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© Vincent Boisot / Riva Press

« Fridays for future » : Les ados se sou­lèvent pour la planète

La jeunesse est en grève ! Depuis l’automne, des adolescent·es manifestent chaque semaine contre l’inaction climatique des gouvernements. À Paris, à Bruxelles et dans le reste monde, ils et elles sont bien décidé·es à mettre les adultes face à leurs responsabilités.

« Aujourd’hui, il y a des dizaines de milliers de jeunes, tout autour du monde, qui font grève pour le climat, pour notre futur. » Venue à Paris pour la deuxième grève scolaire française, le vendredi 22 février, Greta Thunberg est acclamée par un bon millier de jeunes à cette annonce. Le visage impassible, la jeune Suédoise de 16 ans a pris la tête du cortège qui s’est élancé dans les rues de la capitale, rythmé par le traditionnel slogan « Et un, et deux, et trois degrés ! C’est un crime contre l’humanité ! ». C’est elle qui a mis en route le mouvement Fridays for Future, en séchant les cours, chaque vendredi, pour défendre le climat.

Le mouvement rassemble désormais toute une génération, qui n’a pas encore 18 ans. Il n’y a qu’à regarder les visages de celles et ceux qui composent le cortège parisien, ce vendredi-là, pour s’en rendre compte. À quelques minutes du départ de la manifestation, debout sur les marches de l’Opéra, ils et elles sont plusieurs centaines à brandir leurs pancartes : « C’est une bonne situation ça, être jeune aujourd’hui ? », « Quand je serai grand, je voudrais être vivant ». Le ton est donné et rappelle aux adultes que, si rien n’est fait pour lutter contre le réchauffement climatique, cette jeune génération en subira les effets. Dans le cortège, un groupe de lycéen·nes de Montreuil (Seine-Saint-Denis) brandit une banderole, « Chaud devant ! Les États resteront-ils froids ? ». Élie, 16 ans, était aussi mobilisé la semaine dernière et même bien avant l’appel de Greta Thunberg. « Dans le lycée, on organisait déjà beaucoup d’actions pour sensibiliser au réchauffement climatique, explique le lycéen. Quand le mouvement est arrivé en France, on a décidé de s’y associer et de sécher les cours pour manifester, marquer le coup. »

Les Belges ultra mobilisés

Pour le lycéen, contrairement à ce qu’il a entendu de la part de certains adultes, les ados sont bien conscients de la situation. « Notre génération est née avec le problème climatique. Ça fait seize ans qu’on me dit qu’il faut protéger le climat et que rien ne change. On trouve marrant que les adultes nous demandent de retourner en cours alors qu’ils ne font rien. Vous voulez qu’on aille en cours ? Alors faites quelque chose ! Prenez notre place dans la rue, faites changer les politiques. » Si le mouvement a mis du temps à prendre en France, les jeunes Belges sont sans doute les plus mobilisé·es. La première manifestation a eu lieu dès le 10 janvier. Trois semaines plus tard, ils et elles étaient 35 000 dans les rues de Bruxelles à demander au gouvernement de prendre ses responsabilités pour sauver le climat.

Le 15 mars, pour la grève scolaire mondiale pour le climat, ils et elles ont encore montré l’exemple, en rassemblant à nouveau plus de 35 000 personnes, selon les organisateurs, rien qu’à Bruxelles. « Nous sommes les meilleurs élèves dans cette grève scolaire mondiale, a interpellé, à l’arrivée de la marche, Adélaïde Charlier, 18 ans, l’une des leaders du mouvement belge. Mais c’est parce que nous sommes les pires dans la lutte contre le dérèglement climatique. » L’ambiance de la marche a beau être festive et bon enfant, accompagnée de tambours, slogans imagés – « Ta planète, tu la veux bleue ou bien cuite ? » – et chants en tout genre – « Pour l’instant on est terriens, mais sans elle, on n’est plus rien » –, les revendications sont précises et les critiques acerbes. « Je ne veux pas que la défense du climat soit un argument commercial pour les marques, explique Timo, 14 ans, venu avec plusieurs copains de classe manifester à Bruxelles. McDo ou Quick, par exemple, viennent de changer leurs pailles en plastique pour des pailles en bambou. C’est bien, mais ils s’en vantent et se font de la pub dessus, alors que, de toute façon, ils auraient bientôt été obligés de le faire. » L’Union européenne a en effet voté ­l’interdiction du plastique à usage unique au plus tard en 2021.

Un comité écolo à l’école

Un flot ininterrompu de manifestants descend les marches de la gare Bruxelles-Nord. Au milieu d’un nuage de pancartes, Rosalie et Marlene, 17 ans, se font remarquer avec leurs costumes de pandas. Elles ont participé à leur première marche pour le climat il y a quelques semaines et ont entraîné toute leur classe. « À la suite de cette grève, on a créé un comité écologique au sein de l’école avec des profs et des élèves pour faire avancer les choses », raconte Rosalie. « Si deux élèves arrivent à mobiliser toute une école autour de la protection du climat, les adultes et les responsables politiques doivent pouvoir le faire aussi, non ? » renchérit Marlene. Quelques mètres plus loin, Frederica et Natasha, 14 ans, sont arrêtées sur un terre-plein. Elles écrivent sur leurs joues, à la peinture rouge, « Save our planet. » « C’est hyper important d’être là aujourd’hui, affirme Frederica, qui vient pour la première fois. Les gouvernements et les adultes n’agissent pas assez vite. Nous, les jeunes, on doit leur mettre la pression pour qu’ils changent. On n’a pas le temps. »
L’urgence climatique, cette génération l’a saisie, bien plus que les adultes, alertés depuis des décennies par les scientifiques. Sans doute parce que si rien n’est fait, la température augmentera de 2 °C ou plus, avec des conséquences dramatiques. Et comme le rappelle chaque semaine les jeunes manifestants aux adultes, « en 2050, vous serez morts, pas nous ».

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