On connaît Florence Porcel pour sa chaîne Youtube, ses chroniques radio et ses ouvrages de vulgarisation scientifique. La jeune femme passe à la fiction avec Pandorini, un roman qui raconte au plus près la zone grise et le phénomène d’emprise. Un vrai roman post-#MeToo.
![Florence Porcel : «La fiction permet un respect de ma pudeur que le témoignage ne rend pas possible» 1 Porcel c Valeria Pacella A](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2021/01/Porcel-c-Valeria-Pacella-A-682x1024.jpg)
Causette : Jusqu’ici, vous écriviez plutôt des livres sur le système solaire ou les secrets de l’univers. Qu’est-ce qui vous a donné envie de passer à la fiction ? Florence Porcel : J’écris de la fiction depuis que je sais écrire ! C’est juste que je n’ai jamais été éditée dans ce genre avant Pandorini. La vulgarisation est arrivée par hasard dans mon parcours… Du coup, c’est comme si je revenais à la source.
Cette fois, vous ne vous attaquez pas à un sujet scientifique, mais à un problème de société brûlant : l’histoire d’un prédateur, Pandorini, grand acteur de cinéma, qui abuse de la confiance d’une jeune fille. Cela résonne bien sûr avec #MeToo. Mais aussi avec votre histoire ?
F. P. : Complètement. Pandorini et la narratrice sont des personnages de pure fiction, leur environnement aussi. Néanmoins, ce qui se passe entre eux est précisément ce que j’ai vécu.
Pourquoi passer par la fiction du coup, plutôt que par un témoignage personnel ?
F. P. : Premièrement, parce que j’en écris depuis toujours et que c’est ma nature de m’exprimer de cette façon. Deuxièmement, les individus que nous sommes ne m’in- téressent pas : j’ai construit mes personnages comme des archétypes pour que mon histoire personnelle ait une portée universelle, pour mettre les projecteurs sur le système qui forme ces individus et autorise les actes qui en ont découlé. Troisièmement, la fiction permet un recul et un respect de ma pudeur que le témoignage ne rend pas possible ! Quatrièmement, transformer ce traumatisme en littérature est une manière pour moi de m’émanciper et de reprendre un semblant de pouvoir sur ma propre histoire. Et cinquièmement, il n’est pas mort du tout…
Le mouvement #MeToo a donc été un tournant pour vous, dans votre prise de conscience féministe ?
F. P. : Non, j’ai toujours été féministe et je me suis plongée dans l’histoire des féminismes, la sociologie et les essais quelques années avant #MeToo. En revanche, avoir vécu la naissance de cette révolution m’a remplie d’une joie indescriptible !
Quel effet aimeriez-vous que ce livre produise chez ses lectrices ?
F. P. : Une fois que le livre est écrit, je n’ai pas la main sur sa réception ! En tout cas, j’ai voulu traiter deux notions que j’ai rarement trouvées dans la littérature : la sidération et le déni. Si cela peut aider certaines lectrices à comprendre leur propre histoire, alors j’en serais très heureuse.