Un sondage du magazine Elle commandé à l'Ifop confirme que les préoccupations écologiques et les crises politiques et sociales entraînent de plus en plus de femmes à assumer un non-désir d'enfant.
Alors que la maternité doit être repensée à l’aune des luttes féministes actuelles, l'enquête réalisée par le magazine féminin Elle, en partenariat avec l'Ifop et dévoilée mercredi 28 septembre, relate qu'en 2022, les femmes françaises en âge et en capacité de procréer sont de moins en moins exaltées à l'idée d'avoir des enfants.
Désir de rester libres, préoccupations autour des enjeux écologiques ou encore les crises politiques et économiques mondiales… Plus de 30% des femmes sondées déclarent ne pas vouloir d'enfant. Un chiffre à la fois implacable et révélateur des difficultés de notre époque.
Mal du siècle
C'est d'abord l'urgence environnementale et climatique qui est la première motivation de ce choix (plus de 39 % des femmes interrogées), suivie de près par les crises politiques et sociales (37%) et la crainte générée par la hausse démographie mondiale et ses conséquences (35%). Chiffres étayés par le positionnement des femmes sur l'échiquier politique français. Près d’une sympathisante Europe Écologie-Les Verts (EELV) sur deux (48 %) souhaite rester sans enfant, tandis que les femmes se situant à droite (Républicains, Reconquête et RN) manifestent un désir de maternité plus fort. Et c'est sans grande surprise que l'étude dévoile une vive réciprocité entre les valeurs féministes et écologistes . En effet, 50 % des femmes s'estimant « très féministes » et 54 % se jugeant « très écologistes » ne veulent pas d’enfant.
Mais l'étude souligne également un net contraste du désir d’enfant selon la catégorie socio-professionnelle des sondées. Alors que les femmes issues des catégories populaires souhaitent encore devenir mères dans leur grande majorité, 36 % des dirigeantes d’entreprises expriment un non-désir de maternité.
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S'épanouir autrement
Un vent frais souffle alors sur l'idée reçue d'une corrélation évidente entre épanouissement personnel et maternité. Entraînées par les luttes féministes actuelles, les femmes sondées livrent avant tout leur volonté de rester libres de leur destin. Ainsi, 1 femme sur 2 estime qu'un enfant n'est pas indispensable à son épanouissement personnel et 48 % désirent continuer à vivre sans endosser une charge parentale.
Force est de constater qu'en 2022, les femmes rejettent en outre les traditionnels impératifs d'une maternité sacrificielle et béate. C'est notamment le cas chez les plus jeunes sondées n'ayant pas encore d'enfants, avec 35 % des 25–34 ans qui déclarent donc qu’avoir un enfant n’est « pas vraiment nécessaire » à leur bien-être.
Pour aller plus loin, l'étude se consacre au grand tabou du « regret maternel ». Plus d'1 mère sur 2 (51 %) d’un enfant de moins de trois ans admet qu’il leur arrive de regretter la vie qu’elles menaient avant d'avoir un enfant. Ainsi, en matière d'éducation familiale, pour atteindre l'égalité femmes-hommes la maternité doit assurément être repensée.
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