
ÉDITO
Victimes ou criminelles, enquêtrices, journalistes, professionnelles du crime, les femmes sont partie prenante des faits divers. Même si, d’après une enquête de l’Insee en 2019, seules 18 % des personnes mises en cause pour un crime ou un délit étaient des femmes (alors qu’elles représentent 52 % de la population1).
Les hommes sont donc pour 82 % responsables des crimes ou délits, et, nous précise l’étude, le sont davantage pour des actes violents. Ceux-ci sont même surreprésentés (85 %) pour violences physiques sur personne de 15 ans ou plus, pour infractions à caractère sexuel (97 %) et pour vol avec violence (93 %).
Le seul point sur lequel, concernant les faits divers, les femmes sont majoritaires, c’est sur la consommation culturelle. D’après une étude de Kelli Boling et Kevin Hull de 2018, elles constituent, à 73 %, l’audience des podcasts de true crime2 (récits de crimes ayant eu lieu). Les psychologues Amanda M. Vicary et R. Chris Fraley l’avaient déjà constaté huit ans plus tôt en étudiant l’appétence majoritaire des lectrices et spectatrices pour les histoires de meurtre, et encore davantage lorsque les victimes sont féminines3. Il et elle en concluaient que ces fans d’affaires criminelles étaient attirées vers ces contenus dans une démarche
cathartique inconsciente. Et, peut-être, pour en tirer des enseignements. En effet, interrogées sur cette tendance, la plupart ont expliqué que ces récits pouvaient leur permettre de se familiariser avec des situations d’agression, et donc potentiellement d’apprendre à s’en sortir au mieux.
Loin de nous l’idée de leur gâcher le plaisir, mais une bonne bombe lacrymo ou
une solide maîtrise du krav maga nous sembleraient, en attendant que la culture
du viol et le patriarcat soient abolis, des moyens plus sûrs d’atteindre ce but…
Causette
Extraits du numéro :
Hybristophilie : sympathie pour le diable
Monique Olivier : l'épouse de l'ogre était une ogresse
« Cold case » : qui a tué ma cousine, Mireille Glédines ?
- Étude Sécurité et société, Insee, 2021.[↩]
- « Undisclosed Information – Serial Is My Favorite Murder : Examining
Motivations in the True Crime Podcast Audience », de Kelli Boling et
Kevin Hull, Journal of Radio and Audio Media, 2018 (non traduit).[↩] - « Captured by True Crime : Why Are Women Drawn to Tales of Rape, Murder, and Serial Killers ? », d’Amanda M. Vicary et R. Chris Fraley. Sagepub.com, 2010 (non traduit).[↩]