La Première ministre Élisabeth Borne présidait hier le troisième Comité interministériel à l’enfance (CIE), principalement axé sur la lutte contre les violences. Elle y a présenté une série de nouvelles mesures, qui peinent à satisfaire les associations de défense des droits des enfants.
Un “empilement de mesurettes sans réel financement”, voilà comment Lyes Louffok – ancien enfant placé et ancien membre du Conseil national de la protection de l’enfance – a décrit à l’AFP le nouveau plan du gouvernement contre les violences faites aux enfants. Au sein des associations de défense des droits de l’enfant, les mesures présentées hier par la Première ministre convainquent peu.
Élisabeth Borne a présidé, ce lundi 20 novembre, le troisième Comité interministériel à l’enfance (CIE), principalement axé sur la lutte contre les violences. “Pour cette journée internationale des droits des enfants, le message que je veux faire passer, c’est que partout où des améliorations sont possibles, nous devons continuer à agir”, a‑t-elle déclaré en guise d’introduction du CIE, à Matignon. La ministre y a ensuite présenté ce nouveau plan d’une vingtaine de mesures, articulé sur deux axes principaux : un plan de lutte contre les violences faites aux enfants pour la période 2023–2027 et des mesures sur “la réponse de l’État pour les enfants protégés et vulnérables”.
Le premier axe comprend notamment l’augmentation des effectifs de l’Office central des mineurs (Ofmin), passant de 37 à 85 enquêteur·rices d’ici à deux ans, de nouveaux postes au sein des dispositifs de recueil de la parole de l’enfant (tel que le numéro 119 et la cellule Signal sport), ou encore la nomination de dix “délégué[·e]s départementaux à la protection de l’enfance” placé·es auprès des préfet·tes, un dispositif qui a “vocation à être généralisé”. Élisabeth Borne a également annoncé la création d’une unité d’accueil pédiatrique par ressort de tribunal, un “plan de formation interministériel” et une campagne de communication annuelle. Celle de 2024 portera sur les violences faites aux enfants dans le sport. “Il faut donner un coup pour donner le sentiment qu’on casse la reproduction des violences”, a insisté lundi, à propos de ces propositions, la secrétaire d’État à l’Enfance Charlotte Caubel.
Le second axe – consacré à l’action de l’État en faveur des “enfants protégés et vulnérables” – comprend quant à lui le dispositif “Scolarité protégée” porté par le ministre Gabriel Attal, “une véritable feuille de route entre les acteurs de l’école et ceux de la protection de l’enfance”. Il inclut notamment la nomination de référent·es et la systématisation d’entretiens pédagogiques à 15 et 17 ans pour les enfants concerné·es. S’ajoute à cet axe un “coup de pouce financier” de 1 500 euros octroyé aux jeunes sortant·es de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), automatiquement perçu à la majorité. Cette aide financière intervient dans le cadre d’un “pack autonomie jeune” qui comprendra des actions de mentorat et une cérémonie de majorité organisée dans les départements.
Face à ces différentes annonces, les réactions des associations ne se sont pas fait attendre. Martine Brousse, présidente de l’association La Voix de l’enfant a fait part d’“une forme de déception” à la vue de ce plan. “Au lieu d’avoir une vue globale de l’enfant en souffrance, on a des annonces de choses déjà faites, il n’y a presque rien de nouveau”, a‑t-elle jugé. “Les enfants ont besoin d’un plan d’urgence, pas d’un plan de communication”, a pour sa part réagi le Collectif enfantiste.
Décision très attendue également par les associations, Élisabeth Borne s’est contentée de “saluer” le travail de la Ciivise – commission notamment chargée de lutter contre l’inceste –, sans pour autant se prononcer sur sa pérennité.