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Emmanuel Macron a accordé un entretien à France Inter à l'Élysée le 11 novembre 2022. ©Capture d'écran Twitter.

Iran : Macron « favo­rable » à des « sanc­tions » contre ceux qui ont une « res­pon­sa­bi­li­té dans la répression »

Dans un entre­tien à France Inter dif­fu­sé ce lun­di 14 novembre, Emmanuel Macron a salué le com­bat des femmes ira­niennes et s’est dit « favo­rable » à des sanc­tions contre des per­son­na­li­tés du régime qui ont une « res­pon­sa­bi­li­té dans la répres­sion » des manifestant·es.

« Je leur ai dit notre admi­ra­tion, notre res­pect, notre sou­tien, car leur com­bat est celui des valeurs qui sont notre devise, il est celui d’un uni­ver­sa­lisme de liber­té auquel nous croyons. » C’est par ces mots qu’Emmanuel Macron a salué le cou­rage des femmes ira­niennes et de la « révo­lu­tion qu’elles sont en train de conduire » dans leur pays. Dans un entre­tien accor­dé à France Inter, enre­gis­tré ven­dre­di à l’Élysée et dif­fu­sé sur les ondes ce lun­di 14 novembre, le pré­sident est reve­nu sur sa ren­contre, un peu plus tôt dans la jour­née de ven­dre­di, avec quatre mili­tantes ira­niennes, en marge du Forum de Paris sur la Paix qui s'est tenu ce 11 et 12 novembre dans la capitale. 

La délé­ga­tion fémi­nine reçue à l’Élysée était com­po­sée de Masih Alinejad, une mili­tante ira­nienne basée à New York qui encou­rage les femmes ira­niennes à pro­tes­ter contre l’obligation du port du voile, Shima Babaei, qui se bat pour avoir des infor­ma­tions sur son père dont elle est sans nou­velles, Ladan Boroumand, cofon­da­trice d’une orga­ni­sa­tion de défense des droits humains basée à Washington, et Roya Piraei, dont la mère a été tuée lors des récentes mani­fes­ta­tions. Pour le pré­sident de la République, ces quatre femmes portent un com­bat « avec un cou­rage excep­tion­nel, au prix de leur vie, de celle de leurs proches ».

Lire aus­si I « Cette liber­té, d’autres femmes au-​delà de vos fron­tières la réclament pour leurs sœurs » : lettre d'une Franco-​iranienne au régime iranien

« Favorable à une réac­tion diplo­ma­tique forte »

Le pré­sident a aus­si salué la mobi­li­sa­tion des hommes ira­niens aux côtés des femmes. « Ce qui est le plus impres­sion­nant dans ce mou­ve­ment et cette révo­lu­tion, c'est que ces jeunes femmes et ces jeunes hommes n'ont jamais vécu que sous ce régime de la République isla­mique d'Iran, a sou­li­gné Emmanuel Macron. Elles disent stop : "je ne veux pas por­ter le voile, je ne veux pas de cette sou­mis­sion". Ce qui advient, c'est donc la volon­té de recon­naître l'égalité entre la femme et l'homme. »

Emmanuel Macron a éga­le­ment affir­mé être « favo­rable à une réac­tion diplo­ma­tique forte » et à des « sanc­tions sur les per­son­na­li­tés liées au régime ». Le pré­sident a pré­ci­sé qu’il sou­haite des sanc­tions « ciblées » contre ceux qui ont une « res­pon­sa­bi­li­té dans la répres­sion de cette révo­lu­tion ». Emmanuel Macron a éga­le­ment indi­qué qu'un tra­vail était en cours au niveau euro­péen pour « com­plé­ter les listes » de per­son­na­li­tés sanc­tion­nées par l'Union euro­péenne qui feront pro­chai­ne­ment l’objet d’une inter­dic­tion de visa sur le sol euro­péen ain­si que d’un gel des avoirs dans les États membres de l’UE. « La grande dif­fi­cul­té, c'est d'être sûr de sanc­tion­ner les bonnes per­sonnes, celles qui sont au cœur du sys­tème », ajoute-​t-​il, assu­rant vou­loir veiller à ce que ces mesures soient « effi­caces » et qu'elles « ne pèsent pas sur la population ».

Macron assume avoir ren­con­tré le pré­sident Iranien 

Au micro de France Inter, Emmanuel Macron s’est mon­tré ferme à l’encontre du régime des mol­lahs, tout en assu­mant avoir ren­con­tré le pré­sident ira­nien ultra­con­ser­va­teur Ebrahim Raissi à New York, le 20 sep­tembre der­nier. Soit quatre jours après la mort de Mahsa Amini, décé­dée après avoir été arrê­tée par la police des mœurs pour avoir enfreint le strict code ves­ti­men­taire de la République isla­mique. « Je res­pecte pro­fon­dé­ment l'émotion, et même la révolte que ça peut sou­le­ver. Mais de là où je suis, le rôle le plus utile est de mener un tra­vail diplo­ma­tique », s’est-il défen­du. Selon lui, il s'agit du « devoir de la France » de main­te­nir le dialogue.

Vendredi, le Président a d’ailleurs assu­ré que « toutes les options diplo­ma­tiques » sont actuel­le­ment sur la table. Selon lui, « le niveau de vio­lence et de répres­sion » du régime ira­nien est « inédit » et doit conduire à une « réac­tion de la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale ». Parmi les pistes évo­quées, la pro­po­si­tion d'une réso­lu­tion au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, por­tant sur la créa­tion d'un méca­nisme d'enquête sur la « vio­la­tion des droits de l'homme en Iran ».

Téhéran fus­tige la prise de parole de la France 

La réac­tion de Téhéran n’a pas tar­dé. Dimanche, Nasser Kanani, porte-​parole du minis­tère des Affaires étran­gères du régime ira­nien, a qua­li­fié de « regret­tables et hon­teuses » les décla­ra­tions du pré­sident fran­çais. Le porte-​parole a fus­ti­gé une « vio­la­tion fla­grante des res­pon­sa­bi­li­tés inter­na­tio­nales de la France dans la lutte contre le ter­ro­risme et la violence ».

En Iran, la répres­sion de la mobi­li­sa­tion, qui dure main­te­nant depuis deux mois, est mon­tée d’un cran. Dimanche, un tri­bu­nal de Téhéran a condam­né à mort, pour la pre­mière fois, une per­sonne accu­sée d’avoir par­ti­ci­pé « aux émeutes », rap­porte France Info. Selon le ver­dict qui le condamne à la peine capi­tale, un homme a été jugé cou­pable « d'avoir incen­dié un bâti­ment gou­ver­ne­men­tal, de trouble à l'ordre public, de ras­sem­ble­ment et conspi­ra­tion en vue de com­mettre un crime contre la sécu­ri­té natio­nale, et enne­mi de Dieu et cor­rup­tion sur terre », a pré­ci­sé l'agence de l’autorité judi­ciaire du pays. En deux mois, la répres­sion des pro­tes­ta­tions a fait au moins 326 mort·es, dont 43 enfants, selon un nou­veau bilan révé­lé le 12 novembre par l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo.

Lire aus­si I Iran : la police ouvre le feu sur des manifestant·es ren­dant hom­mage à Mahsa Amini dans sa ville d'origine

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