Florence Porcel : « La fic­tion per­met un res­pect de ma pudeur que le témoi­gnage ne rend pas possible »

On connaît Florence Porcel pour sa chaîne Youtube, ses chro­niques radio et ses ouvrages de vul­ga­ri­sa­tion scien­ti­fique. La jeune femme passe à la fic­tion avec Pandorini, un roman qui raconte au plus près la zone grise et le phé­no­mène d’emprise. Un vrai roman post-#MeToo.

Porcel c Valeria Pacella A

Causette : Jusqu’ici, vous écri­viez plu­tôt des livres sur le sys­tème solaire ou les secrets de l’univers. Qu’est-ce qui vous a don­né envie de pas­ser à la fic­tion ? Florence Porcel : J’écris de la fic­tion depuis que je sais écrire ! C’est juste que je n’ai jamais été édi­tée dans ce genre avant Pandorini. La vul­ga­ri­sa­tion est arri­vée par hasard dans mon par­cours… Du coup, c’est comme si je reve­nais à la source.

Cette fois, vous ne vous atta­quez pas à un sujet scien­ti­fique, mais à un pro­blème de socié­té brû­lant : l’histoire d’un pré­da­teur, Pandorini, grand acteur de ciné­ma, qui abuse de la confiance d’une jeune fille. Cela résonne bien sûr avec #MeToo. Mais aus­si avec votre his­toire ?
F. P. :
Complètement. Pandorini et la nar­ra­trice sont des per­son­nages de pure fic­tion, leur envi­ron­ne­ment aus­si. Néanmoins, ce qui se passe entre eux est pré­ci­sé­ment ce que j’ai vécu.

Pourquoi pas­ser par la fic­tion du coup, plu­tôt que par un témoi­gnage per­son­nel ?
F. P. :
Premièrement, parce que j’en écris depuis tou­jours et que c’est ma nature de m’exprimer de cette façon. Deuxièmement, les indi­vi­dus que nous sommes ne m’in- téressent pas : j’ai construit mes per­son­nages comme des arché­types pour que mon his­toire per­son­nelle ait une por­tée uni­ver­selle, pour mettre les pro­jec­teurs sur le sys­tème qui forme ces indi­vi­dus et auto­rise les actes qui en ont décou­lé. Troisièmement, la fic­tion per­met un recul et un res­pect de ma pudeur que le témoi­gnage ne rend pas pos­sible ! Quatrièmement, trans­for­mer ce trau­ma­tisme en lit­té­ra­ture est une manière pour moi de m’émanciper et de reprendre un sem­blant de pou­voir sur ma propre his­toire. Et cin­quiè­me­ment, il n’est pas mort du tout…

Le mou­ve­ment #MeToo a donc été un tour­nant pour vous, dans votre prise de conscience fémi­niste ?
F. P. :
Non, j’ai tou­jours été fémi­niste et je me suis plon­gée dans l’histoire des fémi­nismes, la socio­lo­gie et les essais quelques années avant #MeToo. En revanche, avoir vécu la nais­sance de cette révo­lu­tion m’a rem­plie d’une joie indescriptible !

Quel effet aimeriez-​vous que ce livre pro­duise chez ses lec­trices ?
F. P. :
Une fois que le livre est écrit, je n’ai pas la main sur sa récep­tion ! En tout cas, j’ai vou­lu trai­ter deux notions que j’ai rare­ment trou­vées dans la lit­té­ra­ture : la sidé­ra­tion et le déni. Si cela peut aider cer­taines lec­trices à com­prendre leur propre his­toire, alors j’en serais très heureuse.

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