Depuis la publication le 7 janvier de La Familia grande, le livre de Camille Kouchner révélant l'inceste commis sur son frère par son beau-père Olivier Duhamel, la parole des victimes d'inceste se libère. Derrière les témoignages véhiculés par le mot-dièse #MeTooInceste se cachent un·e Français·e sur dix, d'après les vertigineux chiffres d'un récent sondage Ipsos. Soit 6,7 millions de victimes dans le pays. Causette a rencontré le vice-président de l'association Face à l'inceste, Patrick Loiseleur, qui porte le combat des survivantes et survivants d'inceste, et souhaite vivement que les voix qui se soulèvent aujourd'hui soient entendues par les institutions.
Quel regard portez-vous sur la libération de la parole de victimes d'inceste, dans le sillage des révélations de La Familia grande, par ailleurs véritable succès de librairie ?
Patrick Loiseleur : On se réjouit évidemment aujourd'hui de la vague #MeTooInceste et que le sujet fasse enfin irruption dans le débat public. Amener les bonnes questions est une chose mais il faut ensuite y apporter les bonnes réponses. En 2018, lors de la loi Schiappa pour la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, notre association a essayé de mettre la question de l’inceste sur la table mais nous n'avons pas été entendus. Il y a un déni institutionnel, une réticence à aborder le sujet, et à employer les mots justes, et non des périphrases en parlant d’abus ou de violences sexuels. Si aujourd'hui on veut s’informer sur le tabac, il existe Tabac info services, mis en place par le gouvernement. Idem pour l’institut contre le cancer par exemple. Mais où est l’institut de l’inceste en France ? C’est aussi une question de santé publique. Il faut se rendre compte que notre site est quasiment la seule réponse possible aux victimes qui font une recherche sur internet. Alors que nous sommes[…]