Gisèle Halimi : un hom­mage natio­nal qui n'enterre pas une poten­tielle entrée au Panthéon, selon l'Élysée

Mercredi, à l'occasion du 8 mars, un hom­mage natio­nal sera ren­du sous le patro­nage d'Emmanuel Macron à l'avocate défen­seure des droits des femmes, au sein du Palais de Justice de Paris.

406px Gisele Halimi Huma 2008 2
Gisèle Halimi © SONY DSC

L'Élysée le mar­tèle : l'hommage natio­nal qui sera ren­du à Gisèle Halimi mer­cre­di « n'est pas une alter­na­tive » à une éven­tuelle pan­théo­ni­sa­tion de l'avocate, sur laquelle « la réflexion est tou­jours en cours ». À l'occasion d'un point presse détaillant les moda­li­tés de cet hom­mage qui se tien­dra au Palais de Justice de Paris dans le cadre de la Journée inter­na­tio­nale des droits des femmes le 8 mars, les ser­vices de la pré­si­dence ont tenu à pré­ci­ser : « La demande d'entrée au Panthéon de Gisèle Halimi, pré­co­ni­sée par le rap­port de Benjami Stora [por­tant sur « Les ques­tions mémo­rielles por­tant sur la colo­ni­sa­tion et la guerre d'Algérie »] en jan­vier 2021, n'est pas reje­tée, mais son étude est un pro­ces­sus de temps long. »

De quoi pré­pa­rer les esprits à une entrée au Panthéon, alors que l'engagement de l'avocate auprès de militant·es du FLN pro­voque des cris­pa­tions au sein de la com­mu­nau­té har­ki tout comme des nos­tal­giques de l'Algérie fran­çaise ? Pour l'Élysée, si pan­théo­ni­sa­tion il devait y avoir, ce serait pour mar­quer « un temps de com­mu­nion et de ras­sem­ble­ment autour de la figure » de l'avocate décé­dée en juillet 2020, et ne pas don­ner l'impression d'« une par­tie du pays qui punit une autre par­tie du pays ». En atten­dant, c'est bien l'ensemble des com­bats d'Halimi qui seront célé­brés ce 8 mars : « Cet hom­mage se fait à rai­son de son com­bat contre la colo­ni­sa­tion et la guerre d'Algérie, de son com­bat pour les femmes et pour le droit à l’IVG, mais aus­si de ses com­bats contre la peine de mort et contre la loi Darlan [ins­tau­rée sous Vichy] qui cri­mi­na­lise l’homosexualité. »

Deux absences remarquées

Le lieu de la céré­mo­nie, annon­cée depuis août 2021, n'a pas été choi­si au hasard : il sera ren­du dans la salle d'audience de la pre­mière chambre de la cour d'appel de Paris où se sont tenus de grands pro­cès his­to­riques (notam­ment ceux de Laval et Pétain) et où les avocat·es du bar­reau de Paris prêtent encore aujourd'hui ser­ment. L'avocat Jean-​Yves Halimi, l'un des enfants de l'avocate, pren­dra la parole, sui­vi d'Emmanuel Macron. 

Alors que de nombreux·euses invité·es sont attendu·es, notam­ment par­mi la pro­fes­sion, deux per­son­na­li­tés brille­ront par leur absence : celle de Violaine Lucas, actuelle pré­si­dente de Choisir la cause des femmes, l'association fémi­niste co-​fondée par Halimi en 1971 et celle de Serge Halimi, un autre fils de l'avocate et jour­na­liste au Monde Diplomatique. Tous·tes deux dénoncent une « ins­tru­men­ta­li­sa­tion poli­tique » dans le contexte social ten­du de lutte contre la réforme des retraites.

Réforme des retraites

« Rendre hom­mage à l’occasion de la jour­née inter­na­tio­nale des luttes pour les droits des femmes à l’une des plus grandes com­bat­tantes fran­çaises pour la digni­té des femmes et des peuples serait une idée de bon sens si elle n’arrivait de façon aus­si inat­ten­due, après deux ans et demi d’atermoiements, et au moment d’un grand mou­ve­ment social auquel elle aurait, sans aucun doute pos­sible, pris une part active », écrit ain­si Violaine Lucas dans une lettre ouverte au pré­sident, rédi­gée le 2 mars dans la fou­lée de l'annonce de la date du 8 mars. « Je n’y par­ti­ci­pe­rai pas, a abon­dé Serge Halimi dans une décla­ra­tion trans­mise à l'Agence France presse (AFP) le 5 mars, rap­porte Le Monde. La déci­sion de l’Elysée inter­vient après plus de deux ans de ter­gi­ver­sa­tions et alors que le pays est mobi­li­sé contre une réforme des retraites extrê­me­ment injuste dont les femmes qui occupent les métiers les plus dif­fi­ciles seront les pre­mières victimes. »

En réponse, l'Élysée pré­fère indi­quer que d'autres per­son­na­li­tés, comme Sophie Couturier, ancienne secré­taire natio­nale de Choisir et co-​scénariste, avec Annick Cojean, du roman gra­phique Une farouche liber­té retra­çant les com­bats d'Halimi, ont répon­du favo­ra­ble­ment à l'invitation. La séquence, qui n'en finit pas d'être poli­tique, pour­rait être l'occasion pour le pré­sident de la République de se posi­tion­ner en faveur de l'intégration du droit à l'IVG dans la Constitution.

Lire aus­si l Mieux vaut tard que jamais : un hom­mage natio­nal ren­du à Gisèle Halimi le 8 mars

Partager
Articles liés
9782702180396

Les incroyables vies de Marie, Irène et Ève Curie

Dans un réjouissant ouvrage historique autant qu’intime, la femme de lettres et historienne Claudine Monteil retrace les vies de Marie, Irène et Eve Curie. Des femmes d’excellence qui n’eurent de cesse d’ouvrir la voie aux autres femmes bien au-delà...

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.