Le cancer du sein de Martine, ancienne infirmière de nuit, a été reconnu en janvier comme une maladie professionnelle, rapporte Le Parisien, ce lundi 27 mars. Une première en France, qui pourrait désormais faire jurisprudence.
« On peut affirmer qu’il existe un lien direct et essentiel entre le cancer du sein dont elle est victime et le travail effectué auparavant », a conclu le rapport du médecin expert. En janvier dernier, le cancer du sein de Martine, ancienne infirmière de 61 ans, a été reconnu comme étant une maladie professionnelle, indique Le Parisien, ce lundi 27 mars. La fin d’un combat juridique et administratif de deux ans : son dossier était d’abord passé entre les mains d’une mission de médecins et de représentant·es du personnel de l’hôpital où elle travaillait avant de finir devant le conseil médical de ce dernier, indique le journal.
La sexagénaire désormais à la retraite a été infirmière pendant vingt-huit ans dans les services de cardiologie et de gynécologie du centre hospitalier de Sarreguemines (Moselle), où elle a multiplié les postes de nuit. Entre 1981 et 2009 – année où elle a découvert souffrir d'un cancer du sein -, elle a ainsi travaillé 873 nuits, précise Le Parisien. Elle a ensuite subi une intervention chirurgicale de mastectomie partielle, des séances de chimiothérapie et de radiothérapie ainsi qu'une hormonothérapie.
Travailler la nuit à l’hôpital de manière répétée a favorisé son cancer du sein en perturbant son rythme hormonal, notamment la sécrétion de la mélatonine – l’hormone naturelle du sommeil –, un anti-cancérigène naturel, a statué le conseil médical de l'hôpital. Une étude conduite en 2018 par les chercheur·euses de l’Institut national de la recherche et de la santé médicale (Inserm) a démontré que « parmi les femmes ménopausées, le travail de nuit (défini comme un travail d’au moins trois heures entre minuit et 5heures du matin) augmente de 26 % le risque de cancer du sein ». Un risque qui « semble particulièrement croître chez les femmes qui ont travaillé plus de deux nuits par semaine pendant plus de dix ans », précise l’étude de l’Inserm, sur laquelle s’est appuyée entre autres le conseil médical de l’hôpital de Sarreguemines pour rendre son avis.
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Symbole d’espoir pour d'autres salarié·es
La reconnaissance du cancer du sein de Martine comme étant une maladie professionnelle est une première en France et pourrait donc faire jurisprudence. Elle pourrait également améliorer la prévention et les conditions de travail des salarié·es. « [Martine] a le sentiment que toutes ces démarches pendant lesquelles nous l’avons accompagnée ont permis de soutenir la cause des salariés et des femmes en particulier. Et, d’une certaine manière, la lutte contre le cancer », souligne Brigitte Clément, secrétaire régionale de la CFDT-Mineurs de Lorraine, qui a soutenu Martine dans son parcours juridique, auprès du Parisien. « Il importe que, désormais, le plus grand nombre de salariés et d’agents contraints au travail de nuit, aux postes ou à l’exposition de produits dangereux sachent que leur emploi est susceptible de les rendre malade », ajoute-t-elle.
à la suite de cette reconnaissance, Martine pourrait toucher des indemnités de la part de son ancien employeur. « C’est l’ensemble des préjudices personnels qui doit être indemnisé par l’administration, même en l’absence de faute de celle-ci, en cas d’accident ou de maladie imputable au service », soutient son avocat Maître Macouillard auprès du Parisien. Selon le quotidien, des dossiers similaires à celui de Martine sont en cours, à Marseille et Metz notamment.
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