Close-Up Shot of a Person Holding a Sanitary Napkin
© Karolina Grabowska / unsplash

“Une charge men­tale en moins” : Saint-​Ouen fête les un an de l’instauration de son congé menstruel

La com­mis­sion des Affaires sociales de l’Assemblée a reje­té, ce mer­cre­di, une pro­po­si­tion de loi visant à ins­tau­rer un congé mens­truel en France. Un revers qui inter­vient un an jour pour jour après que la mai­rie de Saint-​Ouen-​sur-​Seine (Seine-​Saint-​Denis) est deve­nue la pre­mière ville à ins­tau­rer un tel congé pour ses employées souf­frant d’endométriose ou de règles dou­lou­reuses.

Le simu­la­teur de règles a mal­heu­reu­se­ment échoué à convaincre les par­le­men­taires. Ce mer­cre­di 27 mars, la com­mis­sion des Affaires sociales a reje­té, avec seize voix pour et seize voix contre, la pro­po­si­tion de loi des député·es EELV Sébastien Peytavie et Marie-​Charlotte Garin visant à ins­tau­rer un congé mens­truel en France. 

Un revers qui inter­vient un an jour pour jour après que la mai­rie de Saint-​Ouen-​sur-​Seine (Seine-​Saint-​Denis) est deve­nue la pre­mière ville à ins­tau­rer un tel congé pour toutes ses employées souf­frant d’endométriose ou de règles dou­lou­reuses. Une déci­sion prise par Karim Bouamrane, son maire PS, à la suite de plu­sieurs échanges avec des asso­cia­tions fémi­nistes locales, qui ont révé­lé le vide juri­dique exis­tant dans l’Hexagone.

“En tant que maire et res­pon­sable d’une admi­nis­tra­tion de deux mille per­sonnes, avec plus de 60% de femmes, il me sem­blait plus que néces­saire de réadap­ter l’arsenal juri­dique en ma pos­ses­sion pour mettre en place un congé mens­truel, explique l’élu à Causette. À la fois pour des rai­sons poli­tiques, mais aus­si éco­no­miques, de san­té publique et de jus­tice sociale. Près de la moi­tié des femmes souffrent de règles dou­lou­reuses et 10 % d’endométriose. On ne peut pas accep­ter, dans un pays comme le nôtre, qu’elles pâtissent en silence au tra­vail. L’Espagne a été le pre­mier pays d’Europe à adop­ter une loi en ce sens l’année der­nière.

À lire aus­si I Simulateur de règles pour dépu­tés : effi­cace (mais un poil énervant)

“Je res­pire”

Aujourd’hui, qua­rante agentes de la mai­rie de Saint-​Ouen-​sur-​Seine béné­fi­cient de ce congé mens­truel. Il suf­fit de deman­der un rendez-​vous avec un·e docteur·e de la méde­cine du tra­vail, qui, après un entre­tien avec l’employée, va essayer de mettre en place la meilleure solu­tion pour elle. Il en existe quatre : deux jours d’absence sans rete­nue de salaire par mois, deux jours men­suels de télé­tra­vail, un amé­na­ge­ment du poste de tra­vail (achat d’un siège plus confor­table, pos­si­bi­li­té de tra­vailler debout…) et un amé­na­ge­ment des horaires. Tout est, par ailleurs, ano­ny­mi­sé : per­sonne, au sein de la mai­rie, ne connaît les rai­sons de l’absence ou du télétravail.

Rose, 45 ans, souffre d’endométriose depuis une dou­zaine d’années. Sous trai­te­ment, res­sen­tant des dou­leurs moins impor­tantes qu’au moment du diag­nos­tic de sa mala­die, elle n’a pas jugé néces­saire d’user du congé mens­truel à son arri­vée au sein de l’Hôtel de Ville, en sep­tembre der­nier. Au bout de quelques mois, les souf­frances réap­pa­raissent néan­moins pour cette cheffe de pro­jet stra­té­gie et conte­nus. Deux jours men­suels de télé­tra­vail lui sont alors accor­dés, avant un bilan dans six mois pour ajus­ter ou pour­suivre cette solu­tion. “Avant, je devais tout le temps me jus­ti­fier auprès de mes supé­rieurs, don­ner des exemples pour qu’on com­prenne la vio­lence de l’endométriose, par­fois entrer en débat avec un col­lègue pour expli­quer en quoi les dou­leurs que je res­sen­tais impac­taient mes capa­ci­tés de tra­vail… Il m’arrivait de prendre un arrêt mala­die, avec des jours de carence et donc une perte de reve­nus. Maintenant, je res­pire un peu plus. J’ai l’impression que l’on m’a enle­vé une charge men­tale, que je peux me concen­trer sur ma san­té”, sou­ligne Rose auprès de Causette.

Dédiaboliser les règles

Karim Bouamrane estime que la mise en place du congé mens­truel au sein de la Ville “a fait l’effet d’une bombe” et a par­ti­ci­pé à une meilleure prise en compte de l’endométriose : “On a réus­si à dédia­bo­li­ser le mot ‘règles’, à les pla­cer au centre des dis­cus­sions, à leur enle­ver un carac­tère stig­ma­ti­sant ou honteux.” 

L’initiative du maire a essai­mé au sein de plu­sieurs villes fran­çaises, comme à Lyon (Rhône), Arras (Pas-​de-​Calais) ou Abbeville (Somme). Le conseil dépar­te­men­tal de la Seine-​Saint-​Denis l’a aus­si adop­té pour ses employées. À par­tir de sep­tembre, la métro­pole de Strasbourg (Bas-​Rhin) sou­haite même aller plus loin avec “un congé de san­té gyné­co­lo­gique”, pre­nant en compte non seule­ment les syn­dromes pré­mens­truels, mais aus­si l’ensemble des patho­lo­gies gyné­co­lo­giques, comme la méno­pause, rap­porte 20 Minutes.

Après son rejet en com­mis­sion, la pro­po­si­tion de loi visant à ins­tau­rer un congé mens­truel doit être exa­mi­née le 4 avril en séance à l’Assemblée natio­nale. En cas de nou­velle défaite, Karim Bouamrane a pris les devants : il a récem­ment écrit à Emmanuel Macron pour lui deman­der d’agir. “On est la France : liber­té, éga­li­té, fra­ter­ni­té et… sororité.”

Partager
Articles liés
119 triste coit marie boiseau pour causette

Blues post-​coïtal

Sentiments de tristesse, larmes, baisse soudaine d’énergie, angoisses intenses, boule au ventre. Après un rapport sexuel, certain·es éprouvent des sensations et des émotions négatives. Cette expérience a un nom : la dysphorie post-coïtale ou blues...

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.