tion calomnieuse. » 

« Pathétique diversion »

L’avocate Laure Heinich, qui défend cer­taines femmes qui ont dépo­sé plainte à l’encontre de PPDA, dénonce dans un cour­rier adres­sé à Complément d’enquête « une plainte en dénon­cia­tion calom­nieuse dans des termes outra­geants qui ne font que l’accabler ». Les mises en cause « attendent impa­tiem­ment d’en répondre et de le confron­ter devant des juges, ce que la pres­crip­tion leur inter­di­sait », assure Maître Heinich. La jour­na­liste Hélène Devynck, mise en cause dans cette plainte, a dénon­cé sur Twitter une « pathé­tique diver­sion » et « [attend] que la pro­cé­dure bâillon se trans­forme en pro­cès et [qu’elles puissent] toutes défi­ler à la barre. »


Retour sur l’affaire 

L'affaire Patrick Poivre d'Arvor a com­men­cé en février 2021, lorsque l'écrivaine et jour­na­liste Florence Porcel avait por­té plainte contre lui, l'accusant de lui avoir impo­sé un rap­port sexuel en 2004 et une fel­la­tion en 2009. PPDA avait alors, déjà, por­té plainte contre elle pour dif­fa­ma­tion et dénon­cia­tion calom­nieuse. Le par­quet de Nanterre avait ensuite mené une enquête pré­li­mi­naire pen­dant quatre mois avant de clas­ser « sans suite » la plainte de l'autrice de Pandorini (livre ins­pi­ré de ce qu'elle dit avoir vécu avec PPDA) en juin. La plainte en dif­fa­ma­tion et dénon­cia­tion calom­nieuse de l'intéressé avait, elle aus­si, été clas­sée sans suite, tout comme celles de huit autres femmes qui avaient aus­si dépo­sé plainte pour « viols, agres­sions sexuelles ou har­cè­le­ment sexuel » à la suite des révé­la­tions de Florence Porcel. Cette der­nière s'est depuis consti­tuée par­tie civile auprès du doyen des juges d'instruction, entraî­nant de fait l'ouverture d'une nou­velle enquête en décembre. 

Lire aus­si l Florence Porcel : « La fic­tion per­met un res­pect de ma pudeur que le témoi­gnage ne rend pas possible »

Selon la vice-​présidente de l’association #MeTooMédias Muriel Reus, qui a répon­du aux ques­tions de Complément d’enquête, seize femmes ont por­té plainte à ce jour contre Patrick Poivre d’Arvor, dont sept pour viol. Si une majo­ri­té des faits ont été pres­crits et les plaintes clas­sées par la jus­tice pour « insuf­fi­sance de preuves », le par­quet de Nanterre a ouvert une enquête pré­li­mi­naire le 17 décembre 2021 à la suite de la plainte dépo­sée le 9 novembre par Laure Eude, qui accuse Patrick Poivre d’Arvor de l’avoir vio­lée en 1985.

Lire aus­si I Après de nou­veaux témoi­gnages publiés dans Libé, le par­quet de Nanterre ouvre une enquête préliminaire

Auprès de France Info, l'avocat de PPDA, Philippe Naepels annonce son inten­tion de dépo­ser une nou­velle plainte pour « dénon­cia­tion calom­nieuse » avec consti­tu­tion de par­tie civile à l'encontre de Florence Porcel, en réponse à la consti­tu­tion en par­tie civile de cette der­nière en novembre. L'instruction de la plainte de Florence Porcel est tou­jours en cours.

Complément d'Enquête, PPDA : la chute d'un intou­chable, dif­fu­sé ce jeu­di 28 avril sur France 2 à 23 h.

Lire aus­si l Plaintes en dif­fa­ma­tion : l’arme fatale des hommes accu­sés de violence

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