Jusqu’ici incertain, l’avenir de la Ciivise – Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants – se précise peu à peu. La secrétaire d’État à l’Enfance, Charlotte Caubel, a annoncé, dimanche, l’intention du gouvernement de faire perdurer cet organisme.
“Je souhaite que le travail de la Ciivise continue, avec une nouvelle feuille de route”, a déclaré hier dans le JDD Charlotte Caubel, secrétaire d’État à l’Enfance. L’avenir de la commission coprésidée par le juge pour enfants Édouard Durand et la responsable associative Nathalie Mathieu était jusqu’ici resté flou, alors qu’elle a rendu son rapport ce lundi 20 novembre. D’après Charlotte Caubel, la Ciivise – créée en 2021 dans le sillage de l’onde de choc provoquée par le livre La Familia Grande, de Camille Kouchner, qui accusait son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, de viols sur son frère jumeau – devrait donc finalement perdurer, en élargissant ses missions, au-delà notamment de la question de l’inceste pour comprendre d’autres enjeux pressants. “On doit maintenant se saisir d’autres sujets primordiaux, selon moi : l’impact de la pédocriminalité en ligne sur la pédocriminalité réelle, de l’accès à la pornographie et donc de l’éducation à la sexualité de nos enfants, a‑t-elle ainsi énuméré. Il y a aussi la prostitution des mineurs, qui devient un sujet énorme.”
Pour rappel, les sénateur·rices avaient adressé, lundi dernier, une lettre au président Macron pour réclamer le maintien de la Ciivise. Charlotte Caubel ne s’est néanmoins pas prononcée sur le sort d’Édouard Durand, dont l’avenir à la tête de la Ciivise semble fragile. En effet, son aura médiatique, la mise en cause répétée des dysfonctionnements du traitement judiciaire des violences sexuelles et son indépendance agacent, selon des observateur·rices.
Pour Arnaud Gallais, membre de la Ciivise et président de l’association BeBrave de “survivants de violences sexuelles”, écarter le juge serait “une erreur stratégique. Ça remettrait en question quelque chose qui est essentiel pour les victimes, la question du lien”. Pour Claire Bourdille, fondatrice du collectif Enfantiste, “il faut que la commission continue et qu’elle continue avec les mêmes professionnels. ça n’a pas de sens de changer une équipe qui fonctionne.”
Ces déclarations de la secrétaire d’État à l’Enfance surviennent alors que le gouvernement doit dévoiler, ce lundi 20 novembre, un plan en vingt-deux volets contre les violences (sexuelles et autres) faites aux enfants.