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© Pawel Czerwinski

Vaccins anti-​Covid : "Où est mon cycle ?", un col­lec­tif de patientes ras­sem­blées autour de leurs dérè­gle­ments menstruels

Le col­lec­tif "Où est mon cycle ?" a été reçu au Sénat mer­cre­di 6 avril pour pré­sen­ter des témoi­gnages de patientes qui consi­dèrent avoir pâti d'effets secon­daires par­fois très lourds liés aux vac­cins contre le Covid-19.

Depuis qu'elle a reçu sa deuxième dose de vac­cin contre le Covid il y a bien­tôt dix mois, Mélodie attend ses règles avec anxié­té parce qu'elles lui font ter­ri­ble­ment mal. « Dès l'arrivée des règles sui­vant ma vac­ci­na­tion, mon flux est deve­nu hémor­ra­gique et mes cycles ont été erra­tiques jusqu'à récem­ment, décrit-​elle. Aujourd'hui, ils ont retrou­vé de leur régu­la­ri­té, mais j'ai tou­jours aus­si mal lors des sai­gne­ments qui sont abon­dants. J'ai 36 ans, deux enfants et le sen­ti­ment de connaître mon corps : ce que je vis n'est pas normal. » 

Ébéniste, la jeune femme a lan­cé sur Instagram le compte @ouestmoncycle, pour témoi­gner de ces symp­tômes qu'elle attri­bue à la vac­ci­na­tion contre le Covid-​19. 11 000 fol­lo­wers et 1 000 témoi­gnages de femmes plus tard, Où est mon cycle ? est deve­nu un col­lec­tif tel­le­ment incon­tour­nable sur le sujet des poten­tiels effets secon­daires des vac­cins anti-​Covid qu'il a été reçu au Sénat le 6 avril, par l'office par­le­men­taire d'évaluation des choix scien­ti­fiques, qui réa­lise actuel­le­ment une étude sur le sujet.

L'ANSM ne recon­nait pas le lien de cause à effet

Pour l'heure, les séna­trices en charge de ces tra­vaux n'ont pas vou­lu s'exprimer sur le sujet. Fin mars, 152 308 signa­le­ments de phar­ma­co­vi­gi­lance, tout symp­tôme confon­du, avaient été trans­mis à l'Agence de sécu­ri­té du médi­ca­ment (ANSM) depuis le début de la cam­pagne de vac­ci­na­tion en France. Si l'ANSM qua­li­fie 25% de ces cas comme étant « graves » dans sa publi­ca­tion sur le Suivi des cas d'effets idé­si­rables des vac­cins Covid-​19 mis en ligne fin mars, elle ne fait pas tou­jours le lien entre les dif­fé­rents vac­cins et les tableaux cli­niques qui lui sont remon­tés. Ainsi, en ce qui concerne les troubles mens­truels décla­rés, l'agence publique note que « les cas rap­por­tés se mani­festent prin­ci­pa­le­ment de deux manières : par des sai­gne­ments anor­maux (les métror­ra­gies, ménor­ra­gies) et par des retards de règles et amé­nor­rhées. Ces effets sont sur­ve­nus aus­si bien après la pre­mière injec­tion, qu’après la deuxième injec­tion. » Pour autant, elle insiste : « À ce jour, les don­nées dis­po­nibles ne per­mettent pas de déter­mi­ner le lien direct entre le vac­cin et la sur­ve­nue de ces troubles du cycle menstruel. »

En jan­vier, une étude amé­ri­caine avait, elle, conclu au lien entre ces dérè­gle­ments du cycle et la vac­ci­na­tion contre le Covid. Mais les scien­ti­fiques qui la signaient insis­taient : ces effets secon­daires sont bénins puisqu'en moyenne, ils repré­sentent moins d’un jour de retard dans l’arrivée des règles et dis­pa­raissent avec le temps.

