L’édition 2023 de la Foire de Paris accueille cette année plus de 1250 exposant·es et le fameux concours Lépine. Causette s’est glissée hier dans cette foire à la consommation pour dénicher les bonnes affaires éco-responsables.
Voilà 119 ans que la Foire de Paris est le grand rendez-vous annuel des curieux·ses et amateur·rices d'objets en tout genre. Pendant douze jours – du 27 avril au 8 mai -, ce sont près de 400.000 visiteur·ses qui sont attendu·es au Parc des Expositions de la Porte de Versailles à Paris pour venir rencontrer plus de 1250 exposant·es. Au cœur de cette manifestation commerciale, on découvre aussi bien des stands de grandes enseignes de mobiliers, que des créateur·rices indépendant·es et d'autres innovateur·rices inspiré·es. Les fauteuils massants et oreillers en bambou succèdent aux abris pour piscine. Un mélange de créations parfois surprenant, qui invite les visiteur·ses à se laisser aller à la consommation. Mais pour la plupart, ces innovations se veulent en phase avec l’époque, placées sous le signe de l'écoresponsabilité, l'inclusivité et l’engagement. Jeudi 4 mai, Causette s’est glissée parmi les visiteur·ses pour découvrir ces innovations.
Ameublement et décoration, Piscine et spa, marché mode et beauté, concours Lépine… Une fois les portes d'entrées passées, direction le Pavillon 1, où se nichent les dernières créations à la pointe. En s’enfonçant dans les allées de la Foire, des stands présentent piscines, spas, sauna : autant d'objets à l'impact énergétique et écologique exubérant, voire anachronique alors même que le gouvernement a annoncé l'interdiction de la vente des piscines hors-sol dans les Pyrénées orientales ce vendredi 5 mai pour faire face à la grave sécheresse qui frappe le département. Des produits parfois loufoques et inutiles. L'hyperboard, une plateforme vibrante conçue pour affiner votre « summer body », laisse place à un stand de blanchiment dentaire où les visiteur·ses sont invité·es à se munir de lunettes anti-UV pour obtenir un sourire Colgate. Un peu plus loin, c'est entre les stands de produits de beauté chimiques et l'industrie textile aux antipodes du Made in France qu'on se retrouve noyé.
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Des créateur·rices à la conscience écologique
Pourtant, au fil des allées de la Foire de Paris, Causette a fini par trouver, et en légion, des stands raccord avec la prise de conscience écologique de notre époque. Un stand d'exposant, récompensé en 2021 par le concours Lépine, propose à la vente des capsules de café réutilisables à l'infini et recyclable. Deux dames âgées discutent avec l’un des trois vendeurs. « Un kit qui comprend un shaker, trois capsules à café, 45 opercules et 200g de café coûte 69 euros. Sur un an, vous faites 250 euros d'économie », explique le vendeur de la marque. Un argument de taille selon un autre vendeur du stand, qui a indiqué à Causette que « les personnes les plus âgées s'intéressent à notre produit pour des raisons économiques mais surtout écologiques ». Et si aujourd'hui de nombreux gros distributeurs changent peu à peu leurs méthodes de fabrication, la plupart des véritables innovations dans ce domaine viennent de petites entreprises comme ces Caps me.
Et des innovations en ce sens, il y en a de nombreuses ici et là dans le plus grand bazar à objets de France. Des lunettes de soleil faites à partir de skateboard recyclés, un parapluie qui se transforme en parasol (grâce à un système de poignée coulissante) de la marque Pieffel, un vernis vegan ou encore un lave-vaisselle « éco compact », prénommé Bob, de 34 cm de large et bien utile en cuisine. Il consomme seulement 2,9 litres d'eau et il est trois fois plus sobre que pour la même quantité de vaisselle lavée à la main. L'appareil se remplit manuellement, pas besoin de se raccorder au réseau d’eau.
Un concours Lépine sous le signe de l'engagement
Dans le fond du Pavillon 1, de grandes affiches surplombent les stands des exposant·es. C'est là que se trouvent les merveilles de l'édition 2023 du concours Lépine. À la Foire de Paris, c’est l’attraction obligée. Et cette année encore, les inventeur·rices ont redoublé d'imagination. Comme pour ce stand de serviettes hygiéniques lavables et recyclables créées à partir d’un textile absorbant et étanche en fibre artificielle – donc beaucoup moins gourmandes en eau que celles fabriquées avec du coton. Avec ce produit, sa créatrice Ingrid cherche à « déconstruire le tabou autour des règles ». Et pour ce faire, la fondatrice travaille avec les établissements scolaires. Elle distribue « des serviettes aux classes de 6e et les récupère en 3e pour les transformer en fournitures scolaires » et « cela permet de sensibiliser les garçons au fait que les règles ne sont pas sales ». Mais c'est pour Ingrid aussi un moyen de libérer la parole. « Beaucoup de personnes âgées et d’hommes sont venus nous voir pour nous parler de leur fuite urinaire et ça, c’est déjà une réussite ».
Sur le stand voisin, la star est un short avec une bouillotte intégrée pour soulager les règles difficiles. À quelques mètres plus loin on peut également trouver un étui pour colis gonflable et réutilisable à l’infini et une roue rechargeable, qui transforme n’importe quelle bicyclette en vélo électrique. Toutes ces inventions sont en lice pour la 122e édition du concours Lépine. Une chose est sure, cette année, les inventions aussi futiles qu'utiles sont marquées par un engagement fort. Et pour les exposant·ses de ce concours, à l'unanimité, c'est « une fierté d'être présente et de diffuser leurs idées ».
Des innovations anti-gaspi
Dans les allées noires du concours Lépine, les innovations sont également marquées par leur anti-gaspillage des ressources naturelles et plus précisément de l'eau. À l’image d’hydromalic, un concept dont l'objectif est de centraliser l’arrosage des fleurs d'extérieurs ou d'intérieurs tout en donnant la juste quantité d’eau. Cette innovation, qui est née d'une histoire de famille, permet notamment de garder une tombe fleurie tout en étant économe avec l'eau. Devant le stand, un visiteur attentif à la démonstration de Christian, fils de l’homme qui a breveté ce concept, adhère à l’innovation. « On veut tellement bien nourrir nos plantes que trop souvent, on les tue, donc c'est une bonne idée » a‑t-il indiqué.
Mais le prix d’or de Causette est, sans nul doute, décerné à Patrice Fortin. Cet innovateur assis derrière son prototype quelque peu impressionnant par sa complexité au premier abord enchaîne les explications. Il faut dire que son invention attire. Elle permet de lutter contre le gaspillage d’eau des piscines. Une invention pas des moindres à l’heure où les épisodes de sécheresse remettent en cause l'utilisation des piscines individuelles. C’est simple, à l’aide d’un petit moteur, d’un filtre à sable et d’un réservoir spécifique, Patrice Fortin a mis en place un système qui permet de nettoyer l’eau des piscines en éliminant toutes les impuretés et en ne jetant ni l'eau ni les produits chimiques dans les canalisations.
Une innovation qui a suscité beaucoup d'intérêts chez les particuliers possédant une piscine. Comme ce couple guadeloupéen qui explique être « souvent confronté au vent qui transporte de la saleté, ce qui leur fait gaspiller beaucoup d’eau » et qu’une installation comme celle-ci leur permettrait d’économiser beaucoup d'eau. Après chaque passage d’un·e visiteur·se, Patrice Fortin demande une note entre 0 et 20 de son innovation, et « les notes vont de 17 à 22 », assure sa nièce à Causette. Aujourd’hui, cette innovation qui devrait coûter entre 250 et 300 euros à l'achat n’est pas encore commercialisée. L’inventeur est à la recherche d’investisseur·ses. En attendant, il espère pouvoir remporter le prix d’or du concours Lépine dont les résultats seront dévoilés dimanche dans la soirée.
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