À l’occasion de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, l’ONG Plan International France alerte, dans sa dernière étude, sur l’impact dramatique du tabou des règles sur les droits des filles, en France comme à l'étranger.
En France, une fille sur deux a déjà manqué l’école à cause de ses règles. C’est un chiffre qu’on aimerait croire impensable en 2022 que révèle l’étude d’ONG Plan International France, menée avec Opinion Way, à l’occasion de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle qui se tient ce 28 mai. Précarité, tabou, douleurs, honte, stigmatisation, manque de protections hygiéniques… selon l’étude réalisée auprès de 1 000 Françaises âgées de 13 à 25 ans, les règles restent un obstacle majeur à la scolarisation et à l’emploi des femmes et des filles.
Pour plus de la moitié des jeunes filles interrogées (55%), les règles sont encore un tabou à l’école – un chiffre qui grimpe à 59% au travail. Et plus d’un tiers des filles (35%) ressentent de la honte de les avoir à l’école. Une honte notamment causée par les stéréotypes et les préjugés liés aux menstruations. 35% des filles avouent qu'elles ou une de leurs proches ont déjà subi des moqueries et des humiliations au sein de leur école, de leur collège ou de leur lycée. Des préjugées liées à une méconnaissance sur le sujet, qui demeure encore considérable selon l’étude : la moitié des filles interrogées (49%) estiment que les personnes qui leur font ces remarques considèrent encore les règles comme « sales ».
Le poids des croyances dans le monde
Si les règles restent encore un obstacle en France, elles le sont d’autant plus dans les pays en développement où les stigmates sont encore plus forts. Considérées comme « impures », « maudites » voire même « dangereuses », les règles dérangent. Les mythes et les tabous liés aux normes culturelles, religieuses et patriarcales nuisent gravement aux droits des femmes et des filles. Au Népal par exemple, la tradition du Chaupadi interdit aux femmes hindoues la pratique de nombreuses activités quotidiennes durant leurs règles.
![Inégalités : en France, une fille sur deux a déjà raté l’école à cause de ses règles 2 Népal 2 ©Livia Saavedra](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2022/05/Népal-2-©Livia-Saavedra-1024x675.jpg)
Considérées comme impures pendant cette période, elles doivent même s’isoler dans des cabanes et ne peuvent se rendre à l’école. « Quand j’ai eu mes premières règles, on m’a enfermée dans une hutte à côté de chez moi. Je n’avais pas le droit de voir ni mon père, ni mon frère, car selon la croyance, cela aurait pu les tuer », témoigne ainsi Swastika, 18 ans, auprès de Plan International France. Cet exil est interdit au Népal depuis 2005 mais selon l’étude de l’ONG, 89% des jeunes Népalaises subissent toujours une forme d’exclusion ou de restriction.
« Je préfère quitter l’école que de risquer de tacher mes vêtements »
Nyawut, jeune Soudanaise de 16 ans
Si en France, une fille sur deux a déjà raté l’école pendant ses règles, dans les pays en développement, l’impact sur la déscolarisation est encore plus grave, les filles manquant en moyenne cinq jours d’école tous les mois. Le manque de protections hygiéniques, de vêtements de rechange, d’eau pour se laver les mains ou encore de toilettes sûres et propres sont les raisons de décrochage scolaire. « Mes parents ne peuvent pas me payer de protections hygiéniques, donc j’utilise des chiffons, mais lorsqu’ils sont trop déchirés, je préfère quitter l’école que de risquer de tacher mes vêtements », raconte Nyawut, jeune Soudanaise de 16 ans à Plan International.
Selon l’étude, en Ouganda, en Indonésie ou au Bangladesh, la puberté marque même souvent l’arrêt total de la scolarité. Cette déscolarisation brutale accentue les risques de mariages forcés de petites filles, de grossesses précoces et non désirées et d'exploitation domestiques. Des discriminations qui aggravent, de fait, les violences de genre.