Lire aus­si l Vaccin contre le Covid-​19 : d’après une étude amé­ri­caine, les per­tur­ba­tions du cycle mens­truel sont légères et bénignes

Un dis­cours ras­su­rant à l'opposé de l'expérience de cer­taines femmes qui se sont rap­pro­chées de Mélodie via Où est mon cycle ? et livrent un tableau très dégra­dé de leur état de san­té. « Des jeunes filles de 20 ans sont en état de pré­mé­no­pause, assure la lan­ceuse d'alerte. Je suis même en contact avec la mère d'une ado de 13 ans qui n'a plus de règles depuis plu­sieurs mois et a déve­lop­pé une atro­phie mam­maire. » Sans pou­voir don­ner des chiffres sur le nombre pré­cis de femmes ayant tel ou tel symp­tôme à ce stade, Mélodie évoque aus­si des cas d'adénomyose (endo­mé­triose dans l'utérus) tel­le­ment dou­lou­reux et ful­gu­rants (nor­ma­le­ment, la mala­die évo­lue plu­tôt len­te­ment) que cer­taines ont dû se résoudre à une hys­té­rec­to­mie. Julie, une femme membre d'Où est mon cycle ? en témoigne ain­si dans un article de France 3 Bouches-​du-​Rhône publié début avril. « S’il y a quelque chose de com­mun à toutes ces his­toires, observe Mélodie, c’est la rapi­di­té des effets du vac­cin – quelle que soit la dose -, dès le cycle suivant. »

Fausses couches

Alors que les auto­ri­tés sani­taires recom­mandent for­te­ment la vac­ci­na­tion pour les femmes enceintes (le Covid met en dan­ger la san­té du fœtus), Où est mon cycle ? dit rece­voir de nom­breux témoi­gnages de femmes ayant vécu une fausse couche après leur vac­ci­na­tion. Pas de lien de cause à effet, insiste à ce stade l'ANSM, qui rap­pelle que la fausse couche est « un évè­ne­ment rela­ti­ve­ment fré­quent en popu­la­tion géné­rale, de 12 à 20 % des gros­sesses selon les études ». L'agence publique le rap­pelle : « Les don­nées actuelles ne per­mettent pas de conclure que ces évé­ne­ments sont liés au vac­cin, d’autant que des fac­teurs de risques étaient asso­ciés dans plu­sieurs cas » remon­tés jusqu'à elle. Et sou­ligne qu'en atten­dant les conclu­sions d'une étude spé­ci­fique sur les gros­sesses et la vac­ci­na­tion Covid qu'elle a lan­cée de son côté, « trois études récentes (Zauche & al., Kharbanda & al. et Magnus & al.) n’ont pas retrou­vé de lien entre les fausses couches spon­ta­nées et les vac­cins à ARN mes­sa­ger contre le Covid-19 ».

Lire aus­si l Covid 19 : les gyné­co­logues recom­mandent une troi­sième dose de vac­cin pour les femmes enceintes

Pas de quoi ras­su­rer les femmes d'Où est mon cycle ?, d'autant qu'elles sont nom­breuses à avoir le sen­ti­ment de ne pas être enten­dues par les professionnel·les de san­té. « Me concer­nant, je n’ai pas réus­si à aller voir ma gyné­co car elle n’avait pas de rendez-​vous dis­po­nible et mon méde­cin trai­tant n’a pas vou­lu signa­ler mon cas à la phar­ma­co­vi­gi­lance », raconte Mélodie, qui décrit un « effet de soro­ri­té » dans la com­mu­nau­té Où est mon cycle ?. Un espace d'échange où « on se sent moins seules et moins tristes » après avoir connu l'indifférence d'une par­tie du corps médi­cal à leurs symptômes.

"Perçues comme des hystériques"

Après avoir témoi­gné au Parlement euro­péen en jan­vier à l'invitation de l'Eurodéputée Rassemblement natio­nal oppo­sée au pass sani­taire Véronique Joron (« Je suis apo­li­tique, j’ai pris les espaces de parole qu’on m’offrait », pré­cise Mélodie) et début avril au Sénat, la jeune femme explique attendre « qu’un comi­té scien­ti­fique indé­pen­dant se penche sur ces ques­tions et que les méde­cins écoutent et res­pectent les femmes. » Car, pour les patientes, un sen­ti­ment domine : celui d'avoir dû bri­ser un tabou en osant signa­ler de poten­tielles consé­quences du vac­cin anti-​Covid sur leur san­té. « Au début, on avait l'impression de déran­ger en en par­lant. C'était comme si nous étions reve­nues au XIXème siècle, à être per­çues comme des hys­té­riques. Alors que ce qui m'intéresse per­son­nel­le­ment, c'est que les femmes vic­times de ces effets secon­daires soit médi­ca­le­ment et psy­cho­lo­gi­que­ment prises en charge. »

Lire aus­si l Les vac­cins contre le Covid-​19 perturberaient-​ils le cycle menstruel ?

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