Les employées de la mairie de Saint-Ouen souffrant de règles douloureuses, ou d’endométriose, pourront, à compter du 27 mars, bénéficier d’un congé menstruel ou d’un aménagement du temps de travail. Une première en France.
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars dernier, le maire socialiste, Karim Bouamrane, de la ville de Saint-Ouen (Seine Saint Denis), a indiqué sur son Twitter vouloir expérimenter « la mise en place d’un congé menstruel pour toutes les agentes atteintes d’endométriose ou de règles douloureuses qui les empêchent d’accomplir normalement leurs missions ». Les employées de la mairie pourront, à partir du 27 mars prochain, poser jusqu’à deux jours de congé, sur présentation d’un certificat médical.
« C’est en échangeant avec les agentes de la Ville que je me suis rendu compte que beaucoup souffraient en silence », a expliqué, selon Le Parisien, le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane. Ce dernier s'inscrit dans la continuité de son parti politique, le groupe socialiste, qui avait annoncé en décembre dernier la mise en place d'un congé menstruel pour les salariées de son siège national, d'après 20 minutes. « Sur les 2000 personnes qui travaillent pour la ville, 60 % sont des femmes. C'est en discutant avec elles que je me suis rendu compte que la moitié souffrait en silence. Un sujet mis de côté sinon tabou. Il fallait prendre des décisions fortes pour les soulager », a‑t-il déclaré, dans un communiqué rapporté par le quotidien.
Une fois le dispositif mis en œuvre, les femmes concernées pourront aller chez le médecin qui leur fournira un certificat médical, « attestant de la maladie ou de règles douloureuses ». La prescription médicale leur permettra de bénéficier d’adaptations telles que l’autorisation spéciale d’absence de deux jours, le télétravail, un aménagement du temps et du poste de travail. Tout cela « sans qu'aucun jour de carence ne leur soit décompté », détaille la mairie dans son communiqué, rapporté par Le Parisien.
Un congé menstruel à la mairie de Paris ?
Le maire de Saint-Ouen reconnaît que ce dispositif ne résout pas le problème lié à l’endométriose. « Mais avant, cette maladie n’était pas du tout reconnue. […] C’est une première étape. », souligne-t-il au quotidien de presse écrite. Le premier édile a d’ailleurs écrit une lettre à Emmanuel Macron pour que cette mesure s’applique à l’ensemble du pays. « Ça doit être une obligation pour toutes les mairies », plaide-t-il. Dans ce courrier, il lui demande de reconnaître officiellement le congé menstruel « par le biais d'un projet de loi ».
Pionnière en Europe, l'Espagne avait, elle, déjà voté le 16 février dernier une loi créant un congé menstruel. Grâce à ce texte, toute femme espagnole souffrant d'endométriose est reconnue comme dans une situation « d'incapacité temporaire » de travail. À l'échelle internationale, ce dispositif a déjà été adopté au Japon, à Taïwan ou encore en Indonésie. Selon Le Parisien, à Paris, le groupe des écologistes au Conseil de Paris a déposé un vœu en ce sens.
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