L’Union européenne s’est dite prête, ce 15 novembre, à rehausser ses engagements pour le climat. Une annonce accueillie froidement par les militant·es pour le climat et les pays en développement, en première ligne face aux impacts, de plus en plus dévastateurs, du réchauffement climatique.
À trois jours de la clôture de la COP 27 en Égypte, l’Union européenne s’est dite prête à rehausser ses engagements climatiques. « Je suis heureux de vous annoncer ici aujourd’hui que l’UE est prête à mettre à jour ses engagements pour refléter cette ambition rehaussée », a ainsi déclaré ce mardi 15 novembre, le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, dans un discours prononcé depuis la tribune de la grande conférence sur le climat, qui se tient à Charm el-Cheikh depuis le 6 novembre.
Concrètement, la réduction des émissions de gaz à effet de serre des pays de l’UE devrait atteindre « au moins 57 % » d’ici 2030 par rapport à 1990, contre un objectif d’au moins 55 % affiché jusque-là dans le Pacte vert, la loi européenne sur le climat, signée en juin dernier. Les Vingt-sept se sont donc engagés à modifier leurs « contributions déterminées au niveau national » (NDC), un document soumis à l’ONU par chaque pays dans lequel sont inscrits les objectifs climatiques et le plan d’action national pour y parvenir. « Nous sommes résolument sur le chemin de la finalisation de toute la législation, afin de mettre en œuvre nos objectifs climatiques d’ici la fin de l’année », a assuré Frans Timmermans. Il a souligné les accords récemment trouvés sur la répartition des baisses d'émissions de gaz à effet de serre entre États membres, sur les objectifs de capture de carbone par les sols et forêts ou la fin des véhicules thermiques neufs, annoncée pour 2035.
La Turquie et le Mexique rehaussent aussi leur engagement
Dans son discours, Franz Timmermans a évoqué « le difficile sevrage du gaz russe » depuis le début de la guerre en Ukraine. « Ne laissez personne vous dire, ici ou ailleurs, que l’UE fait machine arrière. Ne les laissez pas vous dire que l’invasion de l’Ukraine par la Russie est en train de tuer le Pacte vert européen et que nous sommes dans une ruée vers le gaz », a‑t-il assuré à la tribune.
Dans le cadre du Pacte de Glasgow, adopté à la COP 26, les pays avaient été invités à « revoir et renforcer » leurs objectifs de réduction des émissions à 2030. Vingt-quatre avaient alors revu à la hausse leurs engagements de baisse. Depuis le démarrage de la COP 27, seul le Mexique avait annoncé augmenter sa réduction de 22 % à 30 %. Ce mardi, l’UE lui emboîte donc le pas, tout comme la Turquie qui vise désormais 41 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, contre 21 % auparavant.
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L'annonce du vice-président de la Commission européenne a toutefois été accueillie froidement par les militant·es pour le climat. « L'urgence climatique dans laquelle nous nous trouvons ne mérite pas des miettes de la part de l'UE », a critiqué Chiara Martinelli du Climate Action Network Europe auprès de l’AFP. L’organisme indépendant de mesure des efforts climatiques gouvernementaux européens estime en effet que l’UE pourrait faire mieux et atteindre une baisse d’émissions de 58 – 60 % d’ici 2030 par rapport à 1990.
Il est aussi peu probable que ces récents engagements apaisent la colère des pays en développement, les moins responsables du réchauffement climatique, mais en première ligne face a ses impacts dévastateurs. Depuis l'ouverture de la COP 27, ces derniers regrettent le manque d’ambition des pays riches face à l’urgence climatique ainsi que le manque de soutien aux pays plus vulnérables. « L'absence de leadership et d'ambition en matière d'atténuation des émissions de gaz à effet de serre est inquiétante », a ainsi lancé le ministre sénégalais de l'Environnement Alioune Ndoye, à la tribune de la COP 27, au nom du groupe des Pays les Moins Avancés (PMA).
De son côté, lors de son discours à la tribune, au deuxième jour de la COP 27, Emmanuel Macron avait défendu l’idée d’une solidarité financière avec les pays les plus pauvres, appelant ainsi à une refonte des mécanismes financiers en faveur de ces pays.
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