Quatre ans après le (grand !) succès de son premier ouvrage, Tu seras un homme – féministe – mon fils !, Aurélia Blanc, journaliste à Causette, publie Tu seras une mère féministe !, un manuel d’émancipation pour aider les mères à survivre en terrain inégalitaire. Des daronnes qui, justement, se font de plus en plus entendre et repensent leur condition maternelle à l’aune des luttes féministes actuelles.

Causette : Le sujet de la maternité était-il un impensé du combat féministe ?
Aurélia Blanc : Globalement, oui. À la fin des années 1960, avec la deuxième vague, la question de la maternité était présente, mais avec l’idée de s’en libérer. Les luttes concernaient le droit à la contraception, l’accès à l’avortement ou le refus de l’exploitation domestique. La « maternité esclave » faisait figure de repoussoir et est toujours restée au second plan… et les mères aussi. Pourtant, certaines ont aussi milité. Mais elles racontent qu’elles se sont senties un peu en marge. Non seulement leur condition maternelle n’intéressait pas, mais on pouvait parfois leur faire sentir qu’elles avaient « trahi la cause ».
Depuis quelques années, une parole nouvelle autour de la maternité se fait entendre. Comment s’explique ce déclic ?
A. B. : Comme le dit la philosophe Camille Froidevaux- Metterie, on est entré dans le « tournant génital » du féminisme depuis les années 2010, avec des questions liées au corps, à l’intime. Les premières revendications fortes autour de la maternité ont d’ailleurs concerné les violences gynéco-obstétricales. Les réseaux sociaux, notamment Instagram, ont aussi joué un rôle essentiel. Beaucoup de mères ont saisi cet espace pour parler. Enfin, il y a eu aussi toute la vague des podcasts consacrés à la maternité, comme La Matrescence ou Bliss Stories. Tout ceci a trouvé un écho important dans une génération de femmes qui sont devenues mères alors qu’elles étaient, pour beaucoup, déjà féministes et assez alertes sur ces questions d’inégalités.
“Il faut en finir avec l’idée qu’on serait une ‘mauvaise féministe’ parce qu’à la maison, on vit des inégalités”
Mais qui se sont quand même[…]