Fin 2023, 489 victimes de pédocriminalité dans l’Église en France avaient obtenu une réparation financière, selon le deuxième rapport annuel de l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr), publié ce jeudi.
Dans son deuxième rapport annuel, l'Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr) révèle que 489 victimes de pédocriminalité dans l'Église ont obtenu une réparation financière fin 2023. L'Inirr propose des réparations aux victimes de prêtres ou laïcs dans les diocèses, établissements ou mouvements de jeunesse catholiques, à l'exception des congrégations.
Sa création avait été décidée par l’épiscopat en novembre 2021, peu après la publication d’un rapport choc sur la pédocriminalité dans l’Église catholique française depuis 1950. Sur la seule année 2023, cette structure a ainsi rendu 358 décisions financières pour un montant moyen de 35 310 euros, contre 131 l’année précédente.
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Au total, l’institution a été saisie par 1 351 victimes au 31 décembre, dont 215 sur la seule année 2023. “On constate un ralentissement des saisines, avec des variations selon l’actualité. Dès qu’on entend parler des violences sexuelles, davantage de sollicitations nous parviennent”, a expliqué la présidente de l’Inirr, Marie Derain de Vaucresson, lors d’une conférence de presse. La responsable a également noté “un rajeunissement des sollicitations”, l’âge moyen étant passé de 63 à 61 ans. L’institution connaît par ailleurs une féminisation des saisines (34 %) importante, car si “des femmes parlent, cela en autorise d’autres à parler”, analyse Marie Derain de Vaucresson.
Démarches restauratives
En 2023, 58 % des situations étudiées concernaient des viols. “En plus de la gravité de ces violences, la majorité s’inscrivent dans le temps” puisque 39 % se sont poursuivies plus d’un an. L’âge des victimes, au début des violences sexuelles, “se concentre principalement entre 6 et 15 ans”. Avec pour cadre des établissements scolaires catholiques (23 %), le catéchisme ou l’aumônerie (18 %), ou encore un mouvement de jeunesse (17 %).
Au-delà de la réparation financière, que certaines victimes refusent, “l’année 2023 a été marquée par l’essor des démarches restauratives” qui “jouent un rôle essentiel dans le processus de reconstruction”, note le rapport. Ces démarches restauratives sont diverses : lettre de l’Église (25 % des cas) ou dialogue avec elle (20 %), témoignage (15 %)… mais aussi orientation vers des soins médico-psychosociaux dans 12 % des cas.
Pour ce qui est de l'avenir de l'instance, Marie Derain de Vaucresson a souligné que son mandat s'arrêtait en novembre et qu'une décision serait prise à Lourdes, où les évêques tiennent leur assemblée de printemps la semaine prochaine. "540 personnes attendent, on ne peut pas les laisser", a‑t-elle commenté, assurant qu'"on continuera pour elles".
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