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Fin de vie : le gou­ver­ne­ment pré­pare un pro­jet de loi d’ici la fin de l’été

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© Wikipédia

Dans un entre­tien au Journal du Dimanche, ce week-​end, la ministre délé­guée char­gée de l’Organisation ter­ri­to­riale et des Professions de san­té a détaillé les contours de la future loi sur la fin de vie qu’Emmanuel Macron annon­ce­ra d’ici à la fin de l’été. 

Au len­de­main de la clô­ture des tra­vaux de la Convention citoyenne sur la fin de vie qui s'est pro­non­cée en majo­ri­té favo­rable au sui­cide assis­té et à l'euthanasie, le 3 avril, le chef de l’Etat a annon­cé « un pro­jet de loi » sur la fin de vie d’ici « à la fin de l’été ». Dimanche 21 mai, Agnès Firmin Le Bodo, la ministre délé­guée char­gée de l’Organisation ter­ri­to­riale et des Professions de san­té, qui por­te­ra le pro­jet de loi sur la fin de vie, a, elle, annon­cé dans un entre­tien don­né au Journal du Dimanche (JDD) les contours du futur texte de loi qui devra assu­rer « une tra­ça­bi­li­té de A à Z » pour un contrôle a prio­ri et a posteriori. 

Le texte « com­pren­dra trois blocs : aide active à mou­rir, soins pal­lia­tifs et droits des patients », a décrit la ministre, qui ne tranche pas sur ce que serait le modèle fran­çais entre aide active à mou­rir et eutha­na­sie. « Ce qui importe, c’est que la pos­si­bi­li­té enca­drée de béné­fi­cier d’une aide active à mou­rir devienne effec­tive, comme le réclament 75 % de nos conci­toyens », a expo­sé Agnès Firmin Le Bodo qui s’impose donc comme la pilote de la réforme aux dépens du ministre de la san­té, François Braun, plus réser­vé sur le sujet.

« La fin de vie est, depuis ma nomi­na­tion au gou­ver­ne­ment, au cœur des mis­sions qui m’ont été confiées », a assu­mé la ministre, dans l’entretien au Journal du Dimanche avant de ten­ter de ras­su­rer ceux et celles qui s’inquiètent du conte­nu du futur pro­jet de loi. Interrogée sur ce que serait le « modèle fran­çais » de la fin de vie, la ministre a répon­du en pre­mier lieu que « dans ce pro­jet, rien n’est pour l’instant défi­ni­tif ». D'ici quinze jours, la ministre va plan­cher sur son éla­bo­ra­tion avec un groupe de soignant·es et de par­le­men­taires déjà impliqué·es dans le débat.

Clause de conscience pour les soignant·es 

Mais les lignes rouges du pro­jet de loi sont, elles, déjà fixées. « Les mineurs en seront exclus ; le pro­nos­tic vital du patient devra être enga­gé à moyen terme ; sa volon­té recueillie à plu­sieurs reprises ; son dis­cer­ne­ment, intact. » La notion de moyen terme est « au cœur du tra­vail en cours », a‑t-​elle com­plé­té. « D’autres points ne sont pas tran­chés : quel délai pour réité­rer la demande ? L’équipe plu­ri­dis­ci­pli­naire examinera-​t-​elle la pre­mière ou la deuxième requête ? Prévoit-​on une consul­ta­tion psy­cho­lo­gique entre les deux ? », a‑t-​elle mis en avant.

« Les patients souf­frant de mala­dies psy­chiques » n’auront pas accès à l’aide active à mou­rir, a pour­sui­vi la ministre. En outre, « il fau­dra s’assurer que le patient s’est bien vu pro­po­ser une prise en charge pal­lia­tive. Car la plu­part ne sou­haitent plus mou­rir quand ils béné­fi­cient de ces soins », a‑t-​elle rappelé. 

Parmi les mesures qui com­po­se­ront le futur texte de loi, Agnès Firmin Le Bodo a expli­qué sou­hai­ter que les soignant·es opposé·es à l’aide active à mou­rir puissent « faire jouer une clause de conscience dès la pre­mière étape du pro­ces­sus, quand ils doivent se pro­non­cer sur un pro­nos­tic vital enga­gé à moyen terme ». Pour la Société fran­çaise d’accompagnement et de soins pal­lia­tifs (SFAP), dont les pro­pos ont été rap­por­tés par Le Monde« pro­po­ser aux méde­cins de faire jouer la clause de conscience, c’est les mettre face à la déci­sion de devoir renon­cer à la pro­messe de non-​abandon d’un malade. Or, ce non-​abandon est la seule pro­messe tenable quand on pra­tique une méde­cine sans espoir de gué­ri­son », regrette la doc­teure Claire Fourcade, pré­si­dente de la SFAP.

Quid des soins palliatifs 

Pour Claire Fourcade une autre annonce de la ministre pose pro­blème. L’idée « d’un texte unique qui mélange aide active à mou­rir et soins pal­lia­tifs » est inac­cep­table. « Donner la mort n’est pas un soin, s’indigne-t-elle. Et com­ment les dépu­tés qui ne veulent pas de l’aide active à mou­rir pour­ront s’opposer à un pro­jet de loi qui déve­loppe des soins pal­lia­tifs ? », redoute-​t-​elle selon Le Monde

Outre la loi, la ministre a confir­mé dans Le Journal du dimanche qu’une « ins­truc­tion » minis­té­rielle, qui sera publiée « dans les pro­chains jours », va réor­ga­ni­ser l’offre de soins pal­lia­tifs. D'après les infor­ma­tion du Monde, le can­cé­ro­logue Franck Chauvin sera char­gé de défi­nir, d’ici décembre, un « plan décen­nal » de déve­lop­pe­ment des soins palliatifs.

À lire aus­si I Fin de vie : le CESE adopte un avis consul­ta­tif en faveur d'une modi­fi­ca­tion de loi sur l'aide active à mourir

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