Dans un entretien à France Inter diffusé ce lundi 14 novembre, Emmanuel Macron a salué le combat des femmes iraniennes et s’est dit « favorable » à des sanctions contre des personnalités du régime qui ont une « responsabilité dans la répression » des manifestant·es.
« Je leur ai dit notre admiration, notre respect, notre soutien, car leur combat est celui des valeurs qui sont notre devise, il est celui d’un universalisme de liberté auquel nous croyons. » C’est par ces mots qu’Emmanuel Macron a salué le courage des femmes iraniennes et de la « révolution qu’elles sont en train de conduire » dans leur pays. Dans un entretien accordé à France Inter, enregistré vendredi à l’Élysée et diffusé sur les ondes ce lundi 14 novembre, le président est revenu sur sa rencontre, un peu plus tôt dans la journée de vendredi, avec quatre militantes iraniennes, en marge du Forum de Paris sur la Paix qui s'est tenu ce 11 et 12 novembre dans la capitale.
La délégation féminine reçue à l’Élysée était composée de Masih Alinejad, une militante iranienne basée à New York qui encourage les femmes iraniennes à protester contre l’obligation du port du voile, Shima Babaei, qui se bat pour avoir des informations sur son père dont elle est sans nouvelles, Ladan Boroumand, cofondatrice d’une organisation de défense des droits humains basée à Washington, et Roya Piraei, dont la mère a été tuée lors des récentes manifestations. Pour le président de la République, ces quatre femmes portent un combat « avec un courage exceptionnel, au prix de leur vie, de celle de leurs proches ».
« Favorable à une réaction diplomatique forte »
Le président a aussi salué la mobilisation des hommes iraniens aux côtés des femmes. « Ce qui est le plus impressionnant dans ce mouvement et cette révolution, c'est que ces jeunes femmes et ces jeunes hommes n'ont jamais vécu que sous ce régime de la République islamique d'Iran, a souligné Emmanuel Macron. Elles disent stop : "je ne veux pas porter le voile, je ne veux pas de cette soumission". Ce qui advient, c'est donc la volonté de reconnaître l'égalité entre la femme et l'homme. »
Emmanuel Macron a également affirmé être « favorable à une réaction diplomatique forte » et à des « sanctions sur les personnalités liées au régime ». Le président a précisé qu’il souhaite des sanctions « ciblées » contre ceux qui ont une « responsabilité dans la répression de cette révolution ». Emmanuel Macron a également indiqué qu'un travail était en cours au niveau européen pour « compléter les listes » de personnalités sanctionnées par l'Union européenne qui feront prochainement l’objet d’une interdiction de visa sur le sol européen ainsi que d’un gel des avoirs dans les États membres de l’UE. « La grande difficulté, c'est d'être sûr de sanctionner les bonnes personnes, celles qui sont au cœur du système », ajoute-t-il, assurant vouloir veiller à ce que ces mesures soient « efficaces » et qu'elles « ne pèsent pas sur la population ».
Macron assume avoir rencontré le président Iranien
Au micro de France Inter, Emmanuel Macron s’est montré ferme à l’encontre du régime des mollahs, tout en assumant avoir rencontré le président iranien ultraconservateur Ebrahim Raissi à New York, le 20 septembre dernier. Soit quatre jours après la mort de Mahsa Amini, décédée après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour avoir enfreint le strict code vestimentaire de la République islamique. « Je respecte profondément l'émotion, et même la révolte que ça peut soulever. Mais de là où je suis, le rôle le plus utile est de mener un travail diplomatique », s’est-il défendu. Selon lui, il s'agit du « devoir de la France » de maintenir le dialogue.
Vendredi, le Président a d’ailleurs assuré que « toutes les options diplomatiques » sont actuellement sur la table. Selon lui, « le niveau de violence et de répression » du régime iranien est « inédit » et doit conduire à une « réaction de la communauté internationale ». Parmi les pistes évoquées, la proposition d'une résolution au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, portant sur la création d'un mécanisme d'enquête sur la « violation des droits de l'homme en Iran ».
Téhéran fustige la prise de parole de la France
La réaction de Téhéran n’a pas tardé. Dimanche, Nasser Kanani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères du régime iranien, a qualifié de « regrettables et honteuses » les déclarations du président français. Le porte-parole a fustigé une « violation flagrante des responsabilités internationales de la France dans la lutte contre le terrorisme et la violence ».
En Iran, la répression de la mobilisation, qui dure maintenant depuis deux mois, est montée d’un cran. Dimanche, un tribunal de Téhéran a condamné à mort, pour la première fois, une personne accusée d’avoir participé « aux émeutes », rapporte France Info. Selon le verdict qui le condamne à la peine capitale, un homme a été jugé coupable « d'avoir incendié un bâtiment gouvernemental, de trouble à l'ordre public, de rassemblement et conspiration en vue de commettre un crime contre la sécurité nationale, et ennemi de Dieu et corruption sur terre », a précisé l'agence de l’autorité judiciaire du pays. En deux mois, la répression des protestations a fait au moins 326 mort·es, dont 43 enfants, selon un nouveau bilan révélé le 12 novembre par l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo.
